Les nuits de Whitechapel

Préambule

Paris 1900

Mon nom ne vous dira rien, je ne suis qu’un témoin d’un passé mystérieux et révolu.

Je suis crépuscule de ma vie et chaque nuit je viens me réfugier dans le bureau que j’ai aménagé dans la soupente de mon hôtel Hausmanien. Dans ce refuge j’écris mes souvenirs, mes rencontres, mes aventures.

Dehors la vie grouille en cette année d’Exposition Universelle. Cette ode à la modernité et au renouveau.

Mais ce soir je suis sombre, j’ai reçu un courrier en provenance de Londres, qui m’a laissé anéanti.

Le courrier était accompagné d’une malle, il provenait d’un notaire et m’annonçait la disparition de mes plus chers amis : Lady Bathory et Richard London.

J’ai rencontré ce couple alors que je me trouvais à Londres, où j’exerçais la médecine légale pour le prestigieux Scotland Yard, cela fait onze ans déjà.

Dans cette malle, il y avait un cahier, en découvrant les premières pages, je reconnus l’écriture de mon ami. Me servant un verre de fine champagne, j’entrepris la lecture de ce que j’avais toujours soupçonné…

Londres

En 1889, Londres est la plus grande et la plus prodigieuse ville du monde. La révolution industrielle, entraînant un afflux massif de population vers la capitale, a radicalement changé le visage de cette ville, pour le meilleur et pour le pire.

Londres est devenu un lieu de contrastes choquants. L’expansion des quartiers les plus riches se conjugue avec la multiplication de taudis surpeuplés où les pauvres vivent dans des conditions effroyables, lorsqu’ils ne sont pas à la rue ou dans les « workhouses ». Ces foyers pour miséreux ne sont guère plus que des prisons, où l’on ne se rend qu’en dernière extrémité.

De tels contrastes ne sont pas sans créer des tensions sociales. Les épidémies sont fréquentes, et le taux de mortalité, très élevé. Riches et pauvres se retrouvent ensemble dans des rues sales, souillées de boue et de crottin de cheval. L’atmosphère est chargée de suie et malodorante en raison du chauffage au charbon et des installations sanitaires déficientes. Les pickpockets, les prostituées, les ivrognes, les mendiants et les vagabonds de toutes sortes se mêlent à la foule haute en couleur. La nuit, les principales artères sont faiblement éclairées par des lampadaires à gaz, tandis que les autres rues ne souvent pas éclairées du tout.

Mais revenons à notre histoire, en retranscrivant les pages du journal de mes chers amis.

Une nuit de décembre

Je me nomme Richard London, j’ai 45 ans , je suis inspecteur à Scotland Yard, il y a plus de 10 ans je parcourais le bush du Zoulouland. J’aimais ce pays, ce peuple de fiers guerriers étant devenu l’ami du roi CETWAYO, . Lorsque la guerre contre les blancs commença je ne pu me résoudre à combattre ce peuple et je quittais l’Afrique. J’avais été initié aux mystères du monde par des sorciers zoulous et ma quête d’aventures initiatiques me conduisit dans la sublime et mystérieuse Inde, puis ce fut le bush australien, les vallées de la Nouvelle Zélande.

Et je ne pensais pas que cette initiation, allait un jour me sauver la vie, mais aussi me plonger dans une autre vie.

J’ai découvert ce que beaucoup d’hommes devraient connaître, la sensualité des femmes africaines, les plaisirs amoureux de l’Inde, la sensualité des Maoris , le respect de la femme dans son essence divine.

Cela faisait un an que je me trouvais à Londres, je vis dans une petite maison au 5 Baker Street.

Pour assurer l’ordre, Scotland Yard tente avec plus ou moins de succès d’assurer la sécurité . Nous suscitons une forte méfiance dans la population et nous sommes accusés d’inefficacité et c’est le cas puisque nous ne sommes pas parvenus à résoudre les crimes de Jack l’Eventreur.

