Aveugle et sourde

Envie de partager encore un souvenir…
Un texte écrit à 4 mains avec un ancien Coquinaute à la plume magique et envoûtante…
Je vous le livre avec son autorisation, bien sûr :wink:

Ceux qui l’ont connu reconnaîtront ses mots…
Et à l’époque, j’étais encore Candy


Te voilà nue, étendue sur le blanc de ta couche. L’azur de tes iris est masqué par un foulard qui te couvre les yeux, part se nouer derrière ta tête. Tes bras forment un losange. Deux des sommets sont tes coudes, un troisième est la réunion de tes poignets qu’un autre foulard lie à la tête de ton lit. Le quatrième sommet est virtuel, il est l’intersection du prolongement de tes humérus, quelque part entre tes seins, dont les tétons pointent déjà. Tes chevilles enfin… chacune est attachée séparément au pied du lit. C’est qu’il faut que tes jambes soient ouvertes. C’est qu’il faut que ton sexe soit mien…

Sur tes oreilles, un casque.

Te voilà sourde et aveugle. Il te reste le toucher, l’odorat et le goût. Incapable de toute fuite, de toute résistance. Tu ne sauras jamais d’où viendra la prochaine attaque. Ta respiration est un peu courte. Tu remues légèrement, pour éprouver la résistance des liens. Je tourne autour de toi, t’admire sous toutes les coutures. Tes jolis seins, déjà tendus, tétons érigés au centre de larges d’aréoles rosées, ton ventre égrené de beauté, tes aisselles déployées. Tes jambes qui me guident, ta bouche entrouverte. Ton sexe lisse, qui s’ouvre un peu sous tes ondulations, me dévoile son trésor rosé et luisant…

Les liens me retiennent prisonnière de ce lit dans lequel je rêvais de te dominer. Le foulard m’a privé de la vue. La dernière image fut celle de ton visage au-dessus du mien, concentré mais avec ce petit sourire qui fait plisser les coins de tes yeux. Et une dernière fois, ton regard avant le noir. Et le coup du casque, je ne l’avais pas vu arriver… Ton imagination sans limite me surprendra toujours. Je suis totalement perdue…

Ouverte et offerte, depuis combien de temps ? J’ai même perdu cette notion, je suis comme suspendue. Depuis que tes mains m’ont attachée et bandé les yeux, avec fermeté mais beaucoup de tendresse, plus de contact… Je ne saurais même pas dire si tu es encore dans la pièce.

Je me penche vers ton visage, tout près. Tu perçois mon habit rouge, tends le cou. Je recule, un peu, laisse quelques millimètres entre nos lèvres.

Habit rouge…

Si, tu es là… Il y a ton parfum, et comme des vibrations dans l’air. Ce que mes sens orphelins perçoivent de ta présence au travers d’un brouillard cotonneux où ma propre respiration emplit mes oreilles, et où les draps sont mon seul repère pour me situer dans l’espace. Je pourrais être en apesanteur que cela ne me paraîtrait pas si fou que ça.

Et surtout… L’attente. Que fais-tu ? Je bouge malgré moi, je me sens exposée, fragile. Mes jambes ouvertes, indécentes… Le désir me transperce les entrailles, je veux que tu me touches… Première offensive. Ton parfum d’abord, la chaleur puis ton souffle. Tout mon corps entravé tend vers toi…

Nos souffles se mélangent. Je respire un moment ton haleine Candy, puis je fonds soudainement sur toi et t’embrasse à pleine bouche, furieusement, juste quelques secondes.

