Les saisons de New-York : Partie 1 : ETE

Allez… C’est reparti pour un tour !
Je vais commencer ici à republier mon récit intitulé la prison New-Yorkaise sur l’ancien forum mais avec beaucoup de modifications. De nouveaux personnages, des personnages secondaires plus présents, plus étoffés.

Donc même ceux qui l’ont déjà lu vont lire de nouvelles choses. C’est pour moi un vrai projet littéraire qui est au-delà du simple récit de cul. Je tiens à écrire quelque chose d’agréable, avec des personnages réalistes, avec des liens logiques…

Donc oui, ce récit est long et ne tombe directement dans l’érotisme… Je publierai pas régulièrement car cela dépend beaucoup de ma vitesse d’écriture qui est très variable selon ma motivation. Mais vos retours sont toujours des sources de motivation.

J’espère que cela vous plaira.

CHAPITRE 1 : L’ARRIVEE

Mercredi 22 Août
Les aéroports sont des endroits fascinants. Croiser ces milliers de gens qui vont partir aux quatre coins du monde, voir des couples se prendre dans les bras après des mois de séparation, des parents accompagnants leurs enfants prendre leur propre envol. Eric ne peut s’empêcher d’imaginer la vie des gens en observant leur visage, leurs habits. C’est son petit passe-temps lorsqu’il est en transit pour son travail et il passe de nombreuses heures dans ces grands halls d’attente. Il y a vingt ans, il a eu l’opportunité de partir vivre aux Etats-Unis pour effectuer un stage de fin d’études. Cela s’est tellement bien passé qu’il n’a jamais cessé de monter au sein de son entreprise. Aujourd’hui à quarante-cinq ans, il a totalement réussi sa vie professionnelle et gagne très, mais vraiment très bien sa vie !
Mais en ce début de journée, s’il est à l’Aéroport International JFK de New-York ce n’est pas pour voyager. Il attend une de ses plus anciennes amies venant de France. Ils s’étaient perdus de vue pour diverses raisons mais grâce à l’avènement des réseaux sociaux, ils ont pu se retrouver et reprendre contact. Cependant, il n’aurait jamais pensé qu’un jour, elle le contacterait pour lui demander une telle faveur…

Plus les minutes passent et plus Eric se sent stressé, il ne tient pas en place. Depuis son départ de France, malgré quelques retours, il n’a jamais revue Karine. Et ce malgré qu’ils échangent depuis quelques années des messages de politesse comme pour leurs anniversaires respectifs. Il se demande s’il n’a pas fait une erreur en acceptant la demande de Karine. Eric a beau avoir l’habitude de donner des conférences devant des centaines de personne, il n’arrive pas aujourd’hui à contrôler le stress qui monte en lui. Il a beau essayer les techniques de persuasion positive, il n’y arrive pas… Du haut de ses quarante-cinq ans, il fait de nombreuses heures de sport par semaine et tous les ans il court le marathon de New-York. Certes ces cheveux gris trahissent son âge pour autant il les assume facilement puisqu’il se sent mieux aujourd’hui qu’à trente ans… Et pourtant sa femme a demandé le divorce. Elle est partie en Californie avec son nouveau mari architecte. Forcément, un architecte, ça reste à la maison ! Ça ne part pas en voyage d’affaire pendant deux semaines à Dubaï. Un architecte vit dans une grande maison qu’il aurait conçu lui-même, en banlieue, au calme pour pouvoir imaginer sa prochaine conception… C’est le seul échec de sa vie ! Néanmoins, après trois ans de séparation, il admet qu’il a bien réussi son divorce. Il voit sa fille uniquement pendant les vacances ou lorsque son ex-femme a envie de se débarrasser d’elle. Mais, il doit avouer que, la situation lui convient. Finalement Eric n’a plus aucune contrainte au quotidien… Et c’est bien cela qui risque de changer à présent.

L’océan a perte de vue durant des heures a disparu pour une vue impressionnante d’une ville tentaculaire. Depuis toujours Karine a été fasciné par New York, ses gratte-ciels, ses longues avenues. Cela est tellement différent de Bordeaux, où elle a toujours vécu. Depuis le décollage et durant les six heures de vol, elle n’a pas arrêté de penser à Eric et à ce qu’elle va bien pouvoir lui dire. Quels sujets de conversation pourront-ils avoir ensemble ? Elle, simple institutrice dans une école primaire et lui, … elle n’a jamais vraiment bien compris son boulot… Elle sait que cela à avoir avec le management et la finance, qu’Eric fait parfois d’immense conférence à travers le monde qu’elle a déjà tenté de regarder sur Youtube et qu’il compte plus de 10.000 « amis » sur Facebook. Après tout, peu importe ce qui se passera puisqu’elle ne vient que pour deux semaines. Elle se souvient de la journée qui a provoqué sa venue ici. Comment elle est passée par tous les états possibles en quelques jours avec son mari Christophe, de la surprise, à la déception, à la solution « Eric ».

Cela a commencé lorsque leur fille de dix-huit ans leur a annoncé qu’elle venait d’être reçue dans une célèbre école d’art américaine. En effet, sans le dire à personne, elle avait participé à un concours européen permettant à cent jeunes de partir étudier dans cette école de prestige et elle a réussi à faire partie de ces heureux élus ! La fierté que Karine et Christophe était sans limite, le talent de leur fille est enfin reconnue à sa juste valeur. En effet, depuis le plus jeune âge, elle est passionnée de photographie et déjà remporté de nombreux concours locaux. Elle allait pouvoir partir à New York et étudier gratuitement dans l’une des écoles d’arts les plus prisées au monde… Oui mais voilà… Lucie avait mal lu les petites lignes et seuls les frais de scolarité sont pris en compte par l’école, pas les frais de logement… Et même avec un petit boulot à coté, Lucie ne pouvait pas se payer un logement à New-York, et les salaires d’instits de ces deux parents non plus. A ce moment, Karine s’est sentie totalement désemparé. Une colère énorme de ne pas pouvoir aider sa fille à réaliser son rêve alors que celle-ci a tout pour réussir…

En se réveillant un matin du début de mois de Juillet, comme à son habitude, Eric, encore dans son lit, passe dix minutes sur son smartphone à consulter rapidement les actualités, ses mails, puis ses messages et ce matin, Karine, cette vieille amie d’un autre temps lui avait envoyé un roman… Elle lui explique que sa fille vient d’obtenir une inscription dans une grande école New-Yorkaise mais qu’avec son salaire et de celui de son mari, ils n’ont pas les moyens de lui payer un logement. Elle sait que ce qu’elle lui demande est totalement insensé et qu’il n’a aucune raison d’accepter. Mais à ce moment, le cœur d’Eric s’est emballé. Comment pourrait-il refuser quelque chose à Karine ? Même après toutes ses années, elle reste la fille qu’il a connu en sixième au collège et avec qui il a traîné toute sa scolarité… Comme toujours lors d’une grande amitié entre garçon et fille à l’adolescence, il y avait en réalité des sentiments l’un envers l’autre. Ils sont restés secret durant bien des années. Ils s’étaient fait la promesse que quoi ils arrivent, ils seraient toujours là l’un pour l’autre. Si aujourd’hui, Karine lui demande d’héberger sa fille durant la durée de ces études, c’est qu’elle n’a pas d’autre choix.

Non seulement Eric a accepté, mais il a également payé à Karine le voyage pour accompagner Lucie durant deux semaines avant les cours afin que le changement de vie ne soit pas trop brutal. Karine a d’abord refusé par politesse mais Eric a tellement insisté sur le fait que pour lui, ce n’était rien et qu’il avait très envie de revoir Karine.

Lorsque l’avion se pose au sol, Lucie ressent en elle une vague de chaleur… ça y est ! Elle est à New York… Grace à sa mère qui a retrouvé son meilleur ami d’enfance, grâce à lui, qui a accepté de l’héberger. Elle n’arrive pas à arrêter d’imaginer sa nouvelle vie, de toutes les photos qu’elle va pouvoir prendre… et bien sûr poster sur les réseaux sociaux. Elle jubile déjà de la jalousie que vont ressentir toutes les pouffiasses de son lycée qui la prenait de haut avec leurs vêtements, leurs accessoires et leurs expressions à la mode.

Une fois leurs valises récupérées, la mère et la fille se dirigent vers la sortie. Le corps de Karine bat à la chamade, regardant dans tous les sens pour trouver Eric. Il est le premier à la repérer parmi la foule… Il avait bien sûr regardé les photos sur Facebook après leur échange mais il l’aurait quand même reconnu sans cela. Ses cheveux coupés aux épaules, d’un brun sombre ou plutôt noir, lui donnant un air sévère mais son regard d’un bleu pétillant change tout. Elle se démarque du reste de la foule. Plus elle se rapproche et plus il aperçoit son corps… Mais non ! Eric ne doit pas s’y attarder, il ne doit pas y penser… Surtout qu’elle vient de le reconnaitre. Son sourire s’élargit, son regard pétille. Karine n’en croit pas ses yeux, il est vraiment comme sur les photos qu’elle a pu trouver sur Internet. Eric a tellement changé depuis la dernière fois qu’ils se sont vu en vrai. Surtout avec Ses cheveux entièrement poivre et sel, cela lui donne vraiment du charisme. Jamais elle ne l’aurait reconnu hormis ce regard mystérieux, qui ne laisse jamais rien deviner de son émotion, la couleur de ses yeux étant très sombres, à la limite du noir. Il porte un costume qui a dû couter plus cher que les deux billets d’avion, mais un homme en costume cela donne de suite un charme… Cela lui cintre le corps et mon dieu quel corps ! On dirait un modèle photo, elle se sent tellement inférieure par rapport à ce qu’il est devenu, presque honteuse de se retrouver à lui demander cette faveur.

En revanche, Lucie reste sur ces gardes. Elle a depuis toujours une grande méfiance des gens de pouvoirs, des gens riches. Selon elle, ce sont des gens prêts à tout pour réussir qu’importe le prix. Cet homme correspond parfaitement à cette impression… Prêt à tout pour obtenir ce qu’il désir même si cela à de lourdes conséquences pour les autres. Elle ne peut s’empêcher de le comparer avec son père qui ne porte jamais de costume, qui ne fait pas vraiment attention à son image… Tout l’inverse de cet homme.

Les deux amis d’enfance s’approchent l’un de l’autre en se souriant amicalement mais plus la distance se rapproche et plus chacun tente de freiner son ressentiment pour qu’il ne soit pas trop visible. Tout cela se déroule en un fragment de seconde, Karine et Eric tournent la tête sans se quitter du regard et se font la bise de façon totalement polie.
— Bonjour. La voix de Eric est grave, posée et douce, comme si elle venait du fond de sa gorge. Karine a du mal à décrocher son regard de celui d’Eric, tant d’années se sont écoulés. Tant de choses remontent en elle, ce qui déclenche un léger rire nerveux.
— Aaaah, désolé… C’est la fatigue du vol. Elle pousse un long soupire pour évacuer. Jamais je n’aurai pensé te revoir dans ces conditions.
Le regard d’Eric se détourne de Karine pour se diriger sur la jeune femme qui le fixe droit dans les yeux. Eric fait de même, il a appris dans sa carrière professionnelle que l’une des méthodes pour se souvenir d’un visage consiste à identifier et à se souvenir de la couleur des yeux. Ils sont d’un marron très clair, mis en valeur discrètement par un eyeliner, les yeux de son père donc… Elle est plus petite que sa mère, elle doit à peine dépasser le mètre soixante-cinq, des longs cheveux fins comme ceux de sa mère, descendant sur son épaule jusqu’en dessous de la poitrine. Ils sont beaucoup plus clairs, châtain avec des reflets cuivrés. Sa silhouette est élancée, voir même fine mais ces formes sont en partie dissimulées par des vêtements confortables surement choisis pour le voyage.
— Je te présente ma fille, Lucie
— Enchanté Lucie. Ta mère m’a beaucoup parlé de toi, tu dois être très contente pour la bourse.
— Oui, j’ai encore du mal à réaliser la chance que j’ai. La voix de Lucie est tout l’inverse, assez aigue, intimidé malgré elle par le contexte
— On n’a pas arrêté de lui répéter que cela n’avait rien à voir avec de la chance. C’est elle qui a tout fait et qui le mérite. Tu verras, elle fait des photos sublimes. Dit Karine en mettant mal à l’aise sa fille.
— Mais je suis allé voir sur son Instagram, elles sont très jolies en effet. Y a un vrai quelque chose qui se dégage.

Même si elle commence à avoir l’habitude, cela lui fait toujours bizarre que quelqu’un qu’elle ne connaisse pas, lui parle de son compte Instagram et de ses photos. Elle a à peine plus de deux milles abonnés, ce qui n’est pas grand-chose en comparaison à d’autres comptes. Surtout que la plupart sont soit des amis ou connaissances soit des inconnus mais qu’elle n’a jamais rencontrés. Si elle aime faire des photos, ce n’est pas pour se mettre en avant mais bien au contraire, elle préfère rester dans l’ombre et observer.

Le trio continue sa conversation tout en se dirigeant vers l’un des nombreux parkings de l’aéroport. Lorsqu’Eric ouvre le coffre de sa voiture, les réactions des deux femmes furent très différentes. Face au luxueux SUV, Karine n’en revenait que ce genre de véhicules puissent exister hors des concessions alors que sa fille est totalement indifférente, elle ne connait même pas cette marque. Elle a conscience que ce véhicule doit coûter cher car il parait luxueux, mais ce n’est que du paraitre. Elle commence à donner à Eric l’image d’un homme voulant étaler sa richesse, voulant montrer qu’il a réussi. Durant le trajet, les sujets classiques à propos du voyage, de la semaine de vacances de Eric pour accueillir et guider Karine et sa fille dans leur visite de la ville avant la rentrée scolaire. Au fur et à mesure de leur trajet, les jeunes femmes s’amusent à reconnaitre les lieux et les monuments qu’elles ont pu voir dans les nombreux films ou séries se déroulant dans ce New York iconique. Mais jamais elles n’ont pu ressentir cette impression de grandeur, quel que soit l’endroit où se posent leurs regards, elles ne voient que des immeubles à perte de vue. Après une bonne heure et demie, et une traversée de Central Park Eric s’engage dans un parking au pied d’une tour. Au 300 Central Park West et son imposant gratte-ciel de 29 étages, appelé El Dorado. La mère et la fille restent sans voix et comprennent peu à peu dans quel monde, elles viennent d’arriver en voyant toutes les voitures dans le parking, même Lucie reconnait les marques les plus luxueuses. Avant qu’Eric n’appuie sur l’un des boutons de l’ascenseur, il entre une carte comme dans les hôtels dans une fente, il tape un code à quatre chiffres et finit par appuyer sur le numéro 28 de l’ascenseur. Déjà que dans un ascenseur cela peut paraitre long mais lorsqu’il y a vingt-huit étages à monter cela parait une éternité. Lucie se demande si elle ne va pas avoir le vertige en montant si haut.