Le meurtre

Il fait froid ce soir de décembre 1889, Mary, jeune blanchisseuse d’à peine vingt ans, parcoure à grands pas les rue du quartier de Whithchapel. Le brouillard envahit les ruelles sordides de Wappey, Adgate, Limehouse, Stepney . Mary regagne sa chambre de bonne dans une sordide maison, située dans une sous pente ouverte au froid. Cette petite chambre digne de ce roman qui fait encore scandale Oliver Twist.

Mary a peur, les derniers crimes de Jack l’Eventreur ne sont pas si loin. Elle a froid. Elle se sent suivie. Des pas, sur les pavés, des ombres. L’atmosphère est lourde malgré le froid. L’air est saturé de ces odeurs nauséabondes des tanneries, brasseries et fonderies. Des bruits de beuveries, des cris de filles de joie se mêlent aux chats en maraude se battant pour un rat. L’odeur de la Tamise, apporte ses relents de marée et de bois pourri.

Mary ne marche plus, elle courre, elle fuit ces ombres qui s’approchent de plus en plus.

Un cri, non un hurlement strident, suivi d’un hululement lugubre. Dans une taverne proche, le silence, un autre cri de femme, oh encore une catin prenant du plaisir avec un bourgeois ou un lord en quête de sensation dit alors le tenancier, provoquant des rires encore plus fort.

Au petit matin, un policier vient frapper à ma porte, je suis embrumé, je n’ai point dormi de la nuit, mes insomnies, mes cauchemars.

Un corps vient d’être découvert à Whitechapel.

J’accompagne le boby à la mine déconfite, ayant vu son chef, son torse parsemé de cicatrices, tatouages et autres signes qu’il ne peut comprendre.

Je ne suis pas aimé à Scotland Yard, mes méthodes sont : disons trop ésotériques dans mes enquêtes. Et j’aime déranger cette société trop engoncée dans leurs poncifs bourgeois judéo-chrétien .
A une certaine époque on m’aurait brûlé.

J’aime le noir et l’excentricité, j’enfile une chemise de soie noire, une veste de chasse de la même couleur et je chausse mes bottes , je mets une cape.

Je découvre le cadavre de Mary , pas de traces de sang, je souffle…pas d’éventration. Son cadavre est livide comme vidé de son sang. Aucune trace de violence, aucune trace de viol, son petit sac est là avec les quelques penny gagnés dans sa journée.

Le corps est amené à la morgue. Je regagne mon bureau, je me fais sermonner par mon chef.

«Trouvez-moi un coupable qu’on le pende vite et bien.»

Je suis appelé par le docteur Stuart, ami de ce cher Watson et condisciple à la faculté de médecine du docteur Jeckyl.

«Richard, regardez le corps de cette pauvre fille.»

Je regarde et l’interroge, cette jeune fille était vierge me dit-il, mais observait bien son cou.

Là je découvre quatre pointes correspondant à une morsure.

J’ai déjà vu cela dans mes voyages, dans des rites initiatiques. Je demande à Stuart de le rien mentionner dans son rapport.

«Richard voici une adresse me dit-il, allez voir de ma part, beaucoup de questions trouveront leurs réponses.»

Lady Bathory

Je marche longtemps dans les rues, j’erre longtemps sans but, Charing cross , King cross et je me décide, je regarde l’adresse et je ne peux m’expliquer , je suis en face de cette demeure victorienne.

Je sonne, un majordome m’ouvre, je veux donner ma carte…

«Madame vous attend Monsieur London.»

Je suis désarçonné. Je suis introduit dans un salon, tout est sombre, je devine une silhouette féminine, se détachant à la lueur de candélabres.

Elle se retourne, je suis subjugué, c’est une femme au cheveux de feu, tombant au delà de ses reins.

