L'Interview

Chapitre 1

La chambre est sombre, mais la lumière est travaillée. En fait quand on entre dans la pièce, seul le lit semble éclairé, seul le lit semble exister. Une lampe haut perchée braque son halo sur les draps blancs et un mince panneau blanc perché de l’autre côté du lit pour diffuser la lumière filtrée pas une gélatine rouge. Ambiance de maison close…

Pourtant une fois dans la pièce et au bout de quelques instants, on distingue la lumière de la rue au travers des rideaux tirés et deux petites lampes dans les coins de la pièce, sur un petit bureau près de la fenêtre et sur une table de nuit trônant près du lit comme à l’accoutumée. La chambre n’est pas grande et la chaleur produite par la lumière est assez forte. Laurent se trouve assis sur une chaise à quelques pas du lit, près de la porte d’entrée de la pièce. Il est vêtu d’un costume gris, d’un gilet et d’une cravate foncée, probablement bleue marine mais on pourrait dire qu’elle est noire dans cette lumière obscure. Il l’observe elle…

Elle est assise sur le rebord du lit. Ses pieds nus prennent le frais du plancher ancien, ses chevilles sont serrées dans un leggin noir, fin. Ses genoux et ses cuisses fines posées sur le lit ne se déforment pas, c’est le matelas qui se déforme. Assise ainsi, Laurent trouve que l’on ne distingue pas assez son postérieur dont il ne connait que trop bien la beauté. Son ventre plat est néanmoins plissé par la posture peu assurée d’Elise. C’est son nom. Ses seins raffermis par un haut de jogging noir, Laurent sait très bien que même si tout laisse à penser le contraire, lorsqu’elle ne portera plus rien, ses seins ne changeront pas de forme : deux jolies pommes rondes et fermes. Son dos courbé et ses épaules menues qui reçoivent une chevelure rousse, lisse et longue. Seule les mèches de devant sont attachées derrière la tête par une pince et sur le front, une frange découpée soigneusement au dessus des sourcils clairs. Les yeux marrons, tirant sur le vert et les joues roses tachetées de rousseurs qui nous dit que tout est vrai chez elle. On dira naturel. Des lèvres pulpeuses et une large bouche sont les promesses d’un sourire qu’elle dissimule.

Laurent aime ce visage, celui de sa compagne de huit années de bonheur. Elle à vingt-cinq ans et Laurent en a vingt-neuf. C’est dire si elle était jeune lors de leur rencontre. Mais Elise est anxieuse pour l’instant, elle se mordille les lèvres ce qui la rend plus désirable encore. Elle est habillée ainsi parce qu’elle pense que tout ce qui est sexy comprime les corps. Laurent se dit qu’il y a sans doute du fétichisme caché là dessous, enfouit dans cette timidité, dans cette innocence. Il en sourit.

Lui attend penché, les coudes sur ses genoux et ses mains jointes. On ne voit rien de son corps à lui mais le costume le rend tout aussi désirable que les lèvres d’Elise. Il se dit qu’aux yeux d’une femme, contrairement aux hommes, ne pas montrer fait gagner en séduction. Puis il se dit alors que c’est pareil pour les femmes et que c’est la société actuelle qui nous renvoie à cette image que le corps de la femme doit être dénudé pour séduire. Ses pensées l’emmènent loin, c’est parce qu’il est lui aussi, un peu anxieux. Toujours est-il qu’il préfère être dans ce costume, caché, usant de son charme naturel, de ses cheveux courts et châtains, dévoilant un visage fin et bien rasé, une mâchoire saillante mais sans les joues creuses, des yeux bleus et un regard doux. C’est ce qui lui plait à elle, cette douceur dans ce corps virile. Laurent est grand et pas forcément à l’aise avec ce grand corps mais il jouit d’un charisme sans égal et d’une grande gentillesse. Elise adore qu’il n’ait jamais tiré avantage de ce trait si séduisant pour conquérir le cœur des femmes. Laurent est fidèle. Du moins l’a-t’il longtemps été.

Laurent aime Elise, pour sa douceur également, mais c’est un tout. Et le désire entre eux oscille entre tendresse et animalité. Ils savent se lâcher et ce depuis leur première fois. Sa première fois à elle mais pas la sienne. Elle avait 17 ans et lui 21. De longues conversations, de longues caresses et embrassades tendre et quand le jour naissant, vers six heures du matin, ils se décidèrent à passer à l’acte, la fougue et la passion se sont déchaînées. Elise se sentait tellement en confiance avec lui qu’elle lui a donné son corps sans réfléchir, sans crainte. Sans trop savoir ce qu’elle faisait, elle a écarté ses jambes face à lui, le laissant guider, il la pénétra avec tant de passion et de conscience de son corps qu’encore aujourd’hui, c’est la position qu’elle affectionne le plus : allongée sur le dos, jambes écartées et pieds relevés, les yeux grands ouverts découvrant l’animalité de son homme sous ses yeux embués par ses sentiments naissants, et décuplant à chaque fois que l’étreinte se resserrait en elle. Bien sûr il y a eut les premières douleurs et l’orgasme n’est pas venu cette fois là, mais la vision de cet homme qui la prenait pour la première fois, et les sensations qui l’accompagnaient, l’ont mené vers un sentiment de plénitude totale et intérieure, un sentiment de bonheur pur, largement équivalent à un orgasme éphémère. Puis sans trop savoir, elle s’est retourné, pensant satisfaire Laurent, le gratifiant de la vision de son corps jeune et sculpté, et lui laissant l’incontestable possession de son être, de son enveloppe.

Laurent n’oubliera jamais comme il a jouit en elle sans quitter ni son regard, ni ses mains de ses deux formes rondes et charnue. Ni les odeurs, ni les gémissements, ni les grincements du lit, et pour Laurent, ça restera sa position privilégiée… La levrette. Aujourd’hui encore il a du mal à ne pas jouir dans la minute lorsqu’il fait l’amour dans cette position, si bien que pour que ça dure, il attend toujours le dernier moment même si sa partenaire est en demande.

Tous deux sont bien conscients que cette première fois extraordinaire les a façonnée, de la chance qu’ils ont de s’être trouvé si tôt. Mais aujourd’hui ils sont anxieux. Peut-être est-ce dû à ce reflex trônant sur son pied face au lit, face à Elise. Cet appareil photo prêt à les filmer. Peut-être est-ce due à cette présence. Cette troisième personne qui entre dans la pièce. De lourds bruits de talon claquant le bois et résonnant sur les murs se font entendre lorsque la porte d’entrée de la pièce s’ouvre enfin, mettant fin à une attente interminable. Laurent voit passer la silhouette près de lui, et c’est comme si elle lui confisquait son regard. Il ne décrochera ses yeux de ses hanches parfaites que quand elle sera assise, près de l’appareil, face à Elise. Cette femme est belle à mourir se dit Laurent : « Je n’ai pourtant pas toujours eu ce sentiment… ». C’est bien ce qu’il pense et ce qui anime Hélène. Lorsqu’elle marche, elle fait chavirer les hommes, comme des ondes de chocs, chaque pas est une revanche sur cette pensée qu’à Laurent : « Je n’ai pourtant pas toujours eu ce sentiment… ».

Hélène a toujours voulu plaire et ses premiers pas en temps que femmes furent laborieux. Peu d’hommes s’intéressaient à elle. Désormais c’est bien au delà de ça, elle est le fantasme des hommes, désirée au delà de toute raison. Laurent pense que c’est son assurance, mais Hélène penche sur l’entretien absolument impeccable et sans défaillance de son corps, et c’est sans doute un mélange des deux, peut-être même que l’un est la conséquence de l’autre. Hélène n’est pas si grande, elle est blonde et ses yeux marrons tirent sur le noir. Un visage lisse et une peau blanche, une bouche pulpeuse et des sourcils noirs. Aujourd’hui elle porte un haut ample dévoilant un peu ses épaules mais pas le reste. Ses formes sont noyées sous les multiples plissures de ce petit pull léger. Mais ses jambes et ses fesses sont moulées dans un jean gris, des petits plis sur le devant, qui tracent des pentes vers son entre jambes, que Laurent n’a de cesse de regarder.

Hélène est très sympathique et socialement très à l’aise. Elle a su tiré de ce caractère pour séduire, sans aucun doute. Mais ça s’est fait dans la douleur. Contrairement à Laurent et Elise, elle n’a pas eu la chance de se trouver ou de trouver la bonne personne dans sa jeunesse. Hélène a vingt-trois ans et aujourd’hui elle est dans l’ombre… Et Elise dans la lumière.

Hélène jette sur le lit des masques vénitiens, tous pensent au film de Stanley Kubrick.

  • J’ai trouvé ça, ça fera l’affaire, si ça vous convient bien sûr. Demande Hélène mais sans vraiment leur laisser le choix.

Hélène regarde Elise, lui sourit, Elise hésite et reçoit le regard comme étant rempli de jugement.

  • Laurent m’a prévenu que je devais te mettre à l’aise. Les conditions ne sont pas réunies n’est-ce pas ? demande Hélène à Elise.

  • Pas vraiment… répond-elle… et cette fois le sourire d’Hélène est pris avec bienveillance…

  • Je comprend… J’ai deux choses à te dire Elise, d’abord il est toujours temps et il sera toujours temps de faire marche arrière. Je ne vous prendrais pas en otage. A tout moment, tu n’auras qu’un mot à dire et ce sera fini.

Elise hoche la tête, peu convaincue…

  • Et la deuxième ? demande-t’elle.

  • Tu peux tout me demander, sens-toi à l’aise de me faire toutes les remarques que tu veux… y compris m’insulter si tu t’en sens le besoin… je ne te confronterai pas. Je suis à votre écoute, Hélène regarde Laurent… à tous les deux.

Laurent l’admire et il a du mal à le cacher. Et Elise le regarde. Son regard change. Elle devient défiante. Elise regarde alors Hélène…

  • Je veux que tu me raconte tout.

Hélène penche sa tête en arrière et cesse de sourire. Son regard est un peu triste, elle aimerait que cette relation s’apaise…

  • Elise, tu es ici parce que tu le veux, alors dis-moi pourquoi tu es là si ça te pose tant de problème ?

  • Je te le dirais si tu me raconte comment vous… comment toi et Laurent… Elise n’arrive pas à le dire.

  • Comment Laurent m’a baisé c’est ça ?

Un larme jaillit du coin de l’œil de la rouquine.

Hélène sait qu’elle y est allé un peu fort. Elle se penche pour prendre la main d’Elise.

  • Ton homme a été tendre avec moi, et animal en même temps, il a été le même qu’avec toi et ça m’a fait du bien. Mais c’est toi qu’il aime et ça fait la différence… Et tu le sais… aussi bien que moi, aussi bien que lui…

Elise s’apaise un peu, regarde Hélène puis Laurent, et sa tendresse est revenue…

  • Tu as jouit ? demande Elise à Hélène.

  • Bien sûr que j’ai jouit… deux fois… répond-elle comme si c’était une évidence.

  • Et lui ?

  • Sur mes seins et sur mes fesses… deux fois… Hélène sourit et regarde Laurent… puis de nouveau Elise… Mais ça tu le sais parce qu’il t’a tout raconté.

Elise sourit et hausse les sourcils… Elle n’a jamais vu son homme jouir hors de son corps, ni même dans sa bouche. Cette pensée la trouble, l’excite, l’agace, la rend triste, nerveuse, mais lui donne des forces.

  • Je suis là parce que… enfin… je sais pas trop… Hasarde Elise…

  • Tu es là parce que tu veux me montrer que tu sais comment donner du plaisir à ton homme, tu es là parce que tu veux que je vous vois, et comme c’est moi qui te le propose, tu hésites.

Elise hoche la tête.

  • Mais tu es aussi là parce que ça t’excite… et moi aussi… Ecoute, Laurent je l’ai désiré et j’ai eu mon moment avec lui, mais toi tu l’as pour la vie, et je sais que ce que je m’apprête à filmer sera largement au delà de ce que j’ai vécu avec lui, en terme de passion, de connivence.

Hélène se lève s’avance et se penche vers elle… dépose un baiser sur les lèvres d’Elise, et dépose une main sur sa joue…

  • Et surtout garde cet esprit de revanche, c’est bon pour l’image…

Hélène sourit, Elise lui sourit en retour. Laurent se dit qu’un miracle vient de se produire…

  • Par contre je vais te prêter des vêtements, avec le corps que tu as, on peu faire bien mieux.

Cette remarque d’Hélène à Elise aurait pu être mal perçue mais Elise acquiesce sans sourciller.

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Chapitre 2

Elise suit Hélène et sort de la chambre. Laurent se retrouve seul. Sur sa chaise, dans son costume, il a un peu trop chaud. Mais tout n’est pas à mettre sur le compte du costume.

Il pense et se demande « comment tout a commencé ? » Pour lui c’est très clair…

Ce matin là il se réveille sur les coups de 7h30. Comme à son habitude il regarde d’abord sa compagne, endormie en sous-vêtements, qui lui tourne le dos. Il soulève systématiquement la couette pour regarder ses fesses qu’il trouve magnifiques. Et systématiquement il s’imagine pouvoir la prendre de bon matin. Ce serait pour lui un réveil parfait… Mais elle n’a pas le même train de vie. Elle est serveuse dans un bar et rentre tard le soir, et dort jusque tard le matin.

Il lui est arrivé une fois d’essayer mais elle l’avait rejeté. Pas méchamment mais juste… elle voulait dormir. Depuis qu’elle y travaille dans ce bar, du moins, pas moyen de la toucher pendant qu’elle dort. Et cela fait deux ans que ça dure. Un jour c’est elle qui lui avait sauté dessus en rentrant d’une soirée de travail où elle avait un peu bu. Et c’est lui, endormi, qui l’avait rejeté. Il se demandait s’il ne payait pas le prix de cette soirée… Puis il pense souvent aux moments où ils sont tous les deux disponibles pour faire l’amour. Le plus souvent c’est en journée quand ils ont la chance d’avoir leur jour de congés en même temps, mais c’est rare. Le plus souvent c’est le soir lorsque Elise ne travaille pas.

Puis il pense à leurs ébats. Ils arrivent à garder une forme de spontanéité après tout ce temps passé ensemble. Et même, ils restent créatifs, ça peut se passer dans le salon, sur leur canapé, dans leur lit ou dans la douche. Ils privilégient le confort parce que le soir, l’énergie n’est plus là. Elle aime le gratifier d’une bonne fellation de temps à autre avant qu’il ne la prenne avec tendresse. Elle sent bien qu’il est plus dur et plus énergique dans la pénétration après qu’elle l’ai sucé. Mais il ne rechigne pas quant à lui donner du plaisir avec sa bouche. Elle adore ça et lui aussi, mais elle sait qu’il ne lui fera pas l’amour de la même manière les fois où il se penche entre ses jambes.

La levrette, Laurent n’y résiste que très peu et il s’épargne cette position jusqu’à la dernière minute si bien qu’Elise sait qu’il va jouir quand il la prend dans cette position. Elle sait aussi que si l’orgasme n’est pas venu avant, pour elle, ce sera trop tard…

Laurent pense et tarde à se lever. Il se touche entre les jambes, il se tâte… se sent durcir se laissant aller, comme chaque matin à ces pensées… Puis il se lève. Laurent dort nu, du moins par cette saison et il aime secrètement sentir son sexe pendre de son poids en érection entre ses cuisses quand il se lève le matin. Il passe du temps à le regarder dans la salle de bain avant de s’occuper de sa journée… Et souvent quand il se met à penser à sa journée, il se dit « fini de bander ».

Il déjeune et fait sa toilette en vitesse et en silence. Il prend le métro pour arriver à son lieu de travail. Sur le trajet il ne pense plus à Elise. Il pense à ses études, et ce qu’il aimerait faire de sa vie. Ses études de journalisme qu’il a eu à cœur de poursuivre jusqu’au bout. Et pour quoi ? Finir dans un journal racoleur tel que « La Nuit ».

« La Nuit » c’est la référence du journal déviant gratuit qui se veut impertinent un peu à la « tracks » mais qui ne fait que proposer du contenu putassier sans rien montrer. Son article de la semaine dernière sur les services de nuits des pompiers avait été recalé et retravaillant à la demande de son boss pour y ajouter des détails macabres. A contre cœur et parce qu’il tient à son salaire minable, il avait accepté.

Son coup d’éclat : il avait interviewé une ancienne tenancière de maison close (illégale) qui exerçait dans les années 90. Elle avait révélé les mœurs de ses clients avant de s’épancher sur sa vie privé. C’était son quart d’heure de gloire : un déluge de frivolité, de partouze et d’aventures en tout genre incluant les grands de ce monde sans les citer (et sans vérifier si c’était vrai ou non…). Un bon coup de pub pour cette dame d’un certain âge qui venait de sortir un livre sur sa vie. Un best-seller.

Laurent espère depuis longtemps en tirer les bienfaits pour sa carrière… en vain. Elise avait même trouvé le ton et les questions intéressantes et pertinentes, largement au dessus du niveau habituel du journal. Un journal en couleur qui sort en format tabloïd imprimé sur du mauvais papier tout les matins dés l’ouverture des métros.

Laurent a de l’ambition et écrit régulièrement sur son blog sur les sujets qui l’intéressent vraiment : le cinéma, l’art en général, la politique mais d’un point de vue sociale, non la « joute perpétuelle et la danse des élus monomorphe » comme il l’appelle, l’humain ne général. Il a consacré beaucoup de ligne à des portraits de femmes qu’il connait, qu’il a connu. Elise en fait partie bien sûr, mais aussi sa mère d’origine italienne, Donna et sa soeur, Chloé, plus jeune de six ans. Ces portraits le font passer pour un féministe auprès des rares personnes à l’avoir lu. Mais lui n’est pas dupe. Il aime les femmes et son rapport avec elles reste respectueux, en fait normal. Il ne se sent pas mis en danger par elle et n’éprouve aucun besoin de prendre le dessus sur elles. Alors non, il ne se considère pas comme un féministe.

Il pense et il rêvasse. Et son trajet prend fin. Il arrive au bureau de la rédaction et son patron lui saute dessus. Laurent aime bien son patron. Un mec un peu rustre mais humain. Un peu libidineux aussi. Le journal « La Nuit » c’est son idée. Il en a tiré de gros profits. Il est maintenant âgé de 55 ans et il continue de bosser comme si son affaire ne marchait pas.