Les portes s’ouvrent et les deux femmes n’en croient pas leurs yeux. Eric, lui, s’avance et sort de l’ascenseur directement dans son appartement avant de se retourner vers ses invitées, toujours bouche bée
Vous êtes les bienvenues chez moi. Dit-il avec un large sourire, sûr de lui, sur de son effet de surprise.
Karine sort de l’ascenseur et avance machinalement dans l’entrée totalement ouverte et regarde l’immense pièce à vivre. La décoration est un mélange moderne et d’ancien, des moulures habillent le plafond blanc immaculé, en face d’elle à une vingtaine de mètre, de grandes fenêtres allant jusqu’au plafond donnent sur le réservoir Jacqueline Kennedy, l’immense lac au nord de Central Park. La pièce est totalement baignée dans la lumière Au milieu cet espace, le séparant en deux, une immense bibliothèque ancienne en bois, entièrement rempli de livres de collection. A gauche de cette bibliothèque, la partie « salon » avec trois grands canapés dans lesquels une personne peut s’allonger dans tous les sens. Un écran de télé totalement démesuré. Un espace bureau dans le coin près des fenêtres, de loin il parait petit mais en réalité il est immense, avec deux écrans d’ordinateur faisant la taille de la télé de Karine. Cette dernière tourne la tête sur sa droite et découvre l’espace cuisine. Un immense frigo à deux portes, un ilot central en marbre, entièrement équipée comme jamais Karine ne pourrait en rêver. Certains chefs payeraient chère pour avoir un tel équipement. Un bar avec des tabourets très modernes permettent de délimiter l’espace avec l’entrée. A droite de la bibliothèque se dresse une immense table à manger longeant également une cheminée ornée de sculpture murale. Lucie est également totalement subjuguée par la beauté du lieu. Elle qui n’aime pas trop les signes de richesses, elle ne peut que reconnaitre la beauté du lieu, l’équilibre parfait des espaces. Elle visualise déjà les photos qu’elle pourrait prendre, les effets de lumières qu’il doit y avoir lors des couchers de soleil. Elle ne réalise pas encore qu’elle va vivre ici durant des mois. La visite se continue avec l’accès à la terrasse après avoir longé la bibliothèque, sans aucun autre vis-à-vis que celui du lac. La visite continue en empruntant le couloir à gauche de la porte d’entrée, la première porte donne sur la salle de bain, jamais Karine n’avait vu une baignoire carrée au centre de la pièce… Enfin peut-on encore appeler cela une baignoire, Il s’agit plus d’une petite piscine de 2m de chaque côté avec de nombreux jets massant. Au fond de la pièce, derrière une vitre transparente, un immense pommeau zénithale indique la « zone douche ». Eric rassure ses invités car que les grandes fenêtres n’ont pas de volets ou de stores mais elles sont entièrement teintées et que de toute manière, il n’y a aucun vis-à-vis à cette hauteur.
Lucie commence à être plus mal à l’aise qu’impressionnée, elle a même la sensation d’être dans une parodie d’une émission de décoration d’intérieur où l’on te fait visiter chaque pièce lorsqu’elle est parfaitement rangée… Sauf qu’une fois que l’on vit dedans, tout n’est pas parfaitement rangé. Juste à côté de la salle de bain, la chambre d’ami dans lequel séjournera Karine et en face de celle-ci, celle qu’occupera Lucie. Les deux pièces se ressemblent avec un très grand lit, un bureau et des dressings aussi grands que la chambre de Lucie en France. Au bout du couloir, une dernière porte reste fermée, la chambre de Eric qu’il indique sans faire visiter à la surprise de Lucie qui s’imagine que cela doit être la seule pièce à ne pas être parfaitement rangée.

Alors que le soleil commence à se rapprocher des plus hauts gratte-ciels de Manhattan, les femmes prennent peu à peu possession de leurs chambres et notamment de leurs dressings, qui paraissent toujours vide même après avoir vidés leurs valises. Eric, de son coté, prépare le repas dans la cuisine. Ils invitent Karine et Lucie à le rejoindre sur la terrasse. Ils trinquent tous les trois à cette opportunité unique pour Lucie d’entrer dans l’une des écoles d’arts les plus prestigieuse de la côte Est. Durant tout le repas, Eric répond à toutes les questions que Karine et sa fille se posent sur les Etats-Unis, si tout ce que l’on voit dans les films est vrai ou non.

Rapidement après le dessert, alors que la nuit est tombée, que les immeubles s’illuminent de milles lumières, Lucie se lève pour aller se coucher, tombant totalement de fatigue et portant peu d’intérêt à la discussion entre sa mère et Eric. Cela fait maintenant trente minutes qu’il demande des nouvelles de tous leurs anciens amis de la fac, ce qu’ils sont devenus tout en continuant à descendre régulièrement une bouteille d’un très bon vin selon sa mère.

— Bonne nuit, à demain. Dit-elle en débarrassant ses couverts et rentrant à l’intérieur, laissant ainsi Eric et Karine seul dans un long silence.
Eric et Karine regardent Lucie entrer et traverser le salon, puis se regardent alors sans dire un mot durant de longues secondes. L’un en face de l’autre. Karine boit une longue gorgée de vin sans dévier son regard.
— Comment ? Chaque syllabe est parfaitement détachée de l’autre, faisant comprendre l’impatience qui était la sienne de poser cette question.
— Comment quoi ? Répond Eric en affichant un léger sourire au coin de ses lèvres. Karine lève la main et montre l’immeuble puis la vue sur New-York.
— Comment le Eric, que je connaissais il y a vingt-cinq ans, a fait pour en arriver là aujourd’hui ?
— Comment il était cet Eric d’il y a vingt-cinq ans ?
— Tu n’as pas changé, tu évites toujours de répondre aux questions en en posant une autre. Eric sourit en voyant que Karine n’a pas oublié cette petite technique.
— Je suis juste curieux de savoir quelle image tu as gardé de moi…

Karine reste silencieuse, elle sait qu’elle ne doit pas craquer. Eric a toujours aimé jouer avec les mots, tourner les phrases d’une manière qu’elle peut avoir deux sens et en fonction de celui que l’on perçoit, Eric comprend ce que vous désirez entendre. Si elle répond, il adaptera son histoire en fonction… Karine ne doit pas craquer. Eric sourit et attend, fixant sa proie tel un loup en chasse.

— Un mal pour un bien… Ou plutôt un mal pour des biens. Répondit-il de façon énigmatique. Leurs regards sont plongés l’un dans l’autre. Puis Eric décroche, savourant ce moment, prenant sa respiration pour calmer son cœur qui bat à la chamade. Il a appris après toutes ces années à ne pas montrer ce qu’il ressent, si seulement Karine savait dans quel état il se trouve actuellement, le ventre noué par le stress, les jambes tremblantes. Il ne doit rien montrer de tout cela.
— Quand je suis arrivé ici, il y a vingt-un ans, j’étais seul. C’est ce que je voulais, tout laisser derrière moi en France. J’imagine que tu dois te souvenir de mes motivations, au moins d’une, j’espère…
Il sait appuyer là où cela fait mal. Karine cligne des yeux et les baisse pour regarder son verre de vin à moitié vide.
— J’ai enchainé les petits boulots, serveur, barman, dans des bars, boites, restaurants mais j’étais ici pour vivre le rêve américain alors que je suis allé postuler dans des country clubs et autres lieux huppés. Les payes étaient bien meilleures. J’suis devenu coach sportif, j’entrainais les fils, filles, femmes et certains des hommes les plus riches de la ville. Pendant trois ans, j’ai pu apprendre comme jamais à savoir comment parler à ces gens, comment les motiver, les booster et obtenir le meilleur d’eux. Avec certains, j’étais odieux, je les insultais, je les maltraitais, je les humiliais mais à la fin, ils atteignaient toujours leurs objectifs. D’autres étaient plus sentimentales, fallait prendre le temps de leur expliquer, de les motiver en profondeur. C’est là que j’ai rencontré Mary, mon ex-femme, j’en avais 27, elle 22… J’ai commencé à la coacher, mais à la séduire aussi mais je n’étais rien… Je n’avais aucune chance mais pour elle… Elle, l’héritière, la fille unique d’une famille historique de New-York. Son grand-père a fait fortune dans l’immobilier ici. Au départ, on se cachait, je représentais l’exotisme européen, le petit français, le « voulez-vous coucher avec moi ce soir ? ». Cette phrase la rendait folle… Puis cela devenait sérieux entre nous alors elle m’a présenté à ses parents. Ce fut un drame, sa mère ne m’a jamais apprécié, elle m’a toujours vu comme un bouseux qui allait abimer sa jolie fleur de fille. En revanche son père, je n’ai jamais su comment ou pourquoi mais il m’a quasiment adopté. Quand notre relation s’est sue au Country Club, j’ai été viré immédiatement. Ça ne rigole pas ici… J’ai cru que j’allais tout perdre, que Mary allait me quitter mais non… Et même son père m’a embauché pour que selon lui, j’applique mes méthodes de coaching aux membres de son équipe. C’est comme ça que j’ai commencé le management… A trente ans, je me suis marié avec Mary, un an plus tard, elle donnait naissance à notre fille. En parallèle de ça, son père m’emmenait à toutes ses réunions pour que je fasse mon réseau, que je décrypte ses adversaires, ses concurrents. J’étais comme un poisson dans l’eau… A trente-cinq ans, sous ses conseils, j’ai écrit mon premier livre de conseil en management. A trente-huit ans, grâce aux réseaux qu’il m’a donnés, j’ai créé ma propre boite de consulting en management. A quarante et un an, j’ouvrais une filiale à San Francisco et mon entreprise a un carnet plein à craquer car tous me réclament… C’est grâce à lui. Eric marque à temps d’arrêt. Le timbre de sa voix a trahi son émotion. Il tente de se ressaisir.
— Je n’y crois pas… Tu n’as pas changé ! Tu as fait fortune sur ta capacité à dire aux autres comment faire les choses alors que tu ne sais pas faire ces choses. Karine est totalement envoutée par la réussite de son ami.
— Exactement, mon beau-père m’a quand même beaucoup aidé. Surtout car il n’a jamais été proche de Mary. J’étais le fils qu’il n’a jamais eu, le fils avec qui il pouvait échanger. Il ne me l’a jamais dit, mais je le savais et surtout il savait que je l’avais compris. Mais l’histoire parait belle ainsi… Il y a le revers de la médaille. Quand tu travailles jour et nuit, que tu es plus proche de ton beau-père que ta femme ne l’a été de son propre père, cela créé des tensions… Puis j’avais du succès, mes livres se vendaient très bien, j’étais reconnu pour ce que j’étais… Alors que Mary restait la fille de son père et rien d’autre… Je n’étais pas très présent avec la création de mon entreprise, je n’étais plus l’exotisme, l’interdit, j’étais devenu une copie de son père selon elle. Un jour, je suis rentré d’un déplacement à San Francisco, je suis arrivé dans le parking, je me suis garé à la place, à côté de la voiture de ma femme, et c’est là que je l’ai surprise sur la banquette arrière de sa voiture, en train de chevaucher un italien, un architecte… Des mois que cela durait … Le divorce a été rapide. Ici, on s’arrange entre avocats. Mary a eu la garde de notre fille, j’ai gardé l’appartement. C’était un cadeau de son père donc hors de question que je lui paye quoi que ce soit. J’ai donc eu l’appartement et tous ce qu’il y avait dedans gratuitement… Un mal pour des biens.
— Quelle histoire ! C’est… Wow… Et maintenant vous vous parlez encore ?
— Tu sais… Je ne lui en ai jamais voulu. Dans le fond, je la comprends même. J’étais devenu comme son père, un homme dévoué à son travail, prêt à tout pour réussir en délaissant sa famille. J’ai autant de lien avec ma propre fille que Mary en avait avec son père… Et Mary devenait comme sa mère, elle est clairement plus heureuse maintenant avec son italien qu’elle ne l’a jamais été durant notre mariage.
— Je sens qu’il va y avoir un « mais ». Eric sourit.
— Mais… un an après notre divorce, mon beau-père est décédé, ma belle-mère avait déjà succombé à un cancer quatre ans avant. Sauf qu’il m’a légué toute sa fortune, déshéritant totalement sa fille, c’est possible aux US… Il ne lui a pas pardonné l’adultère et le divorce… Depuis, Mary ne me parle plus et même ma fille me fait la gueule car selon elles, je les ai volés et que depuis le premier jour, c’était mon seul but. Tout obtenir d’eux…
— Mais quelle salope ! Le menton de Karine est posé dans le creux de ses mains, bras accoudés sur la table, elle a écouté cette histoire avec attention, bouleversée par tant de rebondissement. Elle tend sa main pour saisir celle d’Eric en face de lui. Ce premier contact physique est d’une infini tendresse, le pouce de Karine caresse délicatement celui de Eric. Délicatement leurs mains se redressent, leurs doigts s’entremêlent. Des frissons parcourent le corps de Karine, ses poils s’hérissent face à cette émotion grandissant en elle.
— Et toi ? Avec Christophe… La voix de Eric s’est refroidie soudainement comme s’il voulait douchait la chaleur montante de Karine
— Et bien de notre côté, nous en sommes à vingt-deux ans de mariage. Eric retire délicatement ses doigts de ceux de Karine, rompant ce contact.
— Ça ne doit pas être facile pour lui de te savoir ici et de me confier à votre fille alors qu’il ne m’a jamais apprécié.
— Ce n’est pas qu’il ne t’appréciait pas, il se méfiait de toi.
— D’un côté, il n’avait pas totalement tort…
Karine finit de vider les dernières gouttes de vin dans son verre avant de le boire d’un seul coup, n’osant plus regarder Eric.
— … Mais s’il se méfiait vraiment de moi, il serait venu avec vous. A la base, je vous ai invité tous les trois ans.
— Je sais mais je ne voulais pas abuser de ta gentillesse.
— Et j’ai insisté à plusieurs reprises et tu sais maintenant que financièrement, c’était parfaitement envisageable. Pourquoi tu ne voulais pas qu’il vienne ?
Karine hésite quelques instants, elle sait qu’elle ne peut pas mentir à Eric, il a déjà compris la véritable raison.
— Il aurait refusé ton aide… Alors oui, je lui ai menti. Uniquement pour que Lucie puisse réaliser son rêve. Il n’y a pas d’autres raisons.
Eric sourit et se lève en prenant la bouteille vide ainsi que les couverts.
— Toi non plus, tu n’as pas changé… Tu préfères lui mentir afin d’éviter que lui et moi, on se retrouve dans la même pièce mais comme par hasard pour que toi et moi, on se retrouve seul à seul… Comme avant ! Le sourire d’Eric en dit long, mais celui de Karine également, elle ne peut pas contredire ce fait évident. A son tour, elle se lève pour débarrasser la table de la terrasse. Ils se retrouvent dans la cuisine, sans dire un mot, à se frôler physiquement, à échanger des regards du coin de l’œil, scrutant le moindre geste, le moindre premier pas envers l’autre. Alors que Lucie dort déjà profondément, Eric et Karine s’arrêtent devant la porte de la chambre d’ami.
— Encore merci pour ce que tu fais pour Lucie, je suis prête à tout pour elle.
— Je t’en prie, c’est la moindre des choses. Il y a bien longtemps, je t’ai fait la promesse de toujours être là pour toi.
— Bonne nuit, Eric à demain.
Karine entre dans sa chambre et la referme en fixant Eric jusqu’à la dernière seconde où la porte n’était pas encore fermée. Eric rejoint sa chambre à son tour, s’écroulant sur son lit, cherchant à analyser chaque mot, chaque expression du visage de Karine lors de leur discussion nocturne.