Ses yeux sont verts, sa robe de soie noire magnifie sa beauté, sa sensualité . Son visage est si pale, ses lèvres si rouges.

À ce moment du récit c’est cette chère amie qui reprend la narration

«Richard, il y a si longtemps que je vous attendais…»

« Je vous en prie Richard » lui dis-je tout en lui désignant une chaise ouvragée placée à côté d’un guéridon en merisier, « vous ne refuserez pas un verre de vin ? Désolée de ne point vous accompagnez …je ne bois jamais de vin ! »

« Bien volontiers » me répondit-il.

Ses yeux ne pouvaient se détacher de mon visage, son cœur battait plus fort, je percevais le bruit si particulier du flux du sang qui parcourait ses artères, je pouvais presque en sentir l’odeur….humm qu’il serait bon de…non !!! Pas maintenant !!!..

Je pris place à mon tour sur un siège couvert de velours rouge et lui demandai « puis-je savoir le motif de votre visite Richard ? »
Il prit la carafe de cristal emplie de vin, ainsi qu’un verre à pied apportés quelques secondes plus tôt par le majordome, s’en servit, en but une gorgée et se racla la gorge.

« Un corps a été découvert à quelques rues non loin d’ici, n’auriez-vous rien vu ou entendu cette nuit ? »

« Non, et vous m’en voyez désolée » lui répondis-je… « Que s’est-il passé ? »…

« Et bien le corps est celui d’une jeune fille, d’après le médecin légiste il n’y a pas eu viol, le motif du crime n’est pas le vol, son sac était tout près d’elle et il y avait encore l’argent…cependant le crime en lui-même est étrange… »

« Ah bon ? dites-moi donc Richard, vous éveillez là ma curiosité… »

« Elle a littéralement été vidée de son sang ! Nous avons remarqué qu’elle portait des marques sur le cou, de fins petits trous, comme si elle avait été mordue par quelque chose !… »

« Effectivement voilà qui est très étrange Richard »

Mon regard s’attarda sur le sien, le transperça, sondant, fouillant au plus profond de son âme, il s’en aperçut, réprima un frisson et détourna ses yeux des miens.

Ce que j’y vu me laissa perplexe, une âme si sombre, sombre comme l’ébène, aussi sombre que les ténèbres, ténèbres qui vous enveloppent de son voile noir, une noirceur d’âme si attirante, si séduisante, celle qui vous invite à la luxure, aux pêchers et à la petite vertu.

« Il sait ! et je le veux ! » me dis-je….Je savais à cet instant ce qu’il me restait à faire….

« Et bien Lady Báthory il est déjà tard et je vais devoir prendre congé. » dit-il tout en s’inclinant pour baiser la main que je venais de lui tendre, il l’effleura du bout des lèvres, je sentis son souffle chaud sur ma peau, à cette douce sensation je frémis et mes lèvres se retroussèrent laissant apparaître des canines et incisives blanches aiguisées, ne demandant qu’à assouvir leur soif de sang !

Très vite j’ôtai ma main de sa bouche en me ressaisissant, il ne s’aperçut de rien !..Je le regardai alors partir et s’engouffrer dans la nuit tombante.

Ses pas résonnaient sur les pavés glacés et miroitant d’humidité dans ce brouillard si typique des ruelles sombres de Londres, j’étais là, tapie dans l’ombre, guettant ma proie, écoutant chacun de ses pas, épiant chacun de ses mouvements, glissant derrière lui en silence tel un fantôme, attendant le moment opportun ou je ferai de lui mon prisonnier, ma chose, mon vice…

Questionnement

En sortant de chez Lady Bathory, plusieurs impressions se télescopaient dans ma tête.

Pourquoi le Docteur Stuart m’avait-il envoyé chez cette mystérieuse femme?Connaissait-il mon secret?

Je ne le pensais pas.

Et puis ce magnétisme qui émanait de cette femme, mes sens aiguisés par mes initiations à travers mes voyages me disaient qu’elle savait ou au moins qu’elle se doutait de quelques choses sur moi.

Elle crut que je ne m’étais aperçu de rien, de son indicible envie d’assouvir son vice. J’avais perçu en elle ce frisson qui parcoure votre corps quand vous êtes au contact de votre proie. Je ne lui avait rien montré sinon mon trouble pour elle. Elle pouvait voir mon âme si sombre, mais je lui cachais le reste.

Je voulais qu’elle pense à ce qu’elle ferait de moi et non ce que nous pourrions faire ensemble.

Les enseignements de Kali, m’avaient rapproché de la mort à un point que nul humain n’avait pu atteindre sans y revenir. Je me souvins de ce jour où pourchassant des rebelles, j’avais été mordu dans cette grotte par une chauve-souris, laissé pour mort par mes compagnons, et sauvé si l’on peut dire maintenant, par ce gourou.

J’avais passé des semaines de souffrance, sentant en moi , mon être se changer.
Ma transformation fût des plus violente, je me réveillais au petit matin, nu couvert de sang, un vieil homme me regardant. Un nouveau goût, une nouvelle saveur . Oui je me rassasiais de sang, mais aussi de luxure.

Le vieil homme m’apportait chaque soir plusieurs vierges en sacrifice. Il se servait de moi pour ses noirs dessins. Une nuit, je décidais de me prendre en main. Me rappelant des rites initiatiques des sorciers zoulous, je parvins à contrôler ma pulsion dévastatrice, qui emportait mon âme au delà des rives du Styx.

Je tuais cet homme que j avais pris pour mon gourou, mais qui voulait être mon maître.

Mais je n’ai ni Dieu ni Maître si ce n’est mon envie de vivre.

Il me fut difficile de contrôler totalement cette horreur, pensais je à l’époque, mais qui en fait devait être en moi depuis toujours.

Je quittais au plus vite l’Inde et gagnais l’Australie, je m’enfonçais dans le bush, pour assouvir mes pulsions. Je fus recueillis par les aborigènes, là j’appris à contrôler mon être. Je ne pouvais me résoudre à tuer des humains pour assouvir mes envies. C’est ainsi que tout changea en moi, je n’étais plus un humain, ma soif de sang était toujours là, mais quel était cet animal qui m’avait mordu qui m’avait transformé en un homme qui pouvait maintenant se faire animal et assouvir son besoin.

Mais je dû quitter le pays, car ma témérité m’avait conduit à commettre des imprudences et on me recherchait. J’embarquais donc pour la Nouvelle Zélande où j’appris avec les sorciers Maoris à parfaire ma technique de contrôle.

Mais en moi, il me restait ce besoin de luxure, de vice et de plaisir. J’avais donc regagné Londres, pour me plonger dans ses bas fonds la nuit, afin d’assouvir mes envies, celles là bien humaines.

Et mes fonctions à Scotland Yard me facilitaient bien les choses.

La révélation

Je marchais donc sur ces pavés rendus glissant par le brouillard, je devinais dans mon dos une présence furtive, qui se glissait furtivement dans les ruelles, s’approchant de plus en plus de moi.

Un humain normalement constitué aurait accéléré le pas, mais la présence de cet être si proche , réveilla en moi, les instincts les plus sombres de mon être, des instincts de chasse, de mort, de violence, de vice, de luxure, l’instinct animal.

Je me préparais à affronter, ma fin, ou ma renaissance. Je me préparais à faire face.

L’atmosphère devenait de plus en plus lourde. Les enseignements reçus durant ces dix dernières années déclenchèrent un processus en moi, qui allait faire ressortir en moi ce que j’avais de plus sombre.

Le silence, un silence de mort, il était temps que je fasse face, et me montrer à elle, tel que j’étais réellement.

Il me tardait tant cet instant.

Il est ma proie

L’espace d’un instant il s’arrêta, restant immobile, craignant d’être repérée je me blottis sous une porte cochère…attendant…sans un bruit…Il se retourna scrutant l’obscurité…et reprit sa marche.

Plus loin la rue était calme et dépourvue de lampadaire, je choisis ce moment pour agir…Avec agilité et détermination je lui mis une main sur la bouche, l’autre enserrant son torse, ouvris grand la bouche et lui planta d’un coup d’un seul mes crocs profondément dans sa gorge !..

Aussitôt le divin nectar, chaud et velouté coula de sa blessure, j’entrepris de n’en boire qu’un peu, juste pour l’affaiblir. Ses jambes se dérobèrent sous lui…Il finit par s’évanouir…Je sentis son sang circuler dans mes artères, mes veines jusqu’aux moindres petits vaisseaux de mon corps, sa chaleur m’envahir…exquis !..

Cependant son sang avait quelque chose de particulier et j’en fus surprise…que me cachait-il ?..

Au loin un martèlement de sabots de chevaux se fit entendre, une diligence approchait, c’était Rendfield mon fidèle cocher, il s’arrêta, je lui fis signe d’emporter Richard dans la diligence, ce qu’il fit, et pris place à mon tour dans celle-ci.

« A la maison ! » lui dis-je.

Une fois rentrée j’ordonnai à mes domestiques de ne point s’approcher de la cave et de n’y descendre sous aucun prétexte.
Profitant de son instant de faiblesse et d’inconscience j’attachai solidement Richard par de grosses menottes de métal, celles-ci reliées par une lourde chaîne encrée au mur de pierres, une à chaque poignet, les bras légèrement écartés…

« Te voilà à ma merci Richard ! » dis-je dans un murmure en ricanant…

Le lendemain soir, je fis préparer un plateau de nourriture ainsi qu’une carafe d’eau fraîche.

Pendant ce temps, je revêtis un corset de dentelle rouge et noir, celui-ci mettait en valeur la naissance de mes seins. Il était orné de jarretelles auxquelles je vins attacher une paire de bas en soie noir, je mis et laçais mes bottines à talon du style de l’époque et enfilais un long peignoir de velours rouge. Je laissais tomber ma longue chevelure sur mes épaules.

Je me dirigeais, ainsi vêtue et frémissante en pensant à ce qui allait se passer, vers la porte menant à la cave, munie du plateau repas préparé précédemment par mes domestiques.
J’ouvris la porte menant à celle-ci, en descendis les marches de pierres bleues et m’approchai de la lourde porte en bois de chêne, introduisis la clé dans la serrure en fer forgé et poussai la porte qui grinça dans un bruit sinistre.

Richard était assis, là, dos au mur de pierres moussues, sur le carrelage humide et froid, cela ne semblait guère le perturber, il me regardait sans dire un mot, son regard plus pénétrant que jamais.

Je déposais le plateau sur un tabouret et me retournais vers lui.

Je laissai tomber mon peignoir à mes pieds me retrouvant en bas et corset devant lui, je lui dévoilai ainsi mes intentions…, ses yeux se mirent à briller plus fort tout en continuant de soutenir mon regard, l’atmosphère de la pièce changea aussitôt, elle se chargea en énergie, une énergie sombre, une énergie emplie de désir, de plaisirs, de débauches des sens, un appel au charnel.

Je m’approchai de lui, doucement, telle une prédatrice face à sa proie, les talons de mes bottines claquaient sur le carrelage à chacun de mes pas, j’avançai vers lui la bouche entrouverte…

Je mis mes jambes de part et d’autre des siennes, debout, juste au-dessus de lui, je le toisais, il eut un léger rictus sur les lèvres, il me défiait !..

Je me baissais me mettant à califourchon sur lui, puis, en prenant mon temps, je fis sauter un à un les boutons de sa chemise de soie noire, l’ouvris, révélant ainsi un torse glabre, des pectoraux et abdominaux bien dessinés, des cicatrices que je parcourais du doigt et des tatouages dont je ne comprenais pas tout le sens.

Mes mains glissaient sur son torse …le caressait, je pris le temps d’en savourer chaque partie, du bout des doigts, du bout de la langue, le goûtant …

« Lady ? mais !… que ! …»

« Chut ! » lui dis-je en posant un doigt sur les lèvres.

J’entrepris de lui mordiller le lobe de l’oreille, descendant jusqu’à son cou. Son parfum était suave et musqué. Mes lèvres se retroussèrent faisant apparaître ce qui me qualifiait pour le commun des mortels de « Vampire »…

J’entamais sa chair par de petites morsures sur le cou, le torse, il tressaillit…me laissant faire, se laissant faire !…, d’où s’écoulait lentement des perles de sang que je léchais avec gourmandise. Le souffle de Richard se fit plus rapide, plus saccadé, ses yeux étaient mi-clos, je sentais le désir monter en lui comme il ne cessait de monter en moi, la bosse que formait son sexe sous le pantalon en témoignait…tous mes sens étaient en éveil…Il m’excitait…

De mes ongles, en de petites éraflures, je griffais son corps, traçant des sillons rouges…je descendis au niveau de sa ceinture, la dégrafa. D’un geste sûr j’ôtais les boutons qui retenaient son pantalon, le fis glisser le long de ses jambes ainsi que son caleçon, découvrant et libérant son sexe en érection.

Mes seins se tendirent, mes tétons très réactifs se durcirent jusqu’ à m’en faire mal sous l’effet du désir et de l’envie qui montait de plus en plus en moi. Mon bas ventre s’enflammait, les lèvres de ma vulve se gonflaient, mon clitoris me torturait et une douce humidité envahissait mon entrejambes.

Mes mains caressaient son visage, le haut de son corps, son sexe, ses testicules, doucement, langoureusement, sensuellement.

Ma bouche se fit exploratrice…passant des coups de langue sur son torse, ses tétons… Je pris son sexe en bouche lui arrachant un grognement. Mes lèvres si douces et si chaudes descendirent le long de son membre et remontèrent jusqu’au gland, là, je m’attardais en l’agaçant de la langue, je la fis lécher, tournoyer, suçoter cette fraise rose.

Ma langue allait et venait…de bas en haut…de haut en bas…faisant le contour et le long de sa hampe. Richard gémissait, se tortillait, émettait de petits grognements, haletait, poussait des « haaaa » et des « hoooo » de plaisir quand d’un coup je le prenais tout entier en bouche.

J’approchais mon puits d’amour contre son visage, sa réaction fut immédiate…Il se précipita sur ma vulve, léchant mes lèvres, me pénétrant de sa langue, effleurant, titillant mon clitoris, couvrant mon sexe de baiser, le dévorant…
L’excitation de chacun était à son comble…Il faisait chaud, l’air était sec et en feu dans cette cave d’ordinaire si froide et chargée d’humidité.

Je voulais le sentir en moi, je ne voulais plus attendre, mes seins étaient douloureux de désir, tout mon corps hurlait d’envie, réclamant son dû… je repris ma position initiale, le chevauchant, le dos droit, les fesses cambrées à leur maximum et m’empalait sur son membre. D’abord doucement puis plus profondément, le gobant tout entier, l’engloutissant. Richard émis un long gémissement, sa respiration se faisait plus forte sous l’ondulation de ma croupe, j’allais et venais sur son sexe si tendu, tout en poussant de petits cris de plaisir, toujours plus fort, toujours plus vite…

Richard soulevait son bassin chaque fois que le mien descendait pour mieux me pénétrer… plus profondément, …plus sauvagement. Je voulais laisser éclater ma jouissance…ce que je fis, la tête rejetée en arrière en poussant des cris de bonheur. Il se raidit alors, et dans un râle puissant, presque guttural il laissa exploser son orgasme en déversant en moi sa semence.

A ce moment j’ouvris les yeux, je voulais voir la jouissance sur son visage…

Des crocs semblables aux miens dépassaient de ses lèvres entrouvertes !..

Je suis sa proie, elle sera la mienne…

Cet instant était donc arrivé, je reconnus son parfum envoûtant, l’odeur subtil de son corps. Elle mit une main sur ma bouche, l’autre sur le torse en enfonçant profondément ses crocs dans ma gorge.

Quelle sensation délicieuse de sentir le désir de cette femme pour votre sang. Je la laissais me boire, j’avais du mal à me contrôler mais c’était si bon, je voulais qu’elle frissonne au goût de mon sang. Moi aussi je la voulais. Mais je me sentis défaillir, et m’évanouis.

Je me réveillais dans une sordide cave, au plafond voûté, aux recouvert de mousse, ruisselant d’humidité. La tamise ne devait pas être si loin. Elle m’avait amené chez elle. Je voulu le lever, mais j’étais entravé, menotté, enchaîné.

L’espace d’un instant, je voulus me servir de mes pouvoirs pour m’enfuir, mais je me retins car je voulais savoir ce quelle voulais de moi.

Je restais une journée ainsi, et le soir j’entendis une clé dans une serrure, une porte qui grinçait, des pas descendant un escalier.

Elle était la devant moi, belle féline, divine, sa longue chevelure tombant sur ses épaules, elle portait un peignoir de velours rouge. Elle offrit à ma vue son corps si beau, ses seins magnifiques enserrés dans un corset de dentelle, ses longues jambes gainées de bas de soie noire et portant des bottines à lacets.

Je n’eus qu’une envie, me laisser me soumettre à cette créature, qu’il était bon de sentir ses mains, ses crocs se délectaient de mon sang. Elle me montra ce qu’elle était, ce que je savais depuis toujours. Je n’étais plus seul.

Elle s’empara de moi, de mon corps, de mon âme. Sa peau si douce, sa bouche si habile. Je m’abandonnais à son vice, à mon vice, à notre vice. J’étais son supplicié, je devenais fou de ses tortures buccales . Elle donna à ma bouche assoiffé son puits d’amour, dont je me délectais avec avidité. Puis ce fut une étreinte puissant, sauvage. Ma véritable nature se réveillait en moi.

Elle me chevauchait, nos bassins s’adonnant à une danse satanique, mon animalité commençait à prendre le dessus sur le peu d’humanité qui me restait. Elle m’arracha un râle de jouissance lorsque ma semence inonda sa matrice.

Elle ouvrit les yeux, et découvrit enfin une partie de mon secret. Elle resta comme figée, le regard fixé sur mes lèvres et mes crocs . « Richard, je savais que tu cachais un secret, je me doutais de ta nature, je suis comblée » « Milady, je me doutais aussi de votre nature et je voulais être votre proie, comme vous allez être la mienne. »

Elle frissonna, et me laissant gagner par mon animalité j’arrachais mes chaines me levais brusquement, la soulevant. Mon désir encore plus tendu, je plaquais contre le mur ma proie. Elle attendais ce moment enserrant mes hanche de ses belles jambes, ses bras enserrant mon cou, elle m’offrit le sien à mes crocs acérés. Je me plongeais avec délectation , me rassasiant de son sang, au goût suave, épicé. Elle gémit son plaisir, le désir était puissant en moi, elle se cambrait à chacun de mes accoups . Sa bouche s’empara de ma nuque, elle planta ses crocs , se rassasiant elle aussi de mon sang.

Nos sang se mêlaient par nos bouches, ils parcouraient chaque partie de nos corps, frémissant de désir, de luxure. Puis abandonnant nos nuques respectives, nous bouches ensanglantées se trouvèrent, nos langues s’aimèrent.

Le désir était si puissant, le sien si intense . Ma lance glissait avec avidité dans son étui humide, je sentais mon écume et sa cyprine couler le long de ses cuisses , le long de ma hampe. Je lapais suçotais, ses seins dardés par le plaisir.

Elle me repoussa avec violence, me griffant le torse jusqu’au sang, ses crocs s’emparèrent à nouveau de ma nuque, et avec avidité plongea ses crocs. Je gémis non de douleur mais de plaisir. Elle lâcha son étau, me regarda et passa sa langue sur ses lèvres

« J’aime ton goût » Elle se retourna , elle se pencha et pris en main les chaînes qui furent les miennes, auparavant.

« Montre moi encore ton animalité ».

Je frissonnais devant cette vue, et effectivement je devins animal, mon membre s’empara de la matrice de cette femme, je devenais tigre, panthère, guépard, mon sexe brûlant glissait avec violence, lui arrachant des cris, des hurlements qui se mêlèrent aux miens.

Cette nuit Londres allait frémir de la clameur de notre désir. Mes ongles, mes griffes labouraient son dos, je léchais ses plaies. Elle se cambra pour mieux me recevoir, elle se redressa. Je la maintenais son dos plaqué contre mon torse, ses seins prisonniers de mes mains , je ne pu me retenir de mordre sa nuque et de boire à nouveau son sang. Nous fûmes pris par de violent spasme, lorsque l’orgasme nous pris

L’air de cet cave humide était devenu lourd, électrique, nous étions en sueur, elle frissonna, elle avait froid.

« Richard, j’ai froid remontons, mes gens ne sont pas là cette nuit. »

Je la pris dans mes bras et remontais lentement les marches, ses bras autour de mon cou , ses cheveux lâchés ondoyant dans le vide, ses yeux me regardant intensément ses lèvres rougies par mon sang.

Je l’étendis sur son lit au drap de satin noir. Son souffle était apaisé. J’entrepris de délacer ses bottines, m’attardant en massant ses jolis pieds, ses fines chevilles. Mes mains remontèrent le long de ses jambes gainées de soie noire. Je libérais de leurs entraves ces bas, les retirant lentement. Ma bouche se joignit à mes doigts pour caresser ses jambes merveilleusement féline.

Son souffle s’accélérait, je ne pouvais me détacher de ses yeux , ils étaient si brillants si intenses, si profonds. Puis je libérais sa divine poitrine du carcan de son corset. Ses seins d’une blancheur immaculée, aux aréoles rosées et aux pointes carmins dardé de plaisir. Je les mordillais délicatement, mais de façons qu’elle sente mes crocs . Ces gémissements étaient si envoûtants, sa main droite dessinait des arabesques sur son clitoris alors que sa main gauche s’empara de mon glaive .

« Richard, prends moi »

Je m’approchais glissant vers elle comme une panthère et je m’enfonçait en elle, imperceptiblement. Elle lâcha un soupir de plaisir, lorsque je commençais à aller et venir en elle. Nous n’étions plus ces êtres avides de sang de vice et de luxure, nos mains se cherchèrent, nos doigts se croisèrent. Nous bouches soudées, nous nous unirent une nouvelle fois avant le lever du jour. Nous fîmes simplement et tendrement l’amour.

La journée s’avançait, nous étions collés l’un contre l’autre, je la caressais.

« Richard, il faut que je te dise, pour la jeune Mary, ce n’est point moi »

« Alors nous ne sommes pas seuls » répondis je.

« Et si ce soir nous courions les rues de Whitechapel, pour découvrir ce qui se passe, nous pourrions joindre l’utile à l’agréable » rajoutais-je

Lady Bathory me sourit.

« Je n’osais te le demander »

Épilogue

Cette nuit là Lady Bathory, et l’inspecteur Richard London arpentèrent les rues sombres de Londres, recherchant ce vampire qui pouvait leur rendre leur vie impossible…

Ils étaient fait l’un pour l’autre.