Ta bouche, exigeante et rude, m’apporte paradoxalement un apaisement immédiat. Je me noie dans ce baiser, m’y accroche désespérément…

Tu es à moi. Nous pouvons commencer…

Je laisse passer une minute ou deux, sans bouger, debout à côté du lit. Tu ne le sais pas, mais je suis maintenant entièrement nu. La merveilleuse vision de ton corps ainsi offert, à ma merci, et les pensées fort peu sages qui me viennent à l’esprit et s’y bousculent, que je m’apprête à mettre en œuvre, m’ont paré d’une solide érection. Tu es mon terrain de jeux, j’y suis totalement libre. Enfin, presque. Un mot de toi si quelque chose te déplaît, et je stoppe net la caresse en cours. Je ne sais comment commencer. Il faut du crescendo, il faut que je te rende folle, mais pas trop vite. Je dois créer l’envie, le désir. Réveiller le volcan. Il faut qu’à l’issue de nos jeux, ton sexe me veuille, m’appelle, m’implore, me supplie de le délivrer, de le combler, de l’envahir. Il faut que je le voie palpiter, pulser, vivre et pleurer, être saisi de spasmes avant de m’y enfoncer et de lui accorder la délivrance qu’il réclame. Perdu dans mes pensées et sur ta beauté, ton exquis petit corps érogène qui s’impatiente, je ne me suis pas aperçu que ma main a saisi ma hampe et la branle doucement. Sa dureté m’impressionne et me tire de ma rêverie. Je baisse les yeux. Rarement j’ai vu ma queue ainsi. Je suis animal. Respire… Il faut être subtil… Tu t’impatientes. Tu te fais reptile.

Je passe donc à l’attaque. Je choisis de commencer par une stratégie de harcèlement, consistant en de multiples et fugaces attaques, répétées à des intervalles aléatoires. Jamais l’ennemi ne doit savoir où et quand aura lieu la prochaine.

Me voici donc caressant subrepticement une joue de l’index, épousant une seconde de la paume le galbe d’un sein, écumant un flanc, glissant sur l’intérieur d’une cuisse, suspendant un moment toute caresse puis pinçant un téton et simultanément, mordillant son voisin. Masser une épaule, caresser un genou, remonter le long d’un bras, tracer un sourcil, dessiner une lèvre, une aréole, puis un nombril, sucer légèrement un orteil, lécher l’intérieur d’une cuisse, déborder sur l’aine, mordiller un lobe, croquer une jugulaire, glisser sur une aisselle. Poser un baiser sur une vulve, jouer avec une mèche, dézipper une fente du bout de l’index, récolter un peu de liqueur, la porter à tes lèvres et les sceller des miennes. Caresser ton visage de ma verge, te laisser la happer, la laper au passage, t’offrir mes bourses, un peu. M’enfoncer un moment dans ta bouche. J’observe tes réactions, en joue, essayant de ne jamais être là où tu m’attends. Ton corps s’anime et ondule, se gorge d’érotisme, se tend. Tes tétons sont dressés et pointent insolemment, tes seins se sont durcis encore. Ton sexe est luisant et son goût, délicieusement subtil, un élixir imparable, un philtre très puissant qui m’envoûte. Tu es magnifique d’indécence et de volupté. Tu me voudrais maintenant, en toi, je le sais, je le sens. Je le vois à la liqueur qui coule de ton sexe, à tes lèvres gonflées, ton clitoris turgescent. A tes gémissements, qui se fondent en une plainte continue parsemée de supplications. Je pourrais me planter en toi, abréger tes souffrances, te prendre sauvagement. Je peux aussi continuer mes tortures. Je suis seul maître de ton destin. Tu es à moi.

Tu es partout et nulle part. C’est le chaos, je suis alerte et en même temps toute raison m’a quittée. Une succession impitoyable de caresses, de douces morsures, de baisers. Chaque fois trop brefs. Mon corps est morcelé, tel un puzzle que je ne parviens pas à reconstituer dans mon esprit… A peine me touches-tu que tu es déjà ailleurs. Parfois je ne sens plus rien pendant quelques secondes… Minutes? Heures? Je deviens folle, senteurs et sensations se mélangent, chaque contact m’électrise et me laisse sur ma faim.

Il m’en faut plus ! Il faut maintenant que je te boive, que je plonge en ton centre et te butine sans fin, que j’aille chercher le miel au plus profond de ton calice. Ce miel qui me donne vie, qui se fait sève en moi. Cet élixir de jouvence coulant de ta fontaine, qui me donne à nouveau la vigueur de mes vingt ans. Je m’allonge entre tes cuisses, m’installe confortablement. Je détaille la beauté de ta vulve, caresse ton pubis, dessine tes lèvres des doigts, les écarte du pouce et de l’index, m’émerveille de la chair rosée de ton vagin qui s’ouvre parfois sous le coup d’une pulsation, me laisse découvrir le début du tunnel, architecture complexe. Là, juste au centre de toi, je darde ma langue en petits cercles, puis l’enfonce pour goûter à tes parois intimes. L’autre main plaquée sur ton pubis, joue à tendre ta vulve. Je me perds dans tes arômes, tes effluves, tes saveurs. J’en veux plus encore, toujours plus. Mes doigts viennent prêter main forte à ma bouche, te pénètrent et te fouillent. Je veux bouffer ta chatte, m’en gaver. Je veux que tu en jouisses. Je veux m’en abreuver jusqu’à plus soif

J’entends des gémissements, peut-être les miens? Prends-moi… Mon bassin est en transe, je me cambre, je me soulève pour venir te chercher… Vois comme je t’attends, comme je dégouline de désir… Puis tout se concentre… Le feu est contenu mais pas maîtrisé. Enfin tu es là, tes doigts, ta langue! Mes oreilles bourdonnent tellement c’est intense, je ne pourrai pas survivre à ça, impossible…

Ton bassin veut s’enfuir, il semble jouer sa vie, il se cambre, se soulève, se vrille. J’ai toutes les peines du monde à le contenir, à garder ma bouche sur ton sexe. Je maintiens fermement tes cuisses, les muscles de mes bras me brûlent d’être bandés, je dois m’aider du poids de mon corps. Ma bouche te dévore, mon nez, ma langue, mon menton. Mon visage est couvert de ton jus. Chaque fois que je touche ton clitoris, tu te fais arc électrique. J’en use, j’en abuse, j’en souris. Je suis maître de toi, de ta chatte qui halète, tente de reprendre son souffle.

Mon corps ne m’obéit plus, à présent je sais ce que veut dire perdre le contrôle… Mes mains s’accrochent aux barreaux du lit comme pour m’empêcher de tomber. Dans ma tête résonnent mes gémissements et l’air qui rentre et sort de ma poitrine me brûle. Mon bassin est devenu fou, un cheval qui se cabre et rue, sauvage…

Mon sexe et ta bouche semblent livrer bataille. Mais le combat est inégal, malgré la folie qui décuple mes forces, tu me maintiens, tentes de m’immobiliser, implacable… Tu me connais mieux que moi-même… Sous tes doigts et entre tes lèvres, les miennes ne font pas le poids. Un orgasme puissant cherche son chemin entre mes cuisses, je l’attends impatiemment pour qu’il me libère de ce déferlement insoutenable de sensations dont je n’ai pas le contrôle… Mais mon esprit le bloque, rebelle, il exige plus d’espace.

Sans cesser mon festin, je laisse un bras courir le long de ta jambe, de ton mollet, cherche à tâtons le bout de tissu qui dépasse et qui te libérera. Une jambe, aussitôt repliée. Puis l’autre. C’est pour toi comme un signal et je sens une vague sourde faire vibrer tout ton corps…

Répondant à cet appel, tu délies mes jambes, et tel un barrage qui cède sous la puissance de l’eau, enfin je lâche prise. Je pars à ta rencontre, me presse contre ton visage, déclenchant cette vague qui me déchire les entrailles…

En appui sur tes pieds et ta nuque, ton bassin et ta vulve veulent décrocher la lune, et tandis que tes cuisses ont pris ma tête dans un étau, que mon nez peine à trouver un peu d’air, j’entends ton cri, étouffé et sourd, mais d’une puissance terrible, et dans ma bouche jaillit un plaisir abondant et divin

Je sens alors monter le mien, implacable, total. Inutile de tenter d’y résister. Je m’y abandonne. Sous mon ventre, ma queue lâche un plaisir brûlant, tandis que ton bassin retombe et que l’étreinte de tes cuisses se relâche. Nous voilà immobiles. Seuls nos sexes achèvent de pulser. Seuls quelques frissons incontrôlables nous prennent encore parfois. Seuls nos cœurs ralentissent peu à peu…

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Très beau ce texte et laisse notre imagination vagabonder