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CHAPITRE 3 : PRENDRE SES MARQUES.

Jeudi 23 Août

L’appartement est totalement silencieux lorsque Lucie ouvre ses yeux, elle n’entend aucun bruit de la métropole. Lorsqu’elle voit qu’il n’est même pas encore six heures du moment, elle enfonce sa tête dans l’oreille et grogne. Elle tourne de long moment dans ses draps pour retrouver une position agréable mais rien n’y fait. D’autant que les premiers rayons de soleil commencent à passer sur les contours des longs et épais rideaux recouvrant la grande fenêtre. La jeune fille décide de se lever, sachant qu’elle n’arriverait à pas se rendormir. Elle s’assoit sur le bord du lit avant de prendre son élan et se diriger vers le rideau. Elle ne s’attendait pas à voir une telle vue, la fenêtre de sa chambre est orientée plein Est, le soleil commence à peine de se lever de l’horizon cacher par les innombrables bâtiments du Queens au-delà de Central Park puis de l’East River. Dans ce genre de moment, où elle est émerveillée par la beauté de ce qu’elle voit, elle a toujours les mêmes sensations dans son corps, des picotements surgissent à l’arrière de sa tête, près de sa nuque comme un frémissement de son subconscient puis elle prend une inspiration et à l’expiration, cela se diffuse jusqu’à ces épaules, son cuir chevelu mais cela reste encore sous contrôle… Puis cela s’intensifie ses picotements descendent sur son buste, dans son dos, allant dans ses bras, faisant hérissant ses poils invisibles, une autre inspiration et ces picotements se transforment en un déferlement le long de son dos.

Lucie saisit alors le sac dans lequel elle range toujours précieusement son appareil photo haut de gamme, et sort rapidement de sa chambre pour se rendre sur la terrasse. Le panorama sera bien plus beau puisqu’elle ne peut ouvrir la fenêtre de sa chambre. Elle est tellement excitée par l’idée de cette photo, de capturer ce moment, qu’elle en oublie sa tenue de nuit, un petit short de pyjama gris assez ample, certes mais qui lui arrivant tout de même en haut des cuisses, juste en dessous de la naissance de ses petites fesses rondes et d’un long débardeur ample blanc mais pouvant laisse apparaitre la pointe de ses tétons sous le fin tissu. L’appartement est totalement silencieux et elle prend soin de marcher sur la pointe des pieds afin de ne réveiller personne et de rester seule dans ce moment-là.

Eric se lève alors que le soleil est à peine levé, même lors de ses vacances, il a du mal à changer de rythme et à rester dans son lit sans rien faire. Il tente de lutter contre le mauvais réflexe de regarder son téléphone et le laisse poser sur sa table de chevet. Il enfile son boxer de la veille, son pantalon de pyjama, un tee-shirt et sort de sa chambre en pensant qu’il est le seul à être réveillé à cette heure-ci. Il traverse le couloir, puis arrive dans l’entrée, il ne tourne pas immédiatement la tête vers le salon. Il se sert un café, boit une gorgée et seulement après cela, Eric se rend compte qu’il entend le bruit de l’extérieur… Ils n’ont quand même pas pu oublier de fermer la porte fenêtre… Il dépasse la bibliothèque murale pour voir au bout du salon que la porte de la terrasse est ouverte. Il s’approche alors pour aller la fermer mais il finit par y voir Lucie.
La jeune femme est dos à lui, ses longs cheveux attachés en une queue de cheval volent légèrement dans le vent. Elle porte son appareil photo et ne cesse de prendre en photo le lever de soleil sur la ville. Elle tente plusieurs effets en positionnant un verre rempli d’eau devant le soleil. Eric reste quelques minutes a ainsi observer Lucie totalement absorbée par sa passion. Il ne voit pas ses yeux mais ils les imaginent pétillants d’émerveillement face à ce spectacle. De temps en temps, la photographe laisse échapper quelques mots entre ses lèvres
— Non, pas comme ça
— Ah oui, là ça rend bien !
— Peut-être qu’avec autre chose que de l’eau ?
La jeune femme se retourne alors et se stoppe voyant Eric la fixer avec un petit sourire en coin. Lucie se met à rougir, se trouvant bête d’avoir parlé seule et d’avoir été observée.
— Oh Désolé, je ne voulais pas te faire peur ou te déranger, tu avais l’air tellement absorbé par ce que tu étais en train de faire.
— Cela fait longtemps que vous êtes réveillés ?
— Je t’en prie, tu peux me tutoyer… On va vivre ensemble durant plusieurs mois.
La jeune fille bafouille un peu plus et a du mal à soutenir le regard et le sourire d’Eric.
— Oui, c’est vrai… Il va me falloir un peu de temps.
Un petit silence s’installe alors qu’Eric sort sur la terrasse pour profiter de la vue de la ville baigné dans la lumière rasante du Soleil. Il la dépasse puis se retourne vers elle.
— Tu as pu prendre de jolis clichés ?
— Oh oui… C’est tellement beau. Lucie baisse sa tête pour regarder les photos qu’elle vient de prendre. C’est vraiment incroyable de pouvoir être ici. Je n’en reviens toujours pas.
Pendant que Lucie cherche la plus belle photo pour la montrer à Éric, ce dernier, grâce aux rayons de lumière, découvre en transparence les deux pointes se dressant au sommet des deux monts sous le fin débardeur. Hier, en raison de ces vêtements amples, il n’avait pas vraiment fait attention mais maintenant qu’il peut deviner la forme des seins de Lucie, il se fait une petite idée de leur taille… Ni trop gros pour rester discret même sans soutien-gorge et apparemment pas trop petit pour être pris dans le creux d’une main. Éric détourne les yeux, amusé, de la situation et l’innocence de la jeune femme qui ne se doute pas de ce qu’elle offre à observer.
La jeune femme finit par tendre son appareil vers Eric pour que celui-ci découvre le cliché. Il doit admettre qu’elle a un vrai talent. Les immeubles sont en total contrejour, noirs, se dressant comme les barres du volume sonore d’une musique sur un fond rouge et or.
— Tu as vraiment un coup d’œil. Finalement tu n’as pas pris directement le soleil en photo comme la plupart du monde l’aurait pris.
La jeune femme rougit face à ce compliment. Lucie commence à lui expliquer, ce qu’elle aime lorsqu’elle prend des photos, justement cette recherche du détail, de la petite chose qui rend le paysage unique. Cela peut être la trainée d’un avion donnant une structure à l’image, un verre d’eau placé en premier plan pour donner un effet abstrait à la photo. Finalement, elle n’a pas plus de talent, juste plus d’imagination que les autres selon elle. Ils finissent par s’assoir autour de la table. Lucie sort son téléphone et commence à montrer à Eric les photos qu’elle a posté sur Instagram, lui expliquant ce qu’elle a cherché à transmettre comme émotion, comme message. Eric prend plaisir à observer le visage de la jeune femme, très expressif lorsqu’elle commence à parler d’une nouvelle photo. Elle se souvient de l’endroit précis de toutes les photos et de ce qu’elle a ressenti à ce moment. Durant plus d’une heure, ainsi, Lucie ne cesse de parler de ses photos de sa vision de la photographie. Parfois lorsqu’elle se tourne et se penche pour montrer à Eric, le débardeur se déforme, moulant et creusant le décolleté de la jeune femme.
— Je vois que tu es une vraie passionnée et que tu as beaucoup de talent.
— Merci, j’espère vraiment pouvoir le montrer.
— Après pour être honnête, des gens talentueux, y en a énormément là où tu vas… La compétition sera rude et les places sont chères. Le seul moyen de te démarquer, c’est de bosser plus que les autres.
— Ne commence pas à lui mettre la pression. La voix de Karine fait se retourner Eric et Lucie vers la porte de la terrasse. Même démaquillée, les yeux bleus azur de Karine sont magnifiques, Eric ne peut s’empêcher de sourire en reconnaissant intérieurement le charme naturel de son amie d’enfance. Discrètement, il découvre un peu plus la silhouette de Karine qui porte un pantalon en soie ample ainsi qu’un débardeur également en soie, laissant apparaitre les formes de sa silhouette et à l’inverse de sa fille, Eric devine le contour et la forme parfaitement ronde de son soutien-gorge. Eric est du genre à remarquer le moindre détail, même si ceux-ci sont parfois déplacés.
— Intégrer la prestigieuse école de l’International Center of Photography était la partie la plus facile. Combien d’étudiants entrent en première année et combien finissant la seconde année avec le diplôme ?
— On est presque deux milles lors du premier semestre et c’est presque du 50% à chaque examen…
— Donc plus que mille déjà en Janvier… cinq cent au début de la deuxième année… deux cent cinquante pour la dernière ligne droite et finalement une centaine seulement de diplômés et une seule personne reconnue comme étant la meilleure…
Eric a ce don de pouvoir poser sa voix sur chaque mot pour augmenter l’effet qu’ils ont. Lucie a l’impression d’être face à une montagne qu’elle ne peut arriver à gravir.
— Je sais… mais ça ne me fait pas peur. Je suis ici pour apprendre et prouver que je peux le faire. La voix fragile de la jeune femme masque en réalité sa détermination, la photographie est toute sa vie ! Rien, ni personne ne peut l’empêcher de réaliser son rêve.
— Parfait alors. Mais en attendant ta rentrée, il te reste une dizaine de jours. En aujourd’hui, on va pouvoir se promener dans la ville. Je vais prendre ma douche.

Eric laisse ainsi la mère et la fille discuter des photos que vient de prendre Lucie. Il fait coulisser la porte de la salle de bain et la verrouille. Il contourne l’immense baignoire carré en passant devant la double vasque en marbre et le miroir montant jusqu’au plafond. Il retire son pyjama et passe derrière la paroi vitrée et fumée de la douche italienne en marbre noire. Eric ferme les yeux et se détend en sentant les gouttes d’eau chaude tomber et couler sur son corps. Il repense au visage de Karine lui souriant, leurs doigts se mêlant, le fait qu’elle mente encore et toujours à son mari, son corps toujours aussi désirable. Il repense à celui qui avait l’habitude de la caresser en secret, il y a vingt-cinq ans, lorsque Karine et lui étaient amants et passaient du bon temps dans le dos de Christophe… Malgré tout ce temps, il n’a jamais oublié la façon dont Karine se cambrait en levrette… Rien que d’y penser, Eric bande sous la douche, son sexe s’est réveillé et se dresse à présent… Il fait glisser ses doigts sur le dos de sa verge avant de l’empoigner et à se caresser doucement… En fermant les yeux, il imagine le corps de Karine… Il tente de se remémorer les détails de ces moments intimes uniques entre eux mais il se souvient également des sentiments qu’il avait pour elle, de la douleur qu’il a ressentie lorsqu’elle lui a annoncé son mariage avec Christophe alors qu’ils étaient allongés l’un contre l’autre, nus, encore en sueur, alors qu’il venait à peine de jouir en elle… Le souvenir de leurs disputes et du départ pour les U.S… Des raisons qui l’ont forcé à s’exiler loin d’elle. Éric relâche son sexe et saisit son shampoing, détournant ses pensées pour réduire son érection.

Durant les quatre jours suivants, le trio parcoure les différents quartiers touristiques de la gigantesque métropole New-Yorkaise. De la Statue de la Liberté, à Central Park en passant par Times Square, Broadway et l’Empire State Building, chaque endroit est source d’émerveillement chez les deux françaises. Lucie, toujours accompagnée de son appareil photo est exaltée et vit un rêve éveillé. Pour elle, le summum du plaisir a été les visites des célèbres musées Solomon R. Guggenheim et du Metropolitan Museum of Art. Elle va étudier l’art de la photographie sous toutes ces formes durant les trois prochaines années, mais elle s’intéresse à toutes les formes d’arts et puis aucun doute qu’elle reviendra dans ces musées, tellement ils sont inspirants pour tous les artistes du monde. De son coté, Karine aurait préféré continuer à arpenter les rues bondées de Manhattan ou même d’aller visiter Brooklyn et le Queens mais l’enthousiasme de sa fille n’a pas de prix. Au lieu de cela, elle doit passer sa journée à regarder des statuts et des peintures qui se ressemblent toutes. L’avantage de cela, c’est que Lucie est tellement absorbée par les visites et les commentaires audio qu’elle ne fait pas vraiment attention au fait Karine et Eric ne cesse de se tourner autour.

Leur complicité ressort à chaque instant, chaque réflexion est l’occasion de se faire une blague, de se taquiner et de faire en sorte que ces longues heures au musée passent rapidement. Ils n’hésitent pas à se moquer de certaines œuvres d’arts, notamment les abstraites ou contemporaines que Karine définit comme de la branlette intellectuelle. Eric ne peut qu’acquiescer, en changeant de classe sociale en fréquentant son ex-femme, il a dû dire au revoir au foot pour s’intéresser au golfe et aux sports populaires américains… Au revoir le cinéma et bonjour le théâtre… Au revoir les sorties en boite et bonjour les vernissages de galerie d’art pour maintenir son réseau.
Avec le temps, il a appris quand même à apprécier certaines formes d’art, des artistes et apprécier en parler, c’est un sujet universel permettant de vite s’intégrer à une conversation que les gens soient adeptes ou néophytes. Lucie découvre cette facette de son hôte. Lucie découvre une nouvelle facette de son hôte. Lui aussi est passionné par l’art et notamment la peinture. Pour la première fois depuis son arrivée, elle et lui ont de vraies conversations presque naturelles, pas de celle forcée avec un sujet passe partout. Il lui fait la promesse de l’aider autant qu’il le peut et qu’il l’amènera volontiers à toutes les expositions qu’elle veut. Eric est également content d’avoir enfin un point commun avec Lucie, après tout, ils allaient vivre ensemble et ils auront au moins ce sujet de discussion.