  • Laurent, dans mon bureau.

Laurent obéit. Et le patron continue.

  • J’ai un sujet à te soumettre. Une interview.

Laurent acquiesce. Il aime les interview, moins de travail de rédaction et des rencontres.

  • Tu vas interviewer une actrice porno.

L’idée ne lui déplaisait pas foncièrement mais tout de même, la première question qui lui vint :

  • Pourquoi moi ?

  • Parce que t’es sur rien et qu’il faut bien t’occuper. En plus j’ai besoin de ton savoir faire, de ton recul. Je peux pas filer ça à n’importe quel bonhomme. Et les femmes sont pas légion ici. Et toutes occupées.

Il est vrai qu’il n’a que très peu de collègues féminines. Le patron reprend.

  • Écoute, on l’a jamais fait et en 2018, pour un canard comme le notre, ça fait tâche. Alors je te donne deux semaines et carte blanche. Voici quelques contacts d’agence dont tu peux te servir. Fais-toi plaisir.

Le patron cligne de l’œil, l’entretien est terminé.

Laurent sort du bureau sans montrer un certain ennui. Il passera la journée à appeler les agences. Finalement il aura le contact d’une actrice très connue. Du pain béni. Une certaine Camilla Rose. Laurent est novice en la matière mais il l’a connaît de nom. Elle a eu quelques apparitions à la télé et bien que non consommateur, Laurent a déjà eu accès à ses contenus sur le net. Il y repense. Il n’est pas consommateur dans le sens où il ne se masturbe pas devant des films. Il se masturbe sous la douche et l’imagination est sa partenaire privilégiée. Il lui est arrivé de le faire devant des films bien sûr mais il a rapidement analysé que le plaisir s’en trouvait diminué. Tant mieux, le sujet sera d’autant mieux traité.

En fin de journée, l’agent de Camilla l’appelle. Pas vraiment une conversation.

  • L’interview aura lieu par téléphone, il faudra m’envoyer les questions à l’avance, je vous donne deux jours (nous étions mardi). Donc rendez-vous vendredi. C’est elle qui appellera si les questions sont acceptées. Des questions ?

  • Aucune tout est clair.

Laurent est doué quand à déceler quand il va perdre son temps dans une conversation. Là c’était le cas. Deux jours pour rédiger les questions. Pas de temps à perdre.

Sur le chemin du retour, Laurent imaginait son angle d’approche… Comment être une femme dans la vie de tous les jours quand on fait ce métier ? Puis il se projeta dans l’attente des lecteur du journal. Et la question c’est : comment parler de cul sans prononcer le mot ?

De retour chez lui, il allume son ordinateur. Google : Camilla Rose. Wikipedia d’abord : 21 ans, star du x depuis deux ans, une cinquantaine de films à son actif. Impressionnant. Sur le net les interviews d’elle ne manquent pas. Il refuse de les lire. « rester vierge ». L’expression le fait sourire.

Puis vient le temps de visionner ses exploits. Les sites gratuits d’abord. Camilla fait des scènes déchaînées. Elle est tatouée du ventre au pubis, un serpent. Son corps est ferme, svelte, sportif, son cul impeccablement rebondi et ses seins sont parfaitement faux. Elle a un piercing à la langue et les cheveux rouges. Elle est plutôt jolie. S’il devait la croiser dans la rue, dans des vêtements de ville, il serait séduit. Mais nue et prise par ce type au chapeau de cowboy, il ne la désire pas du tout. Mais Laurent n’abandonne pas. Il aime les situations qui amènent à l’acte. Elle a peut être ce truc qui fait qu’on aimerait la déshabiller. Il trouve un film : La Reine des Verges.

Une épopée burlesque où Camilla tente de retrouver sa sœur retenue prisonnière de sept mecs avides de possessions sexuelles. Elle doit braver des défis, c’est à dire s’envoyer en l’air avec des mecs, des femmes, des monstres (enfin des mecs dans des déguisements bon marcher) et à la fin elle s’envoie les sept bonshommes avec sa sœur chérie.

Côté mise en situation… Laurent est un peu navré. Le niveau est bas. Mais il n’est pas surpris. Il se rend compte qu’il vient de passer deux heures à regarder du porno et sa braguette n’a que très peu bouger. Peut être la scène où Camilla se fait prendre debout contre un arbre par un ours (mi homme mi homme déguisé en ours). Dans cette position Laurent a pu profiter de la silhouette sublime de Camilla… Mais ses cris stridents l’on empêcher de compléter son érection naissante… Laurent a besoin d’un verre…

Comme souvent, il va passer du temps dans le bar où travaille sa compagne : le Pirate. Il est 21h et au bar, discutant avec Élise, un visage connu : Chloé, la sœur de Laurent. Elle et lui sont très proches mais leur écart d’âge fait qu’ils ne sont pas très démonstratifs…

  • Comment va mon frère préféré ?

  • Ton unique frère, ça a du facilité le choix de la préférence.

  • Ah la la… Toujours aussi négatif.

  • Désolé mais la journée fut… Longue…

  • Que se passe t’il mon chéri ? Intervient Élise.

  • Mon prochain sujet… Interview d’actrice porno.

Élise hausse les sourcils.

  • De mieux en mieux… Commente-t’elle.

Laurent n’en pense pas moins incapable de répondre à cela.

  • Tu me servirais un whisky s’il te plaît ? Je me sens un peu sale… Je vient de passer deux heures à mater du porno…

  • On ne veut rien savoir ! Dit Chloé ce qui a le mérite de faire sourire tout le monde.

Une gorgée d’un whisky supérieur, le parfum et la finesse du breuvage lui font oublier un instant son destin de journaliste raté. Puis Chloé rajoute son sel.

  • Ça me fait penser à Hélène. Tu vois qui c’est ?

  • Euh… Non ça ne me dit rien.

  • Mais si. Une blonde un peu timide et pas très fine. On était super copine au collège et au lycée… Tu pourrais faire un effort.

  • Ah oui je me souviens. Vous vous êtes perdu de vue.

  • Ben on ne se voit plus mais on échange des messages de temps en temps. Et bien elle est devenue actrice x…

Laurent recrache avec regret la seconde gorgée de son nectar. Chloé éclaté de rire.

  • Tu verrais ta tête !

