Voilà, je suis ingénieur du son, preneur de son et régisseur plateau. C’est un métier qui m’a emmené sur de nombreuses aventures. L’une d’elle m’a emmené sur des tournages de film pornographique pendant près de 6 mois. Expérience que j’ai réitéré ponctuellement depuis.
Ce n’est pas une légende, les tournages porno sont souvent éprouvant et parfois glauque. Je ne vais pas raconter ici que je n’ai passé que du bon temps. Mais je vous épargnerai quand même la pénibilité du travail. J’ai ceci dit eu la chance d’avoir fréquenté des tournages relativement respectueux (surtout des acteurs mais pas que) et je ne citerai ici aucun nom.
A la base il s’agissait d’un plan un peu pourri glané au détour d’une soirée de fin de tournage (d’un autre film « normal ») où le chef op m’a raconté son expérience dans le domaine puis avait fini par me donner un contact qui cherchait rapidement un preneur de son. Je précise que dans cette industrie, qu’on se paye un preneur de son est déjà un signe de grosse production. Je parle d’une époque il y a 8 ans, ça va vite. Aujourd’hui, on le voit dans le domaine amateur, les moyens pour faire une scène de bonne qualité (technique j’entend) sont à la portée de tous, mais il y a 8 ans, les sites porno et les « amateurs » ne s’étaient pas tant professionnalisé et j’avais encore ma place sur un tournage.
J’ai été pris et j’embauchais la semaine suivante. Le tournage d’un film c’est quelques jours seulement bien sûr donc je ne pensais pas que j’allais faire six mois complets mais comment dire… ça s’est enchaîné. J’ai eu des dizaines de contrats précaires, navigant entre les lieux de tournages et les réalisateurs, les acteurs et les actrices.
Je ne vais pas vous mentir, ça a été dur et je n’ai pas un bon souvenir globale de ces tournages, mais je m’attarderais sur les quelques moments qui m’ont marqué et qui vous rendrons curieux j’espère à défaut de mieux.
En guise d’introduction je vais vous présenter un peu le dérouler d’un tournage, succinctement :
D’abord tenir une perche (ce n’est pas une métaphore) c’est super physique et j’ai eu des maux de dos durant des mois. Non que je n’étais pas habitué mais ne général les tournages durent un mois, et je n’enchaîne pas directement. Une journée normal, on arrive à 7 ou 8h, on installe le plateau, on fait quelques tests. Les acteurs arrivent assez tôt et ont un temps de préparation assez conséquent. Il n’y a pas autant de monde sur place qu’un tournage normal, seulement le réalisateur, un assistant ou assistante, maquilleuses, régisseur, parfois des agents et producteurs venus… se rincer l’oeil. Une journée de tournage c’est en moyenne quatre ou cinq scènes d’affiler, et j’y reviendrai, c’est pas toujours très « bandant » mais parfois ça l’est bien sûr. On termine à 18h. Il est fréquent qu’on tourne de nuit, dans ce cas les horaires sont décalés mais comme je vous le disais, j’ai travaillé pour des gens relativement respectueux donc il n’y a pas eu d’excès de ce genre du moins. Les lieux étaient tous des résidences privées, pas de tournage en public ou dans des lieux à l’arrache. Des maisons le plus souvent isolées, des villas, des châteaux parfois. On est surpris de voir à quel point les propriétaires accepte de loué leur résidences pour ce genre de tournage. J’ai commencé en février et je n’ai fais de scènes d’extérieur qu’à partir du mois de Juin. J’ai fais une journée sur un bateau une fois, ça a été le seul déplacement vraiment lointain. Je n’ai d’ailleurs rien à dire dessus, c’était juste épuisant. Mais des scènes au bord de la piscine ça c’était plutôt sympa. Sinon c’était majoritairement des scènes d’intérieur dans toute sorte de pièce enfin vous avez déjà vu du porno quoi.
Je ne veux casser du sucre sur le dos de personne et je ne veux pas non plus vous faire un tableau idyllique, juste vous parler d’anecdotes susceptible d’éveiller l’excitation.
La plupart du temps le preneur son n’est pas le mixeur et dans le porno souvent le monteur est aussi le mixeur. Mais il m’est arrivé plus tard de devoir mixer, autre travail qui m’a pour le coup assez plu, passant de bon moment d’excitation (lié aux sons comme j’en parle dans un autre billet).
Le contexte : en 2012, je sortais avec une fille depuis 4 mois. Nous étions assez bien ensemble sans pour autant nous emballé, elle s’appelait Marie et jusque là je lui était fidèle. Et ce boulot est tombé et la spirale a commencé. Déjà s’est posé la question de lui dire la vérité ou non. J’ai choisi d’être honnête et même si je voyais bien que ça ne l’enchantait pas, elle l’a plutôt bien pris disons. Et puis les tournages ont commencés et elle a vite compris que j’allais être juste épuisé tout le temps. Donc la méfiance s’est transformée en de la compassion.
C’est à peu près au bout de deux mois de tournage que les choses ont commencé à changer. Un tournage particulièrement marquant…