Première partie :
Line accéléra le pas. Comme à son habitude elle était en retard.
Elle vérifia sa tenue avant de rentrer, jupe de tailleur claire et haut noir, le tout associé par une ceinture qui soulignait sa cambrure naturelle.
Ses chaussures à hauts talons n’eurent pas l’air de la gêner dans son rythme soutenu.
Lorsqu’elle marchait elle donnait l’impression de rebondir, une démarche bien à elle, femme pressée, femme décidée.
Elle ouvrit la porte avec trop d’empressement et ne releva la tête que lorsqu’elle sentit que cette dernière résista.
Pour autant ce fût trop tard, son mouvement fût lancé et l’homme qui reçut la porte dans l’épaule n’eut d’autre choix que de se pousser.
Line rentra dans le restaurant et toute confuse plongea son regard dans celui qui se frottait l’épaule.
« Oh, je vous prie de m’excuser, j’espère ne pas vous avoir fait mal ! »
« Line ? C’est incroyable, tu n’as pas changé » (réplique d’une chanson pensa t-elle)
Elle fronça les sourcils, son regard dévia légèrement à gauche, signe qu’elle sondait sa mémoire…
« Effectivement on se connaît, ton visage m’est familier mais je n’arrive pas à te remettre »
Elle en profita pour le regarder un peu plus en détail, costume-cravate au ton bleuté qui soulignait ce regard azur. Un côté bel homme qui prenait soin de sa personne. Ni trop mince, ni trop rond, près d’un mètre 80, blond foncé, impossible de lui donner un âge certain.
Fut-ce possible ? un de ses amants et elle n’en gardait aucun souvenir ? Forcément que ce fût possible cela étant le regard bienveillant de ce dernier lui fit penser que non.
« L’année de notre baccalauréat, nous nous retrouvions chez les jumeaux »
« ohhh je n’y avais plus pensé depuis des années, remémore moi ton prénom s’il te plaît »
« Xavier »
Xavier, ce prénom la renvoya 22 ans en arrière…. Le genre d’histoire qui l’avait fait grandir un peu.
En effet, à l’époque Line aimait les hommes grands, bruns, ténébreux et sportifs. Tous ses petits amis de l’époque répondaient à ces critères hautement intellectuels.
Xavier, lui , n’était pas à l’image de son style. Il était issu d’une très bonne famille bourgeoise et sa copine faisait partie, contrairement à elle, de son monde.
Cette soirée d’été fût chaude, un soir de feu d’artifice, Xavier lui avait fait la conversation durant tout le chemin du retour. Détendues, ils avaient rigolé, la taquinerie était de mise, les sourires et les rires ponctuaient chacune de leurs phrases. Elle se souvint avoir pensé qu’il était finalement très drôle lorsqu’il faisait tomber cet air guindé de fils à papa.
Ensuite, tarot ! Un jeu auquel elle excellait, déjà par chance mais également parce qu’elle savait compter les cartes.
U2 passait sur les ondes, One…Cette chanson lui donnait des frissons.
« Comme je suis la morte dans cette partie, zouu je fais les recharges ! Bière pour tout le monde ? » Question rhétorique puisqu’à 17 ans on ne buvait que cela, l’avantage du coût et à l’époque la quantité était presque plus importante que la qualité. Et, rire, cela ne s’appliquait pas qu’à la bière !
Voilà comment Line s’était retrouvée dans le garage avec 6 bières à embarquer. Elle se retourna et tomba nez à nez avec Xavier. Ce dernier passa ses mains autour des hanches de Line et appuya sur ses fesses afin de l’attirer à lui. Elle n’eut même pas le temps de réfléchir que ses lèvres étaient collées aux siennes.
Elle l’aurait repoussé s’il lui avait parlé, aucune attirance ne s’était fait ressentir depuis qu’ils se connaissaient.
Douceur,tendresse, jamais elle n’aurait pu deviner qu’un tel baiser était possible.
Le souvenir de cette sensation lui déclencha un tel sourire que le Xavier d’aujourd’hui devina sa pensée.
« Xavier mais quelle surprise, tu sembles aller plus que bien ! »
« C’est incroyable, je suis content de te voir… »
Il fût malheureusement coupé par un des hommes à ses côtés « notre table est prête » à son ton Line comprit qu’il était son supérieur.
Sur un « au plaisir » il la laissa avec son sourire.
Ce baiser…il l’avait prolongé comme s’il savait qu’elle y aurait mis un terme. Sa langue avait franchi ce seuil de courtoisie pour goûter à celle de Line. Une lente valse, un, deux, trois, un, deux, trois et voilà qu’elle s’enroula et explora ses zones érogènes buccale. Il la guida vers une étrange sensation. Line venait d’apprendre ! Le corps avait donc ses propres règles.
Elle ne comprit pas de suite, elle était comme paralysée, l’étonnement de l’acte mais aussi ce que ça avait déclenché chez elle. L’envie, une envie d’être contre lui, une envie qu’il lui apprenne cette douceur, cette étrange lenteur dans ses gestes. Là où tous les autres n’étaient que vitesse, que vigueur qu’animalité, lui était différent. Un tel baiser l’avait marqué et Xavier lui avait démontré que la sensualité était bien plus importante qu’un physique.
« Line ! »
Elle rejoignit son amie au fond du restaurant alors que Xavier descendit en cave.
Il lui avait pris la main et Line s’aperçut qu’il lui avait glissé sa carte.
Non seulement il l’avait reconnu au premier regard mais il semblait qu’il avait envie de la revoir.
Cette journée était pleine de surprise.
Le repas fut enjoué, l’après midi assez chargé, réunion … Si bien que Line n’eut pas le temps de plonger dans ses pensées.
Enfin, de retour chez elle, elle se réchauffa dans un bain chaud, les yeux clos, le sourire aux lèvres, la revoilà à l’époque de ses 17 ans.
« Mais tu me voles un baiser? »
« il faut rester discret Line mais tes lèvres sont une invitation à la luxure »
Line grimaça, il n’était pas célibataire, d’ailleurs l’était elle elle-même ? Entre Eric et Thierry avec qui elle basculait sans réussir à savoir lequel des deux faisait battre son cœur.
D’ailleurs Thierry venait d’entrer, Line la partie est terminée, c’est à ton tour de donner. Regard noir. La tension était palpable, un combat de coq ?
Xavier avait pris 4 cannettes et s’était éclipsé, si bien que Thierry lui glissa « à quoi joues-tu bon sang ? »
« Au tarot voyons, et comme tu le sais je suis une adversaire de taille » et hop elle en profita pour rentrer à son tour.
Jeu, bière, jeu, bière, bière, bière…une soirée d’étudiants en vacances d’été.
La tête tourna gentiment à Line qui se retira de la partie. D’autres joueurs venaient d’arriver, il était temps de goûter à la piste de danse.
Une chanson d’époque, un rock français, allez vas y guitare, ce bon vieux Bertignac. Line dansait en chantant,
J’avais la meilleure fiancée du pays
Elle faisait bander tous les amis
Le début d’une grande aventure
Il faut laisser faire la nature
Mais l’aurais-je un peu négligée
Xavier l’avait rejoint et ils avaient entamer un duo sur la piste, jeu de tournis, mains qui se frôlent, regards coquins qui laissaient entrevoir que le baiser fût un appel à une découverte de l’autre.
« Suis moi » lui avait il murmuré et elle l’avait suivi.
A l’époque c’était facile, aucune question, la première porte fût ouverte, un lit d’une personne et un autre matelas au sol. C’est là qu’ils s’étaient installés, à genoux, l’un en face de l’autre. Gauchement elle avait ôté son T shirt, ses yeux noirs si expressifs mêlés aux siens si doux, unis par un désir commun.
Il avait regardé sa poitrine toute la soirée et il s’empressa de lui retirer ce haut moulant, puis il pris le temps de la regarder, son souffle si fort caressait les seins de Line. Ceux-ci se soulevèrent plus rapidement, signe que sa respiration fût plus soutenue.
Un baiser, ses lèvres, Mmmm ses lèvres, et lorsqu’elles se séparèrent des siennes, Line était seins nus, leurs pointes caressaient le torse de Xavier. Ses mains pestaient sur les boutons de son jean 501. Grrr, la ceinture de chasteté de l’époque ! Mais bientôt Xavier n’eut plus de secret pour Line qui le libérait avec empressement.
Aujourd’hui elle ne se souvenait plus de son sexe mais seulement de sa rigidité et qu’elle l’avait masturbé en prenant son temps comme s’il pouvait se casser.
Il l’avait repoussé sur le dos et il avait embrassé son corps, ses seins, son ventre, ses cuisses, son sexe. Son premier cunnilingus, c’était Xavier qui lui avait offert. Line ne connaissait même pas ce terme, d’ailleurs, elle n’était même pas épilée…Vive les années 90 !
Entre gêne et éveil, elle s’était laisser aller à fermer les yeux. La langue de Xavier pris son temps pour suivre le pourtour de son sexe. Ses grandes lèvres, soupir, il appuya sur sa petite porte et cette dernière s’ouvrit, il entra, un va, lent, peu profond, soupir, un vient, soupir, lentement il remonta vers son bourgeon puis se délecta de son nectar, soupir. Les doigts de Line s’enfoncèrent dans le matelas, elle n’osa pas le toucher, instant magique, découverte d’une lente torture.
Ce souvenir l’avait plongé dans un état d’excitation si bien que ses doigts suivaient le schéma dessiné par Xavier. Sa mémoire lui envoyait des sensations qui se mélangèrent au plaisir instantané de sa masturbation solitaire.