  • C’est une blague ?

  • Pas du tout. Son nom d’actrice c’est Elena Carpenter. Elle est pas très connue mais elle en vie. J’ai son numéro si tu veux.

  • Ben c’est que…

Laurent hésite. Puis il réfléchit et considère ce qui rendrait son interview plus intéressante… Une interview par téléphone ou les questions sont filtrées et les réponses préfabriquées, ou bien quelque chose de plus intimiste, une connaissance…

  • Je veux bien… Merci sœurette…

Elise sert ses clients mais ne perd pas la conversation. Elle ne sait pas pourquoi mais elle est inquiète d’un coup. Elle rejoint son homme.

  • Tu vas l’interviewer ? Demande telle.

  • Je ne sais pas. C’est elle ou c’est Camilla Rose.

Elise et Chloé se regardent, elles connaissent l’actrice.

  • Je ne sais pas, je vais essayer de faire quelque chose de bien en tout cas. Sinon ce sera vraiment du temps perdu. Je devrais rentrer et me mettre au boulot d’ailleurs. On se voit toute à l’heure ?

  • Si tu ne dors pas déjà… Répond Élise d’un air réprobateur.

Laurent relève sans sourciller et embrasse sa sœur.

  • À bientôt Chloé. Embrasse Philippe pour moi.

Philippe est le copain de Chloé. Plus âgé qu’elle, il a 37 ans. Beaucoup plus âgé. Mais Laurent l’apprécie, ce n’est pas le cas de ses parents.

Laurent s’éloigne et à la sortie est rejoint par sa sœur.

  • Laurent ! Crie-t’elle puis en parlant soudain doucement. Tu sait qu’Hélène en pinçait pour toi à l’époque ?

Laurent réfléchit…

  • Je me souviens oui…

  • Fait pas de connerie frangin. Élise est chouette.

  • Chloé c’était il y a longtemps. Elle ne se souviendra même pas de moi. Et t’inquiète, je ne ferait jamais un truc pareil.

Chloé s’éloigne à moitié convaincue.

Une fois rentrée, Laurent constate qu’il est presque 23h. Qu’il a faim, qu’il a du travail… Il déprime. Il sort une barquette de ravioli du frigo et hop, au boulot devant son ordinateur avec son plat de pâtes instantanée. Devant son écran, avant d’entamer la rédaction des questions, il clic sur son moteur de recherche, la barre de recherche de son navigateur, il tape : E L E N A C A R.

Google lui propose ce qu’il recherche, preuve qu’elle n’est pas si méconnue que ça. Il clique sur les images d’abord. Hélène a changé. Il se souvient d’une fille mal dans sa peau et timide toujours étouffée par le caractère et le charme de Chloé. Là sur les photos… Les plus sobres la montre en pose de prédatrice. Des yeux marrons profonds, un visage angélique et des lèvres pulpeuses. Les photos plus osées, on peut voir ses seins, sa taille, sa courbe et son intimité, l’invitation à la chair…

Les photos sont belles mais ne communiquent pas le désir à Laurent. Malgré tout, il éprouve comme une sorte de gêne napée… D’excitation. Les images se superposent. La jeune adolescente effacée et la jeune femme fatale à la sexualité débridée.

Retour à la case site porno gratuit. Peu de vidéo, seulement quelques montages rapides de vidéos qui mène vers des versions premium payantes. Mais Laurent a le luxe de l’entendre gémir et de voir son corps en action. Tout semble vrai. Sa poitrine, son plaisir… Elena ne fait pas de scène trop osée, c’est toujours stylisé et sobre, bien que pornographique. Ces partenaires sont des hommes ou des femmes. A deux parfois à trois. Elle fait tout ce que son corps lui permet. Mais ce n’est jamais violent ou grossier. C’est presque toujours au lit. Laurent sent pointer l’érection… Il pousse ses recherches et va sur son site. Le contenu est payant, une vingtaine d’euros l’accès illimité au contenu pour un mois. Il paye…

Sa vidéo préférée : Elena se présente face caméra. Visiblement elle réalise toute seule. Elle porte une robe de chambre. Elle s’adresse à la caméra :

  • Aujourd’hui c’est une belle journée qui s’annonce. Je suis avec Luis Lopez.

La caméra bouge, il est assis derrière sur une chaise au fond de la pièce et porte un boxer.

  • Hello guys!

  • Luis est venu me voir pour un café ce matin de passage à Paris pour un tournage cet après-midi. Je lui ai dit si tu as une heure devant toi, on pourrait faire un petit truc sans prétention. Il m’a dit : « Faut que je me réserve pour tout à l’heure mais je ne peux rien te refuser ».

Elena imite l’accent espagnol. Luis ricane dans son coin.

  • Donc voilà, je sors de la douche et j’ai super envie de baiser et avec Luis c’est toujours très cool.

Elena passe derrière la caméra qui se met à bouger… Luis a son plus beau sourire.

  • Luis. A ce que je vois tu as toi aussi une petite envie… Tu peux montrer à la caméra ce dont je parle…

Luis sort son sexe en marbre, majestueux et grand comme un obélisque. Elena retourne la caméra et reprend son petit discours.

  • Si des filles nous regardent vous devez être bien jalouses. Je vous comprend. Je vais poser ma main sur ce sexe et je dois dire que je ne serai plus en état de vous parler. Luis, avant qu’on passe à l’action raconte à nos spectateurs notre rencontre.

Luis prend son plus bel accent :

  • On s’est rencontré il y a un an pour un tournage. J’étais en coulisse pour me préparer et Elena est entrée.

Elena reprend la parole en posant la caméra. Elle s’assoit sur les genoux de Luis qui se touche un peu.

  • En fait avant de tourner, les mecs se masturbent un peu histoire d’être sûr d’être prêt et moi j’adore voir ça. Je me faufile dans les coulisses des hommes. Et toi tu ne te branlais même pas. Dit-elle s’adressant à Luis.

  • Pas besoin.

  • En fait il regardait des photos de moi sur son téléphone et il avait une érections juste en me voyant. Moi j’étais à poil prête pour la scène mais le plateau n’était pas prêt.

  • Tu vois une fille à poil que tu regarde en photo, elle arrive dans la pièce comme ça. Tu fais quoi ? Luis s’adresse à Laurent lui semble-t-il.

  • Tu la baises. Elena rit avec Luis.

  • On a baisé sur le fauteuil, tu m’es monté dessus et tu a mis trois minutes à jouir.

  • C’était fou il m’en fait plus normalement mais c’est comme si ta bite était faite pour moi. Elena sourit… Elle est trop belle se dit Laurent. Depuis on s’appelle souvent. La scène s’est super bien passé et dés qu’on en a l’occasion on tourne ensemble. C’est un super pote en plus. Et un bon coup.

  • C’est gentil ça. Tu sait ce qui serait gentil ?

  • Oui je sais…

Laurent est déjà en train de se toucher le sexe, rien qu’en l’écoutant, en la regardant rire. Et quand elle enleve son peignoir, il est à deux doigts de jouir… Étrange sensation. Elle prend la queue de Luis dans sa main et commence à le masturber. Comme promis, elle ne peut plus interagir avec la caméra. Elle va lui faire une fellation et le chevaucher par la suite comme sur ce fameux fauteuil. Du point de vue de la caméra, on pouvait voir son dos, ses fesses pétrie par Luis et la pénétration : le sexe immense de Luis englouti par le corps sublime d’Hélène… Elena. Images superposées, un corps si bien caché pendant des années et si bien montré à présent.

Des tas de questions se précipitent dans sa tête. Laurent lâche son sexe et arrête la vidéo. Il se sentait mal à l’aise de faire cela mais en même temps il était excité sexuellement bien sur mais aussi vis à vis de son travail.

Le temps passa vite et il entendit Élise rentrer. Lui dans sa chambre avec son ordinateur et ses parties à l’air. Il constata que sans y penser, son érection était toujours là. Il pose son ordinateur portable, prend soin de le fermer, se lève, se réajuste et va à la rencontre de sa petite amie.

Élise est dans la cuisine et boit un verre d’eau. Il est 2h20. Elle s’étonne de le voir.

  • Encore debout à cette heure ? Dit-elle.

Un étonnement légèrement teinté de satisfaction. Élise le regarde et lui tourne le dos et fait face à l’évier.

Laurent n’hésita pas. Il se positionna derrière elle, il commença par lui embrasser le cou en dégageant sa chevelure, l’enlever et lui caresser le torse… Les seins. Elle soupira fort, très heureuse de cette étreinte. Ses mains descendent vers son ventre, défaisant son jean noir, une main glissant dans sa culotte. Et la rencontre entre ses doigts et son clitoris allait être puissante… Élise se cambra, s’appuyant de tout son poids, les mains sur le rebord de l’évier… Et Laurent lui baissa vigoureusement son jean et sa culotte à mi-cuisse. Et l’instant d’après, il pénétra sa chair comme au premier jour. Il sentait ses fesses contre le.bas de son ventre. Il regardait sa courbe danser sous ses coups. Il s’attendait à ce que ça ne dure pas comme il savait cette position sensible pour lui. Mais il continuait se mouvements en elle. Et elle se sentait bien. Laurent se colla contre elle, touchant l’avant de son corps, ses seins, son ventre, et enfin glissa sa main entre ses jambes. Il sentit Élise se contracter. Elle se mis à crier et il se mis à la pénétrer de toutes ses forces. Élise tremblait, frissonnait et gémissait… L’orgasme était venu bien avant celui de Laurent.

Lui s’écartait, toujours le pénis au garde à vous. Et Élise se retournant et comprenant qu’il n’en resterait pas là. Elle se mis à genoux pour pouvoir le dévorer. Elle le suça en y mettant tout son amour et malgré la redescente après l’orgasme, elle avait faim de lui, qu’il la pénètre encore. Cette verge en bouche, elle en voulait encore et tout en y mettant ses forces et son désir, elle espérait qu’il tienne. Et il a tenu. Gémissant, distillant son énergie dans sa voix et ses gestes. Résistant à la succion puissante.

Elle se releva, quitta ses vêtements et lui aussi. Elle hésita à aller dans la chambre mais Laurent ne lui laissa pas le choix. Il l’a prenait face à face au même endroit. Lui maintenant fermement les fesses et la pénétrant le plus vigoureusement possible, les corps collés, enlacés, les bouches et les langues entremêlées… Laurent sentait la fente d’Elise le caresser et son sperme se concentrer au bas de son sexe. Élise elle savourait l’accueil de son homme et le désir qu’elle suscitait et qu’elle sentait profondément venir dans sa chair…

C’est Élise qui s’écarta la première, se refusant à laisser passer un second orgasme. Elle invita son homme à s’allonger sur le sol froid de la cuisine. Elle l’enjamba et déposa d’abord ses genoux à terre et saisissant l’excroissance dressée de son amant, elle se laissa transpercer tout en s’afessant sur lui. Laurent ferma les yeux et se projeta dans la video d’Elena… Il se sentit venir. Mais Elise était plus prompt encore une fois. Dansant, ondulant son bassin avec vélocité, elle faisait se frotter l’entre jambe de Laurent en son intimité et les contraction de son vagin lui donnèrent un second orgasme foudroyant qui la fit se tordre dans tous les sens avant de s’effondrer sur son torse. Laurent dû saisir les fesses d’Elise et s’aider de ses talons pour assener les derniers assauts qui le mèneront à l’orgasme, se déversant en elle, lui aussi dans des spasmes qui déformèrent son corps. Elise le reçu avec délice…

Leurs corps en sueur s’enlacèrent sur le carrelage blanc. Amoureux sans aucun doute possible, cette nuit laissa Laurent néanmoins dans la gêne. Une gêne qu’il gardera pour lui, soucieux de ne pas briser sa complicité avec Elise.

Elise se réveilla tard dans la matinée. Elle se sentait légère. Le regard embrumé, elle a dormi nue. Elle se touche un peu les seins, sent ses tétons endurcis et glisse lentement sa main le long de son ventre. Quand elle atteint son sexe, elle sent une vive chaleur. Elle a envie. Elle aimerait qu’il soit là. Et Laurent surgit, il est resté à la maison pour travailler sur l’interview. Laurent vit Elise découverte et les mains sur ses parties érogènes… Il sourit… Et avant même qu’il ai pu ouvrir la bouche, Elise se laissa aller à un registre qu’elle ne maitrisait pas vraiment :

  • Baise-moi encore…
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Chapitre 3

Hélène observe Elise se déshabiller. Elle est sous le charme. Hélène est très sensible à la pudeur mais elle sait aussi que ça cache autre chose. Elle s’abstient d’en tirer de quelconques conclusions. Plus tard à l’image, elle saura.

Quand Elise se dénude, Hélène soupire, envie de posséder, de participer, pourtant ce n’est pas au programme. Puis elle pense à Laurent. Comme elle le comprend, comment ne pas aimer cette beauté froide certes mais majestueuse, élégante. Hélène éprouve une grande excitation pour tout ce qui se révèle à la lumière de l’érotisme. Elise timide se cache à la vie, comme une héroïne discrète, et s’émancipe dans la nudité et la chaleur d’une étreinte. C’est le scénario d’Hélène et c’est pour voir si la réalité sera en phase avec ses fantasmes qu’elle est là aujourd’hui pour les filmer tous les deux.

Elise nue dans le dressing, cette petite pièce dont les murs sont tous habillés de rangements ne sait pas quoi mettre. Hélène suppose qu’elles font à peu près la même taille, et de toute façon elle dispose de plusieurs tailles. Hélène pense que Elise se sous-estime, d’un point de vue physique et plastique. Cette tenue qu’elle avait choisie en témoigne. Devant l’élégance de Laurent, il lui fallait quelque chose de provoquant, mais d’esthétique… Elise attend, Hélène sait ce qu’il lui faut.

Cette histoire commence très tôt pour Hélène. Pour ce qui est du long parcours qui la mènera dans ce cagibi. Mais c’est tout récemment qu’elle se rappelle à ce moment précis du point de départ de ce projet de video.

Mercredi. Hélène ne tourne pas le mercredi. Le mercredi c’est le jour de sa psy. Elle a rendez-vous à onze heure. Et quand elle sort de chez sa psy, elle se refait le film. Elle a besoin d’être seule et ne peut s’abandonner à la caméra, s’abandonner tout court d’ailleurs. Elle fait du shopping, marche, et rentre, seule, apaisée. Les raisons de sa psychanalyse sont multiple. D’abord très peu sûr d’elle, Hélène s’est mû avec le temps en femme fatale, objet du fantasme des hommes. Puis un semblant de notoriété à gérer, et pas n’importe laquelle. Et sa carrière, être exigeante, très exigeante, éviter les piège d’un milieu hostile et aujourd’hui, après deux ans et demi de labeur, survivre voire vivre confortablement. Elle refuse des tournages trop éprouvant et elle arrive à tirer profit de video semi-professionnelles. Des videos qu’elle tourne elle-même et qu’elle poste sur son site. Et son site la fait vivre maintenant. Elle aime encore tourner dans des productions scénarisées mais elle n’est pas obligée et ça fait toute la différence. Enfin gérer sa sexualité, le rapport aux hommes, à son corps, faire la part des choses entre la vie devant l’objectif ou la caméra, et celle dans le cocon intime, le lit privé, ou partout ailleurs hors des cadres.

Elle avait choisi son psy en fonction d’un seul critère : celui ou celle qui ne voudra pas me faire changer de vie sera la bonne personne. Souvent même le plus fin des psychologues teintait son discours sans vraiment le vouloir, de morale, d’éthique : « la solution serait sans doute que vous changiez de vie ». Mais sa vie elle l’avait choisi, elle a même passé des années à la construire sa vie. Bien sûr il fallait éviter les pièges, les arnaques, les escroqueries dont les filles de son âge ayant ce genre de projet sont victimes, trop souvent. Mais elle se considère intelligente et malgré deux expériences négatives, il en fallait bien, elle avait réussit le tour de force de ne pas s’être faite avoir, voire même bouffée dans ce métier. Quelques principes de bases, c’est tout ce dont elle avait besoin, des piliers solides auxquels elle pouvait se fier, se raccrocher. Et puis il y avait aussi la norme sociale qui dicte aux hommes et femmes de son âge de fréquenter, d’avoir un petit ami ou une petite amie, stable, propre, rangé. Cela, aucun psy n’eut de mal à l’entendre. Hélène est célibataire et ne veut rien changer, du moins pour l’instant. Sa vie sentimentale n’était pour autant pas inexistante. Elle avait dit à son psy une fois qu’aucun homme ne l’avait pénétré sans qu’elle n’ait éprouvé de sentiment à son égard. C’est certes un peu curieux mais c’est ainsi.

Et puis elle aime les femmes, et c’est trop rarement qu’elle a l’occasion d’en fréquenter. Pour cela, les tournages sont une chance. Pouvoir être avec une femme. Le soucis qu’elle éprouve c’est de trouver une partenaire qui aime réellement les femmes, et une actrice qui s’est soumis au marché du porno car dans ce milieu et à l’écran, toutes les femmes sont bi, ce qui est loin d’être le cas pour les hommes. Une fille purement hétéro qui lui lèche le vagin, c’est l’ennui total. Une partenaire désintéressée du plaisir qu’elle pourra donner c’est l’angoisse totale. Évidemment elle n’a pas ce problème avec les hommes qui sont tous fous d’elle et qui adore tous baiser, à plus forte raison baiser avec elle.

Tout commence donc en fin d’après-midi dans son appartement. Un texto d’abord de Chloé : « Coucou ! Comment vas-tu ? ça fait un bail ! Un café un de ces quatre ? ». Hélène était surprise. Elle n’avait plus vraiment d’amie ni d’ami d’ailleurs en dehors de ces partenaires de boulot et Chloé c’était une amie de longue date. Leur relation était compliquée cependant et la vie a fait le reste pour les séparer. Mais elles restaient en contact, si bien qu’Hélène n’hésita pas à lui faire part de son choix de vie controversé deux ans plus tôt. Peut-être était-ce par provocation ? elle ne s’en souvenait plus. Une réponse simple : « Avec plaisir » sans rien proposer de concret, elle verrait si elle insiste, ce sera peut-être une preuve de sincérité. Puis le coup de fil…

  • Allo ? répond-elle.

  • Allo… bonjour Hélène. Tu ne te souviens peut-être pas de moi, je suis Laurent le frère de Chloé…

Hélène sentit ses jambes trembler et le besoin de s’assoir. Elle ne pu atteindre une chaise, elle s’assit par terre dos au mur.

  • Bien sûr que je me souviens de toi…

Elle pensa sans le dire : « J’étais folle de toi pendant des années, tu étais mon fantasme… et Chloé le savait très bien »

  • Comment vas-tu ? reprit-elle.

  • Très bien merci. Ça me fait plaisir que tu te souviennes, tu as passé beaucoup de temps avec Chloé c’est vrai, et à la maison… Toi… ça va ?

  • Super bien, comment tu as eu… enfin… que me vaut… le plaisir. Hélène est gênée, elle se demande… le texto de Chloé… maintenant Laurent…

  • Et bien… je… je t’appelle pour te demander un… service… enfin… je suis journaliste et je travaille pour le journal « La Nuit ».

Hélène avait compris tout de suite. Laurent est donc au courant de son activité. Elle en fut d’abord un peu attristée, comme si elle n’assumait pas vraiment son métier. Ce qui n’était jamais le cas.

  • Je t’écoute. Répond-elle.

  • Voilà… je voudrais faire une interview de toi, dit Laurent.

  • De moi ? Par rapport à mon métier je suppose ?

  • Oui, c’est ça.

  • Mais, je ne suis pas très… connue…

  • Justement. Je voudrais faire quelque chose d’un peu intimiste et ça pourrait te faire un petit coup de pub. Qu’en dis-tu ?

Un instant d’hésitation, et un autre instant feignant l’hésitation car elle est n’avait qu’une envie : le revoir.

  • C’est d’accord.

  • Super ! Merci beaucoup Hélène. Autre chose, ça doit être fait rapidement. Tu serais libre dans les prochains jours ?

  • Je suis libre ce soir, après je pars en tournage demain, jeudi donc, je rentre vendredi soir. Ce week end c’est famille. Donc… vendredi soir si tu veux ?

  • Parfait, par téléphone ?

  • Euh… comme tu veux. Tu peux passer à la maison si tu veux.

  • Oui… oui ok, ce sera mieux.

  • Pour le côté intimiste oui… c’est mieux qu’au téléphone…

  • Alors à vendredi ?

  • Je t’envoie mes coordonnées par texto. Bisou.

  • Bisou.

Il raccrocha avant elle.

Le téléphone lui glissa des mains. Le regard dans le vague, une émotion vive et le visage de Laurent, son sourire, tout en souvenir. Hélène avait la main posée entre ses cuisses, s’en apercevant, elle baissa le regard, se concentrant sur la chaleur qu’elle dégageait. Puis elle appuya délicatement de sur la couture sous laquelle son émoi affluait… D’abord elle s’organisa : Déboutonnant son jean, écartant les jambes, introduisant sa main sous l’élastique de sa culotte. Glissant vers l’intime, les yeux se fermaient à mesure que les caresses l’emportaient… Et l’image de Laurent plus vrai que s’il était dans la pièce l’emmenait lentement, plus amoureux que ce qu’il ne sera jamais, il lui fit l’amour dans un rêve, comme aucun homme ne lui avait jamais fait l’amour, en vrai… et en songe aussi.

Elle ne jouira pas tout de suite, s’interrompra, se déshabillera et profitant d’un bain chaud, de sa solitude, du souvenir de sa voix au téléphone, quelques minutes plus tôt… Elle se laissera venir au bruit des clapotis de l’eau créé par les mouvement de sa main… Un rêve d’étreinte… Une étreinte de rêve…

La salle de bain à l’ambiance rose parme, parce qu’elle déteste le blanc de la faïence, parsemée de bougies qu’elle prend soin d’allumer avant de se prélasser, distille son calme et sa torpeur à travers la vapeur du bain chaud, le son du jet d’eau et l’érotisme que dégage Hélène lorsqu’elle prend du plaisir. Elle ne voit pas passer le temps, elle a coupé son téléphone et ne dispose d’aucune montre ni horloge. Et enfin l’absence d’ouverture sur le monde extérieur, toutes ces choses font de ce lieu un temple dédié pour l’instant présent à l’abandon, à la rêverie, au plaisir.

Ses doigts s’imiscent agitant l’eau du bain entre ses cuisses qui s’ouvrent en un ballet coordonné. Laurent est dans es pensées. Et dans ces pensées, ce sont ses doigts qui la fouillent et la fait chavirer. Elle n’entend plus les sons, elle ferme les yeux et lentement se laisse possédé en esprit et son corps se tord sous ses caresses. Elle a beau connaître son corps, elle s’applique tant quand elle se caresse le sexe que ses sensations bien que prévisible, sont pour elle un immense cadeau de la nature. Elle adore jouir seule. Et bientôt Laurent est parti. Bientôt seul son sexe massé par ses doigts experts, survolté par la moiteur de la pièce, seul son sexe communique avec son esprit. Son corps bouillonne et frémit. Sa chatte exulte et son ventre papillonne. Elle sent des tensions dans sa poitrine, elle l’empoigne alors puis le bas de son ventre se met à frémir. Elle jouit… L’eau glisse hors de la baignoire… Son esprit est loin.

Lorsqu’elle ouvre les yeux, la pièce est embuée. Moite. Elle est comme changée. Légère. La nuit peut venir et les deux journées de travail, de baise intensive qui se profilent lui semble moins pénible. Elle aime ce travail mais le travail c’est le travail. Et vendredi soir… Qui sait…

Elle se sèche et récupère son portable, l’allume. A peine rallumé, il sonne. C’est Chloé.

-… Enfin ça fait deux heures que je t’appelle. Dis, tu veux venir prendre un verre ? On est avec des potes. Tu te souviens de Bastien? Et Arthur ? Et puis Sonia aussi.

Oui elle s’en souvenait mais loin de ne pas en avoir envie, elle ne savais juste pas comment faire pour passer une soirée entière avec autant de gens. Mais elle était si détendue qu’elle accepta.

  • Donne moi trois quarts d’heure j’arrive. Bisou.

Hélène raccrocha.

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Aaaah… Ces dialogues… Ca me rappelle une idée moi ça…
Jolie écriture. Bravo !!!

Une jolie histoire… J’avais déjà aimé à la première lecture. Nul doute que j’aime ta plume !

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