Chaque soir, le trio termine sa visite dans des restaurants plus ou moins atypiques mais dans lesquels la clientèle féminine n’a pas connaissance des prix sur les cartes. Après ces délicieux repas, les longues heures de marche et de visites, chacun rejoint sa chambre pour dormir et se reposer avant la journée du lendemain.
Depuis le premier jour où elle est arrivée et à chaque fois qu’elle prend sa douche dans cette salle de bain luxueuse, Lucie constate que l’on s’habitue vite au luxe. Malgré le fait qu’elle ait toujours pensé que cela ne pouvait pas apporter le bonheur, lorsqu’elle prend tout son temps dans cette salle de bain de marbre, profitant de la douche à l’italienne ainsi que les jets hydro-massant sur son corps, que cela peut contribuer à rendre le quotidien bien plus agréable. Ses parents ont toujours du faire attention à l’argent, deux salaires de profs, cela ne protège pas des fins de mois difficiles. Alors qu’ici, Eric ne semble pas se soucier un seul instant du prix des choses. Encore sous l’effet du décalage horaire, aux premières lueurs du jour, Lucie se précipite sur la terrasse afin d’observer le soleil se lever. Pendant qu’elle attend son tour ou que les autres finissent de se préparer, elle parcoure la grande bibliothèque allant du sol au plafond, formant un mur séparant le salon de la salle à manger. Elle se demande encore si Eric a lu ne serait-ce que 30% des livres de cette bibliothèque. Elle y a trouvé de vieux livres de collection, des romans modernes, des autobiographies d’hommes et de femmes politiques, d’affaires ou sportifs, des comics, des revues philosophiques, artistiques ou scientifiques… De quoi lire durant plusieurs mois… Chaque soir, elle adore se laisser tomber sur son lit… Cela ne fait qu’une semaine qu’elle est là mais elle se sent tellement bien qu’il s’agit de son lit… de son dressing… de sa chambre… Sa chambre dans laquelle personne n’entre sans son accord. Son lit, si grand, si moelleux… Oui, elle prend gout au luxe, elle le sait et elle le sent… Vivre ici durant les trois prochaines années sera un véritable délice… Et depuis le premier jour, une petite idée lui ronge la tête mais pour le moment, elle n’ose pas.

Chapitre 4 : Se retrouver

Dimanche 26 aout

Le quatrième jour de promenade se finit après une visite de l’une des expositions temporaires du musée Guggenheim. Chose rare à New-York mais tellement habituel pour des français, le trio décide de rentrer à pied jusqu’à leur domicile, seulement une vingtaine de minutes de marche les séparent de l’appartement, il suffit de traverser Central Park en longeant le célèbre réservoir de la forêt urbaine. Il est encore tôt et Karine souhaite profiter de la météo estivale, de cette douce chaleur de fin de journée pour descendre vers le sud de Central Park et de voir le fameux Bow Bridge, le plus grand pont du parc et que l’on voit très souvent dans des films et des séries. Lucie saute sur l’occasion de pouvoir se retrouver enfin seule dans l’appartement.

Oh, je vais plutôt rentrer… C’est que… je suis totalement crevé et heu… Est-ce que je peux prendre un bain ?

La voix de Lucie est toute douce, comme si elle n’osait avouer qu’elle désire surtout tester l’immense baignoire qui trône en plein milieu de la salle de bain. Eric est même totalement surpris que Lucie lui demande sa permission, en rougissant légèrement pour quelque chose d’aussi simple qu’un bain et ce dernier ne peut qu’accepter. La jeune fille laisse donc sa mère et Eric prendre un autre chemin et continuer à discuter de leurs vies respectives et notamment de tous les voyages et conférences qu’Éric a fait à travers le monde.

Pour la première fois depuis son arrivée, Lucie se retrouve seule… vraiment seule… Etant fille unique, elle a toujours eu l’habitude de s’occuper seule, d’être autonome. Alors qu’elle n’était qu’adolescente, ses parents pouvaient sortir et la laisser sans se faire trop de soucis pour elle mais comme tout adolescent, cette période est propice à de nouvelles expériences, de nouvelles découvertes… Parler de sexualité ou de masturbation est un sujet totalement tabou dans son cercle d’amis, même au lycée, certes les relations intimes avec leurs copains peuvent être un sujet de discussion, il est impensable pour l’une d’elle d’avouer pratiquer la masturbation. C’est donc seule que petit à petit Lucie a découvert le plaisir que pouvaient lui procurer certaines caresses à divers endroits de son corps. Plus elle ressentait les plaisirs ressentis par ces caresses et plus elle avait envie d’explorer sa sexualité, de connaitre réellement le plaisir si tabou d’être nue devant un homme, de découvrir la sensation de ressentir le sexe d’un homme la pénétrer et surtout le plaisir d’avoir un orgasme. Au début, Lucie attendait systématiquement d’être totalement seule pour s’abandonner à un plaisir solitaire, ne pouvant prendre le risque de se faire surprendre par ses parents… Rapidement elle utilisa son smartphone pour consulter certains sites pornographiques afin de combler sa curiosité. En réalité, ces vidéos lui firent se poser plus de questions encore… Par exemple, pourquoi les actrices gémissent si fort, voir crient à la moindre caresse clitoridienne alors que de son coté, Lucie soupire à peine après quelques instants… Et surtout comment des pénis aussi épais font pour rentrer sans que cela soit douloureux… ? Lucie a donc compris rapidement que ces vidéos sont avant tout des fictions et qu’elle a bien plus de plaisir en imaginant seule de son coté, plutôt qu’en visionnant et en voulant copier un film porno. C’est dans la salle de bain qu’elle appréciait le plus prendre un temps pour elle… son sanctuaire de plaisirs… Seule, enfermée, avec le bruit de la douche, laissant certains jours, ses doigts caresser son corps …

Perdue dans ses pensées, elle arrive rapidement à l’appartement, déjà excitée à l’idée de se faire couler un bain et de pouvoir enfin se caresser après cinq jours. Elle le sait, elle est en manque, elle ressent son corps réagir à la moindre pensée ou vision érotique. La jeune femme retire ses chaussures et se dirige rapidement dans la salle de bain. Elle commence à faire couler l’eau dans la baignoire carrée. La jeune fille retirer ses vêtements sans perdre une seconde, se retrouvant nue face à l’immense miroir surplombant la double vasque encastrée dans une plaque de marbre blanc. Son corps porte les marques de bronzage due à son maillot de bain, deux traits obliques coupant ses seins en deux, une partie qu’elle dévoile et l’autre qu’elle cache, ses tétons rose foncé pointant très facilement à la moindre excitation, son ventre plat sur lequel se dessine faiblement ses abdos lorsqu’elle tente de les contracter, la repousse de ses poils pubiens qu’elle meure d’envie d’épiler au laser pour s’en débarrasser définitivement dès qu’elle en aura les sous, elle se retourne en se levant sur la pointe des pieds afin de regardes le bas de son dos ainsi que son petit fessier et la marque de son bas recouvrant les trois quart de chaque fesse.

Les deux amis d’enfance se dirigent lentement vers le Bow Bridge tout en discutant de la vie New-Yorkaise, des petites habitudes qu’Eric a pu prendre et petit à petit, il en arrive à parler de ce qui lui manque de la France.

— On dit souvent que la nourriture est très différente, mais honnêtement pas vraiment car ici tu trouves facilement des boulangeries ou traiteurs Français qui proposent de des produits comme chez nous.

— Donc si je comprends bien, après ces années rien ne te manque vraiment de la France ?

— Rappelles toi pourquoi je suis parti aussi… J’avais de bonnes raisons, je crois. Eric lance un regard complice à Karine mais avec une pointe de sarcasme. En France, quel que soit le domaine, rien ne fonctionnait comme je le voulais… Alors qu’ici… tout s’est réalisé.

— Vu comme ça, c’est vrai que la France et tout ce que tu as quitté à ce moment n’a jamais dû te manquer.

Eric s’arrête de marcher et fixe Karine droit dans les yeux, son regard a changé, il ne sourit plus.

— Normalement, c’est moi qui joue sur les mots… Alors jouons franc-jeu… Qu’est-ce que tu essayes de me faire dire ?

Le cœur de Karine s’emballe, jamais ils n’ont parlé ouvertement de ce qu’il s’est passé entre eux. Jamais Karine n’a trouvé les mots pour expliquer la situation dans laquelle elle s’est retrouvée avant d’épouser Christophe. Éric était son meilleur ami d’enfance mais elle n’a pas arrêté de repousser les multiples avances ou sous-entendu. Au fond d’elle, Karine aimait ce jeu de séduction, avoir ce genre de proposition et les mettre sur le ton de l’humour. A la fin du lycée, elle a commencé à fréquenter un garçon du nom de Christophe. Elle a craqué lors de sa première dispute avec lui, en se réfugiant dans le lit d’Éric… Comment elle a pu aimer être infidèle, à coucher plus ou moins régulièrement avec son amant alors que sa relation avec Christophe devenait de plus en plus sérieuse… De son point de vue, cela a toujours été clair, il n’y avait pas d’amour entre eux, juste une amitié et une complicité sexuelle. Cela a toujours été plus simple avec Eric qu’avec Christophe, elle arrivait à se lâcher complètement. Au fond d’elle-même, elle avait conscience que son amant avait des sentiments pour elle mais Karine n’a jamais eu le courage de mettre fin à cette relation car elle aurait fait souffrir Eric. Elle espérait surtout le jour où il prendrait cette initiative mais le jour où celui-ci lui annonça son départ pour une période indéterminée pour New-York, elle ne s’y attendait pas et elle vécut cela comme un abandon de sa part… Eric reprend la parole, voyant que Karine encore une fois lui tient tête et ne souhaite pas lui répondre.

— Si je résume grossièrement, tu souhaites savoir si tu m’as manqué ? L’espace d’un instant, Karine détourne son regard de celui d’Eric qui vient d’obtenir l’information qu’il souhaitait avoir. C’est donc ça ! Tu as envie de savoir si tu m’as manqué depuis tout ce temps.

— Evidemment ! Tu es parti du jour au lendemain, me laissant seule, sans aucune explication à l’autre bout de l’océan…

— Seule ? Tu es sûre que tu étais seule au moment où je suis parti ?

— Je croyais que tu voulais jouer franc-jeu, sans mots de jeu, sans tournure de phrase !

— Ok… Je vais répondre franchement. Éric s’approche de Karine, ainsi les deux amis se font face à quelques centimètres l’un de l’autre. Durant les premiers mois après ma venue ici, je n’ai pas cessé de penser à toi… Au fait que nous avions créé une relation unique dans laquelle on se disait “Je t’aime” mais sans que cela soit réciproque, que j’ai attendu des années pour que tu acceptes de coucher avec moi, que finalement tu as craqué par dépit et par facilité un soir où Christophe n’était plus parfait à tes yeux, que j’ai accepté d’être le second, d’être celui que tu caches en attendant que tu finisses par me choisir officiellement… Mais finalement tu m’as fait comprendre que jamais je serai l’officiel, que je n’avais pas ma place à tes cotés.

— Je…

— Je n’ai pas fini… Karine se fige, ne pouvant même plus lever les yeux, tellement la honte de s’être comportée ainsi la tétanise. Je suis parti à cause de toi mais sans cette relation, jamais je n’aurais eu le courage de tout quitter pour venir m’installer ici, jamais je n’aurais la détermination de réussir donc si je suis où j’en suis aujourd’hui, c’est grâce à toi…

Karine lève les yeux, ils sont embrumés, sur le point de pleurer. Son corps tremble sans qu’elle puisse se contenir.

— J’ai souvent pensé à toi, à ce que l’on a vécu et si j’avais l’opportunité de remonter le temps pour modifier quelque chose ou non, je ne changerai rien à ce que l’on a vécu ensemble. A présent, je n’ai que de bons souvenirs de notre relation. A toi de jouer franc-jeu à présent…

Karine racle sa gorge, avant de prononcer chaque mot avec une lourdeur, comme si elle tentait de réciter un texte appris il y a des années.

— Depuis ton départ, je n’ai pas cessé de me faire des scénarios dans ma tête. Et si Christophe nous avait un jour découvert ? Et si j’avais été amoureuse de toi plutôt que de lui ? Et si avant ton départ, il m’avait quitté ? Et si tu étais resté, combien de temps cela aurait duré ? Est-ce que j’aurai eu le courage d’arrêter cette folie ? Ou bien est-ce nous aurions continué à coucher ensemble ?

N’ayant jamais eu de nouvelles après son départ, Eric a toujours pensé que Karine ne pensait jamais à lui, que finalement il n’avait été qu’une roue de secours. Aujourd’hui, il réalise que depuis tout ce temps, il a toujours été dans les pensées de l’ancien amour de sa vie.

— Et as-tu les réponses à ces questions ?

— Non, ce ne sont que des suppositions mais il y en a une pour laquelle, je n’ai jamais voulu trouver la réponse… Le silence d’Eric, entraine automatiquement la réponse. Car répondre à cette question ne faisait aucun sens et cette réponse me fait peur.

— Quelle est cette question, Karine ?

— Et si aujourd’hui, je décidai de quitter la France et de venir ici… Que se passerait-il ?

Lucie est allongée, le corps entièrement immergé dans l’eau chaude de l’immense et profonde baignoire. La tête posée au milieu de l’un des rebords, elle peut écarter les jambes et les bras sans bouger les autres rebords. Les yeux fermés, la musique provenant de son smartphone couvre le bruit des clapotis. Elle pourrait profiter de sa solitude et de sa nudité pour s’accorder un moment de plaisir mais actuellement, elle ressent plus le besoin de simplement se détendre et de se vider l’esprit. Avant qu’elle ne fasse sa première fois, elle pouvait se caresser plusieurs fois par semaine car elle désirait d’une certaine façon être préparée à l’acte sexuel.

Lorsqu’elle eut son premier véritable copain peu de temps après ses 17 ans, elle put constater que cela était très différent de ce qu’elle imaginait. Sa première fois fut un désastre total… Son ex-copain était très mal à l’aise à l’idée d’être nu, lors des préliminaires il ne fut pas très délicat et ne semblait pas connaitre le rôle du clitoris et chercha immédiatement à doigter Lucie. Puis au moment de la pénétrer, cela fut douloureux pour elle et cela ne dura que trois minutes… elle ne ressentit aucun plaisir, et fut terriblement frustrée… Alors que pour lui, c’était “fantastique”… Elle tenta à plusieurs reprises mais rien n’y faisait… Lors de la pénétration avec lui, elle ne ressentait aucun plaisir… En revanche seule avec ses doigts, elle ressentait beaucoup de plaisir… Donc elle se demanda ce qui clochait chez elle et elle n’eut jamais le courage de tenter d’autres positions que le missionnaire ou même autoriser son copain à la lécher. Elle perdit toute confiance en elle au point de ne plus se masturber trois à quatre fois par semaine comme avant, mais uniquement lorsqu’elle se sentait excitée, et très souvent cela arrivé en prenant une douche après une soirée, en étant légèrement alcoolisée.

Elle se dit qu’ici les hommes sont peut-être différents et qu’il y en aura un dans sa promo qui sera un peu mignon, pas trop con et avec suffisamment d’expérience pour lui donner cet orgasme qui lui échappe depuis toujours car même seule, elle n’a jamais réussi à atteindre ce nirvana. En attendant, après plus de trente minutes à divaguer dans ses pensées, Lucie sort enfin de son bain et se sèche rapidement pour faire une chose qu’elle apprécie à chaque fois… Elle ouvre la porte de la salle de bain et tends l’oreille pour entendre si sa mère et Éric sont rentrés de leur balade… Apparemment, elle est toujours seule.

La jeune femme sort de la salle de bain et s’avance dans le salon en tenue d’Eve, tenant sa serviette à la main au cas où… Dans la maison de ses parents, à l’étage, il n’y a que sa chambre et sa salle de bain, ses parents ayant une suite parentale au rez-de-chaussée et leur propre salle de bain… Ainsi elle a rapidement pris l’habitude de sortir nue ou avec la serviette enroulée autour du corps pour rejoindre sa chambre. Parfois lorsque ses parents s’absentent pour un week-end, cela lui arrive de rester ainsi durant une heure sans s’en rendre compte… Elle n’arrive pas à expliquer pourquoi mais ne porte aucun vêtement lui donne une sensation de liberté… Malheureusement, elle n’a jamais pu tenter l’expérience à l’extérieur, son jardin possède trop de vis-à-vis avec le voisinage. Plus Lucie s’avance nue dans le salon et plus une interrogation grandit en elle.

— Et s’il y avait des caméras ?

Cela serait gênant évidemment mais la jeune femme souhaite juste se sentir libre et peut-être qu’une part d’elle a envie d’exhiber de façon presque innocente son corps. Juste au moment où celle-ci ressent une excitation se propager dans son corps, elle entend soudainement le bruit de l’ascenseur ainsi que la voix de sa mère. Sans perdre une seconde, Lucie se met à courir dans l’appartement sans prendre la peine de masquer son corps. Elle atteint facilement sa chambre juste avant qu’Éric n’ouvre la porte d’entrée. Lucie fait coulisser la porte de sa chambre et pose son dos contre celle-ci et prends une grande inspiration, le sourire aux lèvres, excitée par cette soudaine situation.

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Une impression ou cela a moins de succès ou de réaction quand il n’y pas directement de quoi se mettre sous la dent ? ^^

Trop d’un coup je pense ! J’ai commencé à lire et j’ai deux trois trucs à dire mais je n’ai pas encore tout lu…

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Très belle lecture

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Chapitre 5 : Se parler

Lundi 27 Août,

La mère et la fille se retrouvent aujourd’hui seules pour leur journée touristique, Éric leur a organisé une croisière autour des différentes îles de New-York pendant que ce dernier retourne travailler à son bureau. Toute la journée, chacun de leur côté, Eric et Karine repense à ces mots échangés sur le Bow Bridge. Ce fut la première fois depuis qu’ils se connaissent, qu’ils ont osé aborder le sujet de leur sentiment. Eric pensait depuis le temps que ce traumatisme ne l’affecterait plus, surtout après son mariage avec Mary… Après son arrivée à New-York, il a tout fait pour ne plus penser à Karine, tout est allé tellement vite… Depuis son divorce et avec l’importance de son rythme de travail, Eric ne fréquente pas beaucoup de personne qu’il peut considérer comme des amis. Les relations amicales qu’il avait lorsqu’il était marié sont des amis de son ex-femme. Ils sont donc restés fidèles à Mary après le divorce et surtout après la rupture de contact lorsque celle-ci fut déshéritée. Il croise régulièrement les mêmes personnes dans son club de sport pour riches actifs mais Eric a passé l’âge de faire semblant de s’intéresser aux gens. A présent il s’agit plus de relations avec intérêt que de réelles amitiés.

Georges est la seule personne qu’il peut considérer comme un ami. Il possédé un niveau de vie équivalent de celui d’Eric et surtout il partage la même aversion pour ce milieu de faux semblant, en revanche il s’agit du conjoint de la meilleure amie de Mary… Les deux hommes se connaissent depuis que Mary et Eric ont commencé à se fréquenter et le courant est passé immédiatement. Après tout ce temps, et malgré leurs emplois du temps chargés, ils se retrouvent donc plus ou moins régulièrement dans un bar salon huppé réservé à une clientèle très aisée. Georges est un bon vivant, originaire d’Irlande, ayant succédé à son père à la tête de l’empire immobilier familiale, il fait en sorte d’assurer la continuité de son activité en faisant le minimum en déléguant la plupart de son travail et ainsi profiter au mieux de la vie. Son agenda est principalement rempli de déjeuner, de fête mondaine et le peu de temps libre se partage entre sa vie de famille dont ces cinq enfants et de charmantes jeunes femmes rémunérés. Il ne se cache pas d’aimer la compagnie de ces femmes auprès d’Eric.

Les deux hommes se retrouvent ce lundi en fin de journée. Assis dans des énormes fauteuils matelassés se faisant face, séparés par une petite table en verre au design recherché, leur verre de rhum dans la main.

— Attends avant de me raconter la suite, j’ai besoin de résumer les choses. Si j’ai bien compris… Depuis tout ce temps, tu as toujours aimé cette Karine ? Georges exagère sa pose de réflexion en frottant son crâne dégarni.

— Pas vraiment, je n’avais plus aucun contact avec elle, je n’avais aucune idée de sa vie, et de ce qu’elle était devenue…

— Mais tu aimais toujours celle de tes souvenirs ?

— Peut-on vraiment cesser d’aimer la première femme que l’on a aimé et que nous gardons dans nos souvenirs ? Georges roule des yeux, exaspéré de la manie de son ami de répondre aux questions par une autre question.

— Donc tu l’aimes toujours ?

— Ce n’est pas si simple…

— Tu as tout quitté en France à cause d’elle ?

— Tu sais le rêve américain, c’est assez valable comme excuse je trouve.

— Durant ton mariage, tu pensais souvent à elle ?

— Cela dépend de ce que tu entends par souvent. Nous n’en avons peut-être pas la même définition.

— Quand tu fermais les yeux en baisant Mary ou en levrette, tu essayais de te souvenir de Karine ?

— Georges… Je ne suis pas comme toi.

— Et bien, grand bien te fasse mais je prends cela pour un Oui… Et quand elle est revenue te demander un service, tu as accepté sans aucune hésitation ?

— C’est ce que font les vrais amis entre eux…

— Des vrais amis qui ne se parlent pas pendant plus de vingt ans ?

— Eh bien oui, c’est cela la vraie amitié monsieur ! De l’entraide. Eric se redresse de son fauteuil, prenant son verre et prenant ses grands airs. Répondre au besoin d’un ou d’une amie, sans rien attendre en retour, de ne pas hésiter à dire oui, à tendre la main et…

— à lui bouffer la chatte quand l’occasion se présentera. Eric se sent comme abattu en plein vol.

— Tu auras pu me laisser finir.

— Non, quand tu dis de la merde, je préfère t’arrêter ! Bref…Et donc ensuite, à l’aéroport quand tu l’as vu, tu l’as reconnu une moins d’une seconde et tu l’as trouvé magnifique.

— J’ai le droit de la trouver jolie non ?

— Lors des jours suivants, durant les visites, vous avez retrouvez la même complicité qu’auparavant, les coups de bites en moins pour le moment.

— Avec elle, cela n’a jamais été une histoire de coup de bites !

— Et lorsque celle-ci te demande ouvertement : Et si je quitte mon mari pour te rester ici à tes côtés, toi tu lui réponds ?

— Je ne sais pas !

— Tu es con !

— Ca, Je le sais… mais je ne sais pas ce que je veux !

— Tu es le roi des cons !

— Y a une partie de moi qui aimerait la retrouver car je la trouve toujours aussi belle, toujours aussi passionnante lorsqu’elle parle, et elle est toujours aussi charmante… et que j’aimerai retrouver ces moments avec elle.

— Tu veux taper au fond en gros…

— Et l’autre partie de moi qui ne veut pas car j’ai changé ! Je ne suis plus le même Eric qu’il y a vingt ans. Je suis devenu plus sûr de moi, je donne quand même des conférences et j’écris des livres sur la confiance et l’estime de soi. Et j’estime avoir avancé et avoir réussi ma vie et là je vois que, elle, elle désire tromper son mari avec moi comme il y a vingt ans. Elle n’a pas changé, pas évolué ! Elle pense qu’elle peut claquer des doigts, se mettre à quatre pattes et que je la fasse jouir comme avant. Faire cela, voudrait finalement dire que je n’ai pas évolué, que je suis resté au même stade émotionnel qu’il y a vingt ans ! Que je m’abaisse à son niveau et faut avouer qu’elle a une sacrée vie de merde si après tout ce temps, elle espère profiter de l’opportunité que sa fille a, pour oser enfin quitter son mari.

Georges reste quelques secondes silencieux à réfléchir, ses mains croisés au niveau de sa bouche, ses deux index posés sur ses lèvres.

— Donc tu n’as que deux choix… Sois-tu craques et tu la baises une fois puis elle retourne en France avec son mari… Sois tu te venges en lui faisant comprendre que toi, tu es passé à autre chose et que tu vaux mieux qu’elle.

Eric acquiesce

— Et en aucun cas, même si vous couchez ensemble, elle ne pourra rester ici.

— Surtout pas maintenant ! Enfin, pense à Lucie, sa fille… Elle a une opportunité aucune de faire l’une des plus prestigieuses écoles de photo… Tu crois qu’elle pourrait continuer à vivre chez moi si elle découvre que sa mère a profité de cette occasion pour me retrouver, pour coucher avec moi et quitter son mari… Que finalement elle se fout des études de sa fille… Non ! Je ne pourrai plus me regarder dans le miroir si je brise le rêve de cette gosse.

— Ok, je valide.

— Mais tu vas la baiser ou te venger ?

— Je ne sais pas…

— Et si tu la baisais et que tu lui disais d’aller se faire foutre après ?

— Ça serait cruel et je ne souhaite pas l’être… C’est une amie.

— Dont tu as envie de te venger…

— C’est compliqué… Rien que la voix d’Eric traduit son ressenti face à la situation.

— Tu pourrais te venger en ramenant chez toi une escorte

— Jamais je ne payerai une escorte.

— Que tu es têtu ! Et comment s’appeler la femme du dernier diner de la fondation machin-chose… Celle du mois de Juillet-là.

Eric fait semblant de ne pas se souvenir avant que Georges reprenne.

— Mais si… Celle avec la robe rose, ça lui faisait une poitrine sublime, bien ferme, bien rebondi. Tu as été le seul à obtenir sa carte de visite, ça veut quand même bien dire qu’elle avait le string humide rien qu’en te voyant.

— Ne crois pas tout ce que disent tes escortes, une femme ne mouille pas juste en voyant un homme.

— Non mais c’est pour imagez les choses ! Tu n’as vraiment pas d’imagination… Tu as toujours sa carte oui ou non ?

— Je ne pense pas que cela soit la solution pour me venger de Karine.

— Ah bah voilà, tu as donc envie de te venger.

— Tu m’emmerdes Georges

— Moi aussi je t’aime, mon frère.

Le reste de la semaine lorsqu’Éric rentre à son appartement après sa journée de travail, il fait exprès d’engager la conversation avec Lucie, de passer plus de temps avec elle. Peu lui importe ce que lui raconte la jeune fille, son seul objectif est de délaisser Karine. Cela semble fonctionner, alors que Lucie montre ses photos à Éric, Karine ne peut s’empêcher de venir les rejoindre et tenter d’engager la conversation avec son amant d’enfance mais en vain. De son coté, Lucie est surprise par l’attitude de son hôte, durant les visites des premiers jours, elle avait remarqué qu’il s’y connaissait un peu en art et dans d’autres sujets qui la passionne. Discuter avec Éric est donc véritablement différent qu’avec ses parents. Chaque soir, Éric se couche en se demandant ce qu’il doit faire, normalement il arrive toujours à prendre une décision en se basant uniquement sur les faits, mais cette fois-ci c’est différent. Cela pourrait être bien la dernière fois qu’il voit Karine de sa vie… Pourquoi ne pas finir en beauté ?

Vendredi 30 Août

Le vendredi soir, après une énième longue journée de visite avec sa fille, Karine est épuisée. Cela fait une dizaine de jours qu’elle marche énormément de droite à gauche, de quartier en quartier accompagnant sa fille dans sa découverte photographique de cette ville gigantesque. Elle ne passe plus autant de temps avec Eric et se rend compte à l’évidence qu’elle aurait du mal à s’habituer à la vie à ses côtés. Elle culpabilise d’avoir eu autant de questionnement avant sa venue. Il est vrai qu’avec son mari Christophe, ils ont maintenant une vraie vie de routine, chaque semaine, les mêmes activités, les mêmes sujets de discussion et elle doit avouer que cela lui pèse parfois. Ces retrouvailles avec son amour de jeunesse sonnaient comme une possible échappatoire, en plus de la vie de rêve qu’elle pourrait avoir… Comparé à sa maison, sa voiture, ses sorties, Eric est dans un autre monde, non… dans un autre univers… Mais force de constater que la seule chose qu’elle a envie, c’est de rentrer, retrouver son mari et retrouver sa vie… Elle n’est pas à sa place ici ! Ce n’est pas sa vie ! Durant ces dix jours, elle a vécu dans une illusion, et elle n’a pas avoir de regrets ! Comme l’as dit Eric, si elle n’avait pas choisi de se marier avec Christophe, Eric ne serait jamais parti et il n’aurait jamais eu cette vie ! Mais il lui reste moins de 48 heures, peut-être ne reverrait-elle plus jamais Eric… Karine ne doit pas refaire la même erreur, elle ne doit plus avoir un seul regret lorsqu’elle rentrera… Et pour cela, elle sait ce qu’il lui reste à faire !

Les trois colocataires finissent le dîner sur la terrasse, admirant le soleil descendre sur la ville, le ciel légèrement couvert se teint de couleur pastel sublimes, mélangeant le rose, l’orange, et le bleu. Lucie se lève après avoir bien mangé et commence à débarrasser la table, faisant des allers et retours à l’intérieur jusqu’à ne plus revenir et laissant Karine et Eric seul à seul en tête à tête avec la bouteille de vin.

— J’ai repensé à ce que je t’ai demandé dans le parc l’autre jour.

Eric reste de marbre, fixant Karine sans la moindre expression sur le visage.

— Je ne peux pas rester ici… Tu as raison… Lucie a mérité de vivre ici, de réaliser son rêve. Ce n’est pas le mien et rester avec toi, briserait le sien. Je ne peux pas faire ça ! Une mère ne doit jamais briser les rêves de son enfant.

Eric reste silencieux, il n’écoute qu’à moitié ce que continue d’expliquer Karine. Finalement, ce n’est pas lui qui va décider si il doit se venger ou non, la femme qu’il en face de lui vient de lui couper l’herbe sous le pied. Il est à la fois soulagé et à la fois en colère. Encore une fois et comme toujours, Karine décide a sa place, pour lui… Non ! S’il souhaite se prouver qu’il n’est plus comme avant, il doit se venger… Il doit lui faire comprendre que c’est lui qui tient les rênes à présent.

— Très bien Karine, je partage ton avis, c’est la meilleure chose. Lucie est formidable et elle a un vrai talent. Et puis…

— Tu es quelqu’un de formidable Eric et je n’oublierai jamais ce que tu fais pour ma fille.

— Écoutes c’est normal entre amis de s’aider et…

— Par contre, je ne veux plus avoir de regrets et rentrer en France avec des « Et si j’avais fait ça… ».

Cette manie qu’elle a de couper la parole avant qu’il puisse dire quoique ce soit. Elle est vraiment la seule à le déstabiliser ainsi. En y repensant, si elle se comportait ainsi dans le milieu professionnel lors d’une réunion face à Eric, jamais il n’aurait laissé passer cela.

— Quel genre de regrets pourrais-tu avoir Karine ?

— De refaire les mêmes erreurs que par le passé par exemple.

Eric sourit, buvant une grande gorgée de vin.

— Et bien, je suis entièrement d’accord avec toi. Trinquons à nos erreurs communes que nous ne devons surtout pas reproduire.

Karine répond au sourire d’Eric et lève également son verre pour trinquer. Sans se quitter du regard et sans retenir leur sourire, les deux amis finissent leurs verres.

La partie intéréssante commence :wink:
Surtout que j’ai apporté pas mal de modifications à ce chapitre et celui qui suit également.
Bonne lecture.

Chapitre 6 : S’Adapter

Samedi 1er Septembre

Après dix jours, Lucie s’est acclimatée à l’heure locale et ne se lève plus aux aurores. Elle profite de chaque matin pour laisser son esprit et son corps s’éveiller en douceur. Bientôt les cours commenceront et cela sera un tout autre rythme. Elle étire son corps sous la couette avant de se retourner sur le ventre en enfonçant sa tête dans les oreillers. Lundi sera le premier jour du reste de sa vie, sa rentrée dans cette école de photographie, elle qui n’a jamais pris de cours de photo, qui a tout appris par elle-même. Glissant ses mains sous l’oreiller pour se blottir contre lui, un petit câlin réconfortant face au défi qui l’attend. Deux cent élèves tous autant passionnées qu’elle et surement plus talentueux. Son esprit divague, imaginant les cours, le profil des élèves qu’elle va croiser, peu à peu, elle imagine rencontrer un homme, pas un lycée, quelqu’un qui a de l’ambition sans être prêt à tout écraser pour réussir. Un séducteur qui ne soit pas un prédateur. Un charmeur qui ne soit pas un menteur. Une douce chaleur émane de son ventre, elle imagine un jumeau de cet acteur dont elle ne se souvient jamais du nom, un grand brun aux yeux bleus, l’air mystérieux qui la troublerait au premier regard. Son ventre se met à papillonner alors qu’elle remonte l’un de ses genoux sur le côté à hauteur de son bassin. L’une de ses mains abandonne l’oreille pour venir se glisser sous son corps et sous son short. Elle imagine les mains de cet homme sur son corps, de s’abandonner entre ses mains. Les doigts de Lucie se posent sur son sexe et commencent à appuyer délicatement dessus, écartant légèrement ses lèvres pour venir titiller du bout des doigts son clitoris. Les yeux toujours fermés, son autre main vient se placer au sommet de son crâne, se mêlant à ses cheveux. Toujours tourné sur le ventre, un genou relevé à hauteur de son bassin afin de permettre à ses doigts d’explorer sa zone de plaisir, Lucie se met à se pincer les lèvres, à sourire, ses respirations sont profondes et lentes. Son majeur et son index appuient, vont et viennent sur son bouton ou se glissent le long de sa fente humide. L’homme de ses songes prendrait son temps, savourant ce matin, laissant le temps à Lucie de monter. Il saurait quand accélérer, ce moment où le corps d’une femme bascule et désire plus de fermeté, plus de contact. Lucie commence à onduler son corps, creusant son dos, entrant ses doigts en elle quelques instants avant de retourner frotter son clito avec énergie. Il saurait à quel moment la prendre, la posséder et lui faire perdre toute emprise. Ce moment où la femme perd tout contrôle sur son corps, ou ses jambes se contractent et se mettent à trembler. Oui… Il saurait emmener Lucie au-delà de ce moment. Elle sent ses jambes vibrer, son corps se tendre mais à peine elle touche à cette sensation qu’elle s’évade comme un souffle, la faisant redescendre de son petit nuage, la ramenant sur Terre.

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Pour cette dernière journée avant le départ de Karine, Eric a réservé une surprise de taille à ces invités. Peu après le déjeuner, ils montent tous ensemble en voiture pour une destination inconnue. Ce n’est qu’une fois arrivé dans le parking du bâtiment qu’elles commencent à comprendre mais ce qui les attend en prenant l’un des nombreux ascenseurs en verre dépasse tout ce qu’elles pouvaient imaginer. Elles n’en croient pas leurs yeux, un immense hall de centre commercial de 4 étages s’offre à elle.

— Voilà mon cadeau de départ et de rentrée étudiante… Une journée shopping totalement offerte. »

— Pardon ? » - « Quoi ? ».

La mère et la fille n’en reviennent pas, après quelques regards lancés à droite ou à gauche, il est évident que les boutiques sont d’un standing bien plus élevé aux boutiques qu’elles ont l’habitude de fréquenter en France. Karine ne cherche même pas à contredire ou à faire changer d’avis Eric, elle sait que c’est peine perdue lorsqu’il a ce genre d’idées. Après être passée devant les premières boutiques, Karine entre des étoiles plein les yeux, observant les robes ou autres tenues élégantes sur les mannequins. Sa fille, même si elle admet de ces vêtements sont très jolies, ne peut se résoudre à accepter un tel cadeau. Eric vient à sa hauteur, curieux de connaitre la pensée de Lucie.

— Non mais je ne peux pas porter ce genre de vêtements, c’est grotesque.

Face à l’air surpris d’Eric la jeune femme se sent obligée d’argumenter

— Non mais c’est très joli comme fringues mais je ne vais pas prendre des photos en tenue de soirée.

— Ah oui ?! Et si tu es chargé de prendre des photos lors d’une réception mondaine ou même un mariage.

— Oui, d’accord… Mais ce n’est pas forcément le genre de photographies que j’ai envie de faire et c’est dans ce cas, oui ok, c’est un bon exemple. Ça reste qu’une école de photo.

— Une école de photographie à deux cent mille dollars l’année durant trois ans. Vous n’êtes que dix à ne pas payer cette somme sur les deux cent, tous les autres ont payés ou leurs parents. Crois-tu vraiment que ces personnes portent des vêtements à trente dollars.

Lucie ne sait pas quoi répondre, comprenant soudainement qu’elle entre dans un autre monde, totalement inconnu pour elle. Eric continue.

— Certes, les talons et les robes de soirées seront réservés pour les grandes occasions et je peux t’assurer que tu en auras bien plus que tu ne le crois… Tu vas découvrir également ce que sont les vernissages, l’endroit où tu créeras ton réseau, trouveras des contacts et dis-toi que tu es en compétition avec les autres, sur tous les aspects. Ces gens qui ont les moyens de payer une telle école vivent dans un autre monde et si ils apprennent que tu fais partie des boursières, ils te mettront de côté et feront tous pour t’écraser et que tu restes à ta place.

Eric marque un temps d’arrêt pour appuyer son propos.

— Oui… C’est cruel mais c’est la vérité. C’est pour cela que tu dois être plus malin qu’eux. Tu dois t’adapter à ce milieu qui n’est pas le tien, comprendre et utiliser ses codes pour t’intégrer, puis utiliser ces gens qui ne seront pas tes amis, qui ne sont que des opportunités pour toi de réussir.

Lucie se braque face à cette vision très masculine.

— Mais attends avant de protester. Je ne dis pas que tu dois écraser les autres, évidemment tu te feras des amis mais n’oublies jamais les enjeux et que certains n’ont pas la même vision et les mêmes valeurs que toi. Mais refuser d’accepter les codes du monde dans lequel tu entres, cela serait comme jouer à un jeu sans savoir quels sont les règles alors que les autres les connaissent. Alors qu’à l’inverse, si tu connais les règles, que tu peux les contourner ou faire en sorte qu’elles correspondent à ta façon de jouer, tu auras les bonnes cartes pour gagner la partie.

Lucie hésite, troublée par tant de vérités. Ses parents ne l’ont pas habitué à voir les choses de façon aussi froides, aussi réalistes.

— Donc si je n’ai pas des vêtements haut-de-gamme, je serais déjà éliminé d’office.

— A ton avis, c’est du 50% dans six mois, et encore pour entrer en deuxième année. Certains ne vont pas se priver d’isoler certaines personnes qu’ils considèrent comme inférieures. Je ne dis pas que c’est conscient mais ça sera la vérité et si tu ne leur fais pas croire que tu es de leur monde, ils ne t’y inviteront jamais. Les vêtements, c’est la première image que tu renvoie de toi mais ça te permet aussi de te conditionner. C’est purement psychologique, tu vois quand je mets un costard taillé sur mesure pour une conférence, je me sens légitime et les gens en face de moi se disent surement que je le suis, rien que par ma tenue alors que si je me présente à eux dans la tenue de la veille, à savoir un vieux tee-shirt Star Wars et en caleçon… Et bien, ils se diraient surement « il se prend pour qui lui à venir comme ça » alors que je suis la même personne.

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Lucie ne peut qu’admettre qu’Eric a raison et se résout finalement à entrer rejoindre sa mère dans la boutique. Peu à peu, elles ne font plus attention aux prix et choisissent leurs vêtements sans aucune contrainte. La mère et la fille ont toujours aimé faire du shopping ensemble et elles en profitent à fond avant leur séparation. Cette complicité leur fait oublier le prix des vêtements. Quel que soit la boutique dans laquelle, elles entrent, Eric se met en retrait pour les laisser choisir Durant plus de six heures et plusieurs allers et retours à la voiture pour stocker les sacs dans le coffre de la voiture, Lucie, ne faisant plus vraiment attention aux prix, a entièrement refait sa garde-robe avec une multitude de robes, de jupes, de pantalon, de chemisier et de pulls en tout genre tout en restant très sobre et raffinée. Attentive aux conseils de sa mère qui ne se privent pas également en achetant même une nouvelle valise pour faire tout rentrer lors de son retour.

Alors que la journée se termine, le trio a pris soin d’éviter d’entrer dans les boutiques de lingerie. A chaque nouvelle boutique, Karine et Lucie regarde les modèles en vitrine avec envie et curiosité. Lucie apprécie en effet la lingerie et la façon dont elle peut sublimer un corps mais elle n’a jamais osé franchir le cap d’en acheter. En effet, elle ne s’est jamais vu mettre dans la corbeille de linge-sale familiale son porte-jarretelle ou un body tout en dentelle avec lequel elle viendrait de faire l’amour. Hormis des strings, des tangas plus ou moins en dentelle, elle n’a rien de très extravagant. Quant à Karine, depuis sa grossesse et avec les années qui passent, cette dernière a de plus en plus de difficultés à accepter son corps mais la lingerie et notamment les corsets, les bodys et entre tenues l’ont aidés à contourner ses complexes absurdes. Cette lingerie lui permet notamment de maintenir sa poitrine, il y a bien longtemps que son bonnet D a perdu de sa fermeté et de plus en plus, elle a énormément de mal à regarder sa poitrine tomber ou bouger, cela fait quelques temps qu’elle pense à une opération. Mais aujourd’hui, si elle regarde les différents modèles avec intérêt, c’est pour une toute autre nécessité. De son coté, Eric s’imaginant également mal entrer et voir quelle lingerie la mère ou bien la fille aiment porter. Ils leur proposent donc de récupérer les sacs de leurs derniers achats, de les attendre dans la voiture pendant ce temps et de revenir payer quand tout sera mis en sac.

Après avoir fini leurs achats et avoir dîné dans un restaurant au sommet de l’un des grands-ciels pour apprécier le coucher de soleil, tout le monde finit par rentrer à l’appartement en étant totalement épuisé. Chacun finit par rejoindre sa chambre sur les coups de minuit et se retrouver dans son lit, seul dans ses pensées…

Lucie imagine sa journée de demain, la rentrée, les nouvelles rencontres, la tenue qu’elle a choisie est-elle vraiment bien ? Va-t-elle réussir à comprendre les autres… A partir de demain, elle va devoir uniquement parler anglais ! Elle y pense tellement qu’elle n’arrive pas à réellement s’endormir et reste dans un état de sommeil très léger, à la limite entre l’imagination et les rêves durant toute la nuit. Son esprit la ramène à cet homme qu’elle a imaginé ce matin.

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Eric est dans son lit, à regarder droit au-dessus de lui sans pouvoir trouver le sommeil. Karine part dans en début d’après-midi, il n’a donc que quelques heures pour faire quelque chose, reste plus qu’à décider quoi et il n’y pas beaucoup d’options selon lui. Cette fois-ci, il ne peut pas fuir mais il peut la laisser partir sans rien faire, seulement il n’a pas envie de cela. Il n’est plus le lâche qu’il a été auparavant. Soit il craque et lui avoue finalement qu’il a toujours cette flamme en lui, cet attirance intellectuel et physique pour elle, qu’après tout ce temps loin l’un de l’autre, ils pourraient construire quelque chose de nouveau. Il pourrait lui donner tout ce qu’elle désire et elle lui permettrait de remettre les pieds sur terre, de sortir de cette cage dorée dans laquelle il reste enfermé. Pour que cet aveu soit total, il faudrait la rejoindre dans sa chambre. Plus il y pense et plus il aimerait le faire, redécouvrir ce corps qu’il a autrefois connu sur le bout des doigts, il aurait pu le dessiner les yeux fermés. Mais cette option serait un aveu de faiblesse… Finalement sa fuite, sa vie durant toutes ces années n’auront servi à rien, il lui avouerait qu’il l’aime encore, toujours et tellement débile de prendre un tel risque face à elle qui lui a déjà brisé le cœur. La dernière option serait d’aller dans sa chambre, de tout faire comme la précédente option mais de lui faire comprendre que finalement, le temps est passé et qu’il n’y a plus la magie comme avant, que tous les deux s’est fini et qu’il avait juste envie de la baiser simplement… Mais cela serait être un connard absolu et totalement illogique après les deux semaines passées ensemble.

— Donc pour résumer, se dit Eric, j’ai le choix entre être un lâche, être un débile ou un connard.

Il finit par allumer la lumière pour lire son livre de chevet. Il n’y a pas un bruit dans son appartement et après de longues minutes de lectures, le coulissement de la porte de sa chambre le sort de sa lecture. Il n’en croit pas ses yeux. La silhouette de Karine se dessine dans l’obscurité, elle entre puis se retourne sensuellement pour refermer délicatement la porte derrière elle. Karine tremble de tout son corps, elle prend une dernière inspiration avant de se retourner vers Eric qui ne la lâche pas du regard. Elle n’a aucune idée de la réaction que va déclencher sa tenue. Depuis qu’elle a vu cet ensemble bustier – guêpière en dentelle rouge, accompagné de bas rouge également, elle imagine ce moment où elle avancerait vers le lit d’Eric. Sa poitrine parfaitement maintenue et bombée, ses tétons visibles sous la dentelle. Elle avance lentement vers Eric en le fixant ce même regard de séduction féline qui le rendait fou plus jeune. Ce dernier pose délicatement son livre sur sa table de chevet, ses yeux parcourent le corps de Karine, baissant peu à peu jusqu’à son sexe La vulve de Karine est ornée d’une courte bande de poils, bien taillée. Pierre la dévore du regard avant d’écarter la couette de son corps pour que sa partenaire puisse monter sur le sien sans dire un seul mot.

Grrrr tu. Laisses sur ma faim… Vite la suite !!!

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Chapitre 7

Comment y croire… Eric est allongé sur son lit, ses mains posées sur les hanches de sa partenaire. Ses yeux ne cessent de parcourir le corps de Karine mis en valeur pour son bustier. Lorsqu’elle entra dans sa chambre dans une telle tenue, son cerveau s’est comme mis en veille. Il a de suite compris l’intention de cette femme. Malgré les années, malgré la distance, malgré tout ce qu’il a pu imaginer, il se retrouve comme propulser dans le temps. Se retrouvant à ses vingt ans, amoureux de cette femme parfaite qui s’avance vers lui. Lorsque celle-ci se pencha sur son sexe pour le faire dresser dans sa bouche, il ne put que soupirer de plaisir, le contact de ces lèvres autour de son gland, de cette langue qui lui a tant manqué. Lorsque celle-ci l’enjamba face à lui, tenant et dressant sa verge pour venir s’assoir dessus, Eric exulta de plaisir… Redécouvrant avec douceur, cette sensation unique de glisser en elle. Depuis il ne peut qu’admirer sa queue disparaitre dans ce délicieux tourbillon de chaleur.

Comment y croire… Karine savoure chaque sensation, chaque caresse. Son cœur est sur le point d’exploser, son corps tremble depuis le moment où elle a décidé d’enfiler cette tenue et de venir dans la chambre d’Eric pour coucher avec lui. Après tout ce temps, après son mariage et ses années de fidélité, elle n’a eu aucune hésitation ! Elle repense à cette soirée, il y a dix-neuf ans, où Eric son meilleur ami et amant de l’époque lui annonce qu’il partait vivre aux Etats-Unis alors qu’elle lui avait annoncé un mois plus tôt son mariage avec Christophe. Suite à l’annonce de son mariage, elle s’était juré de ne plus tricher, de ne plus coucher avec son amant dans le dos de son futur mari. Des années qu’elle jouait ce jeu dangereux, prenant le risque de tout perdre, allant retrouver Eric à chaque difficulté. Coucher avec Eric était le seul moyen qu’elle avait de relativiser et de la chance qu’elle avait d’avoir Christophe… La nuit de l’annonce du départ d’Eric fut un désastre absolu, elle avait totalement craqué, suppliant Eric de rester, qu’elle avait besoin de lui… Cette nuit où elle fut infidèle pour la dernière fois, pensait-elle… Cependant ce soir, elle est à nouveau allée chercher ce gout de l’interdit prenant le risque de détruire sa vie de couple, de détruire sa fille si elle les surprend mais elle n’a aucun regret et se laisse totalement envahir par le plaisir en gémissant.

— Tu aimes toujours autant la levrette ? La voix de Pierre est saccadée, entrecoupé de respirations

— Tu n’as pas oublié à ce que je vois. Celle de Karine est douce, comme si l’idée de cette position suffisait à la troubler.

— Jamais je ne pourrai t’oublier.

Karine se soulève sans dire un mot. Le sexe trempé d’Eric retombe sur son pubis. En se tournant et se positionnant à quatre pattes, Karine offre l’une des plus belles vues pour bien des hommes et Eric fait partie de ceux-là. A genoux, entre les cuisses de sa partenaire, les fesses et le dos de Karine sous ses yeux, il fait glisser son gland le long de cette fente humide jusqu’à en retrouver l’antre. Son gland s’y enfonce lentement mais entièrement. Chacun savourant cette caresse sous ce nouvel angle. Karine ressent chaque centimètres s’enfoncer en elle, la remplissant. Eric gémit en sentant son gland englobé dans cette chaleur divine. Leurs mouvements s’harmonisent petit à petit, le dos de Karine se creusant pour se cambrer, les va et vient d’Eric pour aller plus profondément. Le bassin de ce dernier finit par écraser les fesses de sa partenaire, sa verge remplissant complètement l’antre de plaisir. Karine gémit et respire intensément.

— Ne bouge plus, laisses moi te sentir à nouveau.

Karine prend appui sur ses genoux et sur ses bras pour bouger, glisser, se cambrer et ainsi augmenter son plaisir. Même en levrette, c’est elle qui mène la danse avec Eric qui ne fait que regarder le corps de sa partenaire onduler autour de son sexe. Lorsque Karine se cambre au maximum, il pose ses mains sur ses fesses afin de les ouvrir encore plus et d’aider Karine dans ses mouvements. Ils n’ont plus aucune pensée, ils savourent ce moment rien qu’à eux. La femme commence à se déchainer, augmentant l’amplitude de ses va et vient, venant s’écraser contre le bassin de son amant. Les gémissements de chacun sont de plus en plus fort mais chacun tente de rester discret, subitement entre deux gémissements Karine s’éclaffe.

— Vas-y, baises moi.

Ces mots résonnent un fantôme du passé, à l’époque où Karine apprenait à Eric comment la faire jouir, comment ne pas penser qu’à lui et à son plaisir. Rien n’à changer après tout ce temps. Comme avant, Eric donne un grand coup de bassin, Karine se laisse tomber en avant, s’allongeant sur le ventre, Eric, toujours accroché aux fesses de sa partenaire, se redresse et prend appui sur le bassin de sa partenaire pour la pénétrer comme bon lui semble. Il alterne, courte pénétration et longue pénétration. Karine ressent cette fameuse vague, ce frisson qui semble prêt à exploser, cette douce sensation qu’elle n’a pas ressenti depuis longtemps, un vrai orgasme. Elle tente de le contrôler mais la verge de Pierre appuie de sorte à ce qu’à chaque passage, elle ressent cette décharge monté en elle. Pierre également tente de se contrôler, ses yeux fermés pour ne pas voir son sexe être avaler par les lèvres de Karine. Mais c’est inévitable…

— Continues ! Ça monte

— Je vais jouir

— Oh oui, vas-y remplis-moi !

Eric explose, collant son bassin contre les fesses de Karine, tirant vers le haut pour bien appuyer sa verge contre les parois de Karine, ces parois qui se resserrent sous les effets de l’orgasme féminin. Ce moment intense où le sexe d’Eric se contracte, lâchant sa semence et celui de Karine se contracte pour l’aspirer.

Après ces secondes hors du temps, Eric se laisse tomber aux cotés de sa partenaire, sur le dos, la respiration saccadée comme si il venait de courir un marathon, chaque muscle lui parait peser une tonne. Cela fait des mois qu’il n’a pas fait baiser, et il ne compte plus les années depuis qu’il n’a pas fait l’amour. Peu à peu le silence devient pesant, les deux amants se regardant, se souriant mais aucun n’arrive à trouver les mots. Cela fait deux décennies qu’ils ne s’étaient pas retrouvés dans un lit après avoir couché ensemble. Cette fois où, le sexe encore dégoulinant de sperme, Karine avait annoncé à Eric avoir accepté la demande en mariage de Christophe. Puis celle d’après qui fût la dernière, où Karine était venue supplier Eric de ne pas partir. Cela avait détruit tout espoir qu’elle finisse par le choisir et quitter son copain cocu. Il avait toujours espérer qu’elle finisse par le choisir mais ce ne fut jamais le cas.

Karine finit par se lever et se diriger vers la porte, remettant de l’ordre dans ces cheveux.

— Tu es sur de ne pas vouloir rester ?

— Eric… S’il te plait ! Ne gâches pas ce moment. Karine est dos à Eric encore allongé sur le lit.

— Tu disais ne pas vouloir repartir avec des regrets ou avec des « et si, j’avais fait ça… ». Et si tu ne repartais pas ?

— Je croyais qu’on était d’accord, je ne peux pas par rapport à Lucie.

— Tu pars du principe qu’elle ne comprendrait pas… Si tu lui dis qu’on était amoureux dans notre jeunesse et qu’on s’est retrouvés, qu’on a toujours pensé l’un à l’autre, et qu’on est…

— Eric, arrêtes ! Je suis désolé mais ma vie n’est pas ici. J’aime mon travail en France, j’ai mes amis en France, toute ma famille est en France et j’aime Christophe.

Le regard d’Eric s’assombrit, il pensait bêtement que cette venue signifiait quelque chose.

— Donc tes supplications pour me retenir, il y a vingt ans, c’était par amour pour Christophe ?

Karine reste sans rien dire, ne pouvant donner d’explications.

— Et là ? Ta venue dans ma chambre pour te faire baiser, pour jouir en toi ? C’est aussi par amour pour lui ? Et ta question dans le pac…

Karine se retourne, les yeux embrumées, aux bords des pleurs.

— Je te l’ai dit. Je ne peux pas rester ! Par rapport à Lucie et puis oui, j’aime Christophe, je suis heureuse au quotidien. Aujourd’hui, j’ai été folle de penser que je pouvais venir dans ta chambre et retrouver un instant les plaisirs qu’on partageait, de me sentir à nouveau jeune.

— Et tu n’as pas pensé à moi ? A ce que je ressentais pour toi ? A ce que je peux ressentir en te voyant entrer dans ma chambre et baiser comme ça ?

— Je pensais que tu avais envie également, et qu’on était d’accord sur les raisons pour lesquelles je ne peux pas rester. Réfléchis comme tu le fais si bien et tu verras que j’ai raison.

Karine se retourne pour sortir de la chambre en prenant soin de ne pas faire de bruit. Eric reste seul dans sa chambre, sans pouvoir trouver le sommeil. Imaginant toutes les situations s’ouvrant à lui. Doit-il aller dans la chambre d’amis et s’enlacer avec Karine afin de ne pas rester sur cette dispute. Doit-il aller lui dire d’aller se faire foutre. Doit-il lui dire qu’il l’aime et la supplier de rester, avec surement la même efficacité que lorsque Karine l’a supplié de ne pas partir pour New-York. Doit-il rester dans sa chambre et ne plus rien dire. Eric finit par s’endormir sans avoir trouver la réponse qu’il cherche.

Le lendemain matin, lorsqu’Eric se lève, la mère et sa fille sont déjà en train de prendre le petit déjeuner ensemble, évitant toute autre discussion. Chacun s’occupe de son coté de façon à ce que la matinée passe le plus vite possible. Eric se rend à sa salle de sport à quelques rues de là, pendant que les deux femmes finissent de préparer les valises pour le retour de Karine. Durant le brunch dans un restaurant non loin de l’appartement, Lucie ne se rend pas compte du froid glacial entre sa mère et son hôte, il évite totalement de se parler, préférant poser des questions à Lucie et la faire parler de sa rentrée. Lors du trajet vers l’aéroport, Karine ne cesse de réconforter sa fille, de la donner plein de conseils de maman. Une fois devant la douane, la mère et la fille se font un énorme câlin, triste de se quitter puis Lucie s’écarte, les yeux humides pour laisser Karine et Eric seul à seul

— Je crois que c’est le moment de se dire au revoir. Karine regarde Eric avec affection avant qu’il ne parle à son tour.

— Ou même de se dire adieu. Le sourire et le regard de Karine s’efface en une seconde.

— Vraiment, tu veux en rester là ?

— Oui, j’y ai bien réfléchi comme tu me l’as demandé et je crois que je dois arrêter d’attendre quoique ce soit venant de ta part. Pour toi, je ne suis qu’un divertissement.

— Et Lucie ?

— Elle a mérité d’être ici, elle a réussi à obtenir la chance de réaliser ses rêves. Je ne ferai jamais rien qui puisse l’empêcher d’y arriver.

— Très bien, je voulais être sûr que ce qu’il s’est passé…

— Arrêtes de te croire au centre de mes motivations ! Je n’ai pas accepté pour te proposer de venir vivre avec moi. J’ai accepté car on m’a tendu la main pour m’aider et à présent, j’ai l’occasion d’en faire de même.

— Si tu t’en persuades, c’est bien… Prends soin d’elle et ne t’en sers pas pour m’atteindre. Je te demande juste ça.

Eric grimace de dégoût.

— Tu crois vraiment que je ferai ça ? Tout le monde n’est pas un monstre manipulateur comme toi, Karine. Je te confirme, je te souhaite un bon vol et je te dis Adieu.

— Et moi, je te réponds, A bientôt Eric.

Karine fait un dernier geste envers sa fille avant de disparaître derrière une porte menant à la zone d’embarquement. Le retour à l’appartement se fait dans un silence de plomb, aucun des deux ne souhaitent parler. D’un premier abord on pourrait penser qu’il s’agisse de raisons très différentes mais finalement Lucie et Eric se taisent par tristesse. D’une part, de ne plus avoir sa mère comme support et de l’autre de finir une telle relation comme cela. En effet, dans la tête d’Eric, il est grand temps de tourner la page et d’avancer. Comment a-t-il pu croire qu’elle puisse rester ?

Très belle suite de cette histoire
Elle peux collé tellement à la réalité de la vie parfois

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J’adore toujours ton style, vraiment !

Chapitre 8 :

Lucie est allongée dans son lit, enfouie sous sa couette et ses oreillers. Elle ne cesse de se tortiller pour trouver une bonne position pour s’endormir mais en vain. La sensation de fourmillement qu’elle ressent dans son esprit l’empêche de trouver le sommeil. Les rentrées scolaires au lycée ont toujours été une source de stress chez la jeune fille alors celle-ci, c’est d’un tout autre niveau. La barrière de la langue ne l’inquiète plus vraiment. Depuis son arrivée, Lucie a pu voir que son niveau d’anglais certes perfectible, est suffisant pour comprendre et se faire comprendre. Finalement, ce qui l’angoisse véritablement, c’est de réaliser enfin son rêve : étudier la photographie et d’en faire son métier. Est-ce vraiment fait pour elle ? A-t-elle assez de talent ? Est-ce que les cours vont lui plaire ? Va-t-elle se faire des amis ? Elle a passé l’après-midi à faire des essayages dans sa chambre, afin de trouver la tenue parfaite. Celle qui donnera une bonne image d’elle dès le premier jour de classe et cacher le fait qu’elle soit boursière.

Ces moments paraissent durer des heures alors que peu de temps ce sont écouler depuis qu’elle est allée se coucher. Un bruit dans le couloir la fait décrocher de ses pensées. Elle entend la porte de la chambre d’Éric s’ouvrir et les bruits de ces pas passant devant sa porte pour aller dans le salon. C’est la première fois qu’elle l’entend se lever en pleine nuit. Sans trop savoir pourquoi, la jeune femme se lève également, enfile son sweat large recouvrant son débardeur ainsi que son bassin, mais elle enfile également son petit short par-dessus son string.

Eric est debout dans la cuisine en train de se servir un verre de rhum ambré d’une bouteille dont la simple forme indique qu’elle doit coûter cher. Lucie approche silencieusement dans la pénombre du couloir. Maintenant qu’elle y pense, elle se retrouve seule avec ce quasi-inconnu, à vivre chez cet homme. Même si dans sa tête, elle n’a jamais nié le charisme d’Éric, elle n’a jamais vraiment eu l’occasion de le regarder non pas comme un ami de sa mère mais juste comme un homme. Malgré l’âge similaire de son père, ils n’ont rien à voir. Ce n’est pas juste le corps entretenu d’Eric, ou sa barbe de trois jours soignée, ou ses tenues vestimentaires ou encore sa richesse. C’est un tout, il semble accompli et sûr de lui. Mais alors que c’est la première fois qu’elle prend le temps d’observer cet homme, elle découvre un nouvel aspect. Son regard est plongé dans le rhum qu’il fait tourner dans son verre, perdu dans ses pensées, l’air triste.

— Toi non plus, tu n’arrives pas à trouver le sommeil ce soir ? La jeune femme s’avance et sort de la pénombre du couloir pour se rapprocher de l’ilot centrale de la cuisine duquel Eric se tient de l’autre côté.

— C’est le stress ou l’excitation de ta rentrée qui t’empêche de dormir ? Lui répond Eric après avoir à moitié sursauter en entendant la douce voix féminine.

— Difficile à dire, j’suis évidemment heureuse mais j’ai peur d’échouer

— On parle souvent de la peur de l’échec mais ce n’est pas de l’échec qu’on a peur, c’est sa conséquence. Souvent échec signifie abandon.

— Quand tu es venu vivre ici, tu avais peur aussi ? Eric boit une gorgée de rhum

— Au fait, vu qu’on s’engage dans une conversion philosophique à heure tardive, souhaites-tu goûter mon breuvage d’insomnie ? Lucie hésite quelques instants puis hoche positivement de la tête en se disant qu’Eric n’est définitivement pas comme son père. Ce dernier aurait dit à Lucie d’aller se coucher pour être en forme demain, il lui aurait limite demander si elle voulait qu’il lui raconte une histoire.

Eric sort un deuxième verre et verse un fond de rhum, et pose le verre juste devant Lucie. Cette dernière n’a pas l’habitude des alcools forts sans qu’ils soient mélangés dans un cocktail. Elle saisit le verre et tente d’imiter Eric en faisant tourner le liquide ambré, en le reniflant elle fait une grimace cherchant à parodier un expert.

— Tu devrais sentir des arômes de vanille et d’épices. Malgré cela, Lucie ne sent que la brulure de l’alcool, sans arriver à faire de distinctions avec les aromes. Elle boit une gorgée comme si elle buvait un jus d’orange. Immédiatement, elle ressent cette chaleur lui prendre la gorge et ne peux s’empêcher de tousser en grimaçant. Eric sourit affectueusement en la voyant ainsi. Cette chaleur envahit tout le corps de Lucie, sa gorge et son ventre semblent en feu.

— Un peu de respect, voyons, ce rhum est plus vieux que toi… Il a été mis en fut, il y a vingt-cinq ans.

— Il est bon mais je ne sens pas trop la vanille. La voix de la jeune femme est étouffée entre deux toux.

— Donc tu me demandais si j’avais eu peur en venant ici. Et bien, pas vraiment car je n’avais rien à perdre. Je suis parti de France pour justement abandonner une illusion et changer de vie. Si j’échouais ici, je serai allé ailleurs.

— Mais l’inconnu ne te faisait pas peur ?

—Si bien sûr, je n’avais aucune idée d’où j’allais mais je m’en fichais car mon but était d’avancer quoi qu’il arrive. La détermination permet d’éviter toutes les peurs qui peuvent te paralyser comme celle de l’inconnu ou de l’échec.

— Donc si je veux atteindre un objectif ou quelque chose, je dois être prête à tout. Eric tend son verre pour féliciter cette pensée.

— Exactement et quel est ton objectif, celui que tu veux atteindre en venir ici.

Lucie réfléchit quelques instants

— Je souhaite être épanouie en vivant de ma passion. Et toi, c’était quoi ton objectif en venant ici ? »

Eric a un léger rictus en se disant qu’il pourrait répondre : « Oublier ta mère » mais cela a été un échec total.

— Pas facile comme question avec presque vingt ans de recul… car la question que tu me poseras surement ensuite, c’est est-ce que je l’ai atteint…

Après les quelques gorgées de rhum, Lucie sent déjà l’effet enivrant de l’alcool.

— Je dirai que j’avais comme objectif de recommencer ma vie à zéro et d’être qui j’étais vraiment.

Lucie lance un regard circonspect à Eric l’invitant de lui-même à développer.

— Tu dois connaitre ca mais quand tu grandis dans une petite ville, et bien tu connais tout le monde et tout le monde te connait et du coup, quand tu grandis et bien tu as toujours une étiquette collée sur le front. Cette étiquette parfois t’enferme car ce sont les gens autour de toi et les relations que tu as créé avec eux qui te mettent cette étiquette. Par exemple, vu que je n’étais pas un bon élève à l’école, j’étais considéré comme un cancre, et cette étiquette m’a fait perdre toute confiance en moi. Je n’osais pas parlé car je pensais que tout ce que je disais était débile vu que c’était ce que me disaient mes professeurs. Vois-tu parfois j’aimerai retrouver mes professeurs du collègue et du lycée et leur montrer ce que le cancre est devenu… Car quand je suis venu ici, j’ai laissé cette étiquette en France et ici, j’ai pu devenir celui que je suis aujourd’hui… A présent, je me sens valorisé par mon travail et par le fait que les gens reconnaissent mes talents. Donc je dirai que j’ai atteint ce but.

— C’est… wow… c’est exactement ce que je ressens. J’ai la même sensation qu’ici, enfin, je peux me lâcher et être celle que j’ai toujours voulu être, et sans me soucier de ce que les gens vont penser de ma transformation. Et question moins drôle, quel fut le prix à payer pour avoir atteint ce rêve ?

— Quand je suis parti, mes parents l’ont très mal pris. Pour eux, un enfant ne doit jamais tourné le dos à ses parents et c’est comme ça qui l’ont pris. Du coup, ils ont totalement coupés les ponts. J’ai tenté de renouer contact pour leur montrer que j’avais réussi et qu’ils pouvaient être fier de moi en les invitant à mon mariage, ils n’ont jamais répondu. Ma sœur, puisque j’ai une petite sœur, n’est pas venue non plus pour ne pas froisser mes parents, et quand elle a compris que ma belle-famille était très riche, elle a commencé à me jalouser, à vouloir que je lui prête de l’argent qu’elle ne méritait pas. Elle m’en a voulu et à couper également les ponts. Et pour finir, si je suis arrivé là où je suis aujourd’hui, c’est parce que je me suis énormément investi, j’ai passé beaucoup de temps à travailler ce qui est l’une des raisons pour laquelle ma femme m’a quitté… Mais en me quittant, j’ai hérité de la fortune de son propre père… Donc je dirai que le prix que j’ai payé pour avoir ma situation actuelle a été la destruction de toute vie familiale.

Lucie a fini son verre en buvant tout le long de ce récit, elle a été totalement absorbé, oubliant ces tracas qui lui paraissent si futile.

— Et par rapport à ça, tu n’as aucun regret ? Enfin je veux dire, tu ne regrettes pas d’avoir perdu ta famille pour atteindre cet objectif ?

— Pas vraiment… bien évidemment j’aurais aimé que cela se passe autrement mais à partir du moment où je suis arrivé à New-York, je me suis dit qu’il fallait que j’agisse selon mon instinct et qu’ensuite j’assume mes actes, quel qu’en soit les conséquences.

— Même si c’est une mauvaise décision ?

— Au moment de prendre une décision, tu ne peux jamais savoir si cela sera une bonne ou une mauvaise décision. Seul l’avenir, le recul et ta propre vision de choses te dira si c’est une bonne ou une mauvaise décision. La seule question c’est savoir si tu as envie d’agir ou de passer à côté de l’occasion qui se présente à toi.

—Très inspirant…

— Je ne vais pas te mentir, c’est un thème que j’aborde lors de mes conférences.

— Donc si je comprends bien, pour demain, tu me conseilles de suivre mon instinct sans me soucier des conséquences car de toute manière, je ne peux les anticiper ?

— C’est un bon résumé.

— Merci Eric. Je vais aller me coucher sinon le maquillage ne suffira pas à combler mes cernes. Lucie fait un signe de la main avec un sourire timide pour souhaiter une bonne nuit à Eric en lui tournant le dos.

La jeune femme retrouve son lit et la chaleur de sa couette. Elle repense à l’échange qu’elle vient d’avoir et finit par doucement s’égarer dans le monde des rêves.

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Définitivement je suis fan!!!
Si tu publies, je t’achète à coup sûr !

Franchement, je sais pas dans quoi je me suis embarqué en réécrivant ce texte… Je crois à la fois beaucoup de plaisir à approfondir les personnages, à détailler bien plus pour les rendre crédibles. En revanche, j’ai peur que cela devienne plus très intéressant au niveau de la lecture… Surtout pour un roman qui se veut sexuelle… Mais pour celles et ceux qui suivent, promis dans le chapitre 10, y aura de quoi s’encanailler :wink: (oui, verbe de vieux cons mais les trente ans se rapprochent pour moi !)

Bonne lecture

Chapitre 9 :

Lundi 3 Septembre

Le grand jour est enfin arrivé : Le premier jour du reste de sa vie ! Lucie n’a pas réussi à trouver un sommeil réparateur mais peu importante, elle ressent une énergie indescriptible en elle, comme si rien ne pouvait l’affecter aujourd’hui. Elle attend les yeux ouverts, perdue dans ses pensées, que son réveil vienne lui indiquer qu’il est l’heure de se préparer. Elle est tellement excitée par l’idée de réaliser son rêve que rien ne peut détourner son attention, même pas Eric déjà habillé et prêt à partir qui la salue depuis l’entrée lorsqu’elle se rend dans la salle de bain. Elle a tout absolument tout prévu, le temps nécessaire pour se coiffer et se maquiller à la perfection. Ses longs et fins cheveux châtains dont les pointes lui arrivent en dessous de ses seins sont soigneusement coiffés en une queue de cheval haute. Elle enfile sa tenue, une robe noire cintrée mettant en valeur sa silhouette mais sans que cela soit trop prononcé, un petit blaser à motifs fleuris ainsi qu’une ceinture, des talons et là voici prête pour commencer sa nouvelle vie.

L’école se trouvant dans le célèbre quartier de Lower East Side au sud de Manhattan, tout près du Pont de Williamsburg, Lucie se retrouve à prendre pour la première fois le métro aux heures de pointe. Elle ne cesse de regarder autour d’elle comme une enfant découvrant un tout nouveau monde. Arrivant devant l’école, elle est rassurée sur son choix vestimentaire. Les autres élèves attendant l’ouverture des portes sont également sur leur trente-et-un, elle remerciera Eric pour son intuition vestimentaire. Lucie regarde et croise parfois le regard des autres personne, elle tente de cacher son appréhension mais elle doit admettre qu’elle fait surement partie des plus jeunes élèves. Elle est même surprise de voir que la majorité des gens paraissent avoir la trentaine voir plus. Après réflexion, elle en déduit que certains ont dû travailler de longues années avant de pouvoir se payer une telle école et que les autres jeunes sont donc tous issus de familles ayant les moyens.

La première journée passe à une vitesse incroyable, durant deux heures le directeur leur a tenu un discours bien rodé sur l’immense chance qu’ils aient d’être dans cette école d’excellence mais également sur l’excellence de l’école, qu’il n’y aura qu’une poignée d’élus qui finiront le cursus. Sur les deux cent élèves répartis en dix classes de vingt en première années, seulement dix obtiendront le diplôme… Un seul élève par classe décrochera le Graal… Pensa immédiatement Lucie. Cette annonce lance un froid total dans l’amphithéâtre dans lequel tout le monde est réuni. Chacun regarde ses voisins comme si ils pouvaient déjà savoir qui seraient les élus. Durant l’après-midi, le programme complet leur a été présenté par différents intervenants. Durant les six premiers mois, les élèves vont explorer chaque semaine l’un des dix grands thèmes de la photographie, le portrait, le paysage, l’abstrait, l’animalier, ect… Ainsi chaque classe travaillera sur un seul thème à la fois et permettra à chacun de s’illustrer dans son domaine de prédilection mais également de se perfectionner dans les autres. Toutes les trois semaines, une semaine d’examen plus poussé permettra d’évaluer les élèves et ainsi de déterminer lors de la dernière semaine de décembre qui seront les cent élèves acceptés pour le second semestre.

Durant tout le repas, Eric a pu admirer avec quel enthousiasme et quelle excitation, Lucie parle de sa journée. Il reste face à elle, à l’écouter et surtout à l’observer, la façon dont elle a de s’exprimer aussi bien en verbale qu’en non-verbale. Tous ces gestes et toutes ses expressions faciales sont tellement expressifs qu’Eric à l’impression de pouvoir lire en elle comme dans un livre ouvert. Lorsqu’elle parle des locaux, de la prestance du lieu, elle est totalement ouverte, ses yeux pétillent et elle ne cesse de toucher ses longs cheveux. A l’inverse, lorsqu’elle évoque le programme et le rythme des quatre prochain mois… Chaque semaine un nouveau thème à étudier et toutes les trois semaines, cinq jours d’examens… Elle s’affaisse sur sa chaise, ses épaules se baissent et se resserrent comme pour venir protéger son cœur, ses bras se croisent au niveau de son ventre… Surtout il n’ose pas admettre que Lucie ressemble beaucoup à sa mère, notamment aux niveaux de ces expressions corporelles qu’il connait par cœur.

— Tu n’as pas à t’en faire déjà à propos de ça. Tu verras bien comment ça se passe avec la première semaine.
— Super, la première thématique c’est le sport… Je n’ai jamais fait de photo sportive, tout le monde dans mon groupe va se rendre compte que je suis nulle.
— Tu dis ça pour que je te remonte le moral tout en sachant pertinemment que tu n’es pas nulle ou tu penses vraiment ce que tu dis ?

Lucie ne peut s’empêcher de sourire et d’apprécier cette répartie.

— Ce que je veux dire, c’est que j’ai peur d’être bonne uniquement pour les photos de paysages, les autres thèmes ne m’ont jamais inspiré. A vrai dire, je me suis même jamais posé la question, j’ai toujours pris les photos en fonction de mon feeling.
— Faut sortir de ta zone de confort ou plutôt l’adapter.

Lucie continue de regarder Eric avec un petit sourire en coin, faisant ressortir sa fossette sur sa joue droite.

Allez-y, monsieur le professeur. Dites-moi ce que cela signifie même si je pourrais trouver la réponse dans l’un de vos livres.

— De ce que j’ai compris, tu as l’habitude de prendre en photo ce qui t’intéresse et ce que tu trouves jolie afin de transmettre une émotion et pour l’instant tu trouves les paysages correspondent à cela car finalement tu n’as jamais essayé autre chose… Non, pardon ! Tu as évidemment essayé mais le résultat ne t’a pas plu. Eric peut corriger son discours en lisant les expressions faciales de Lucie au quart de seconde. Les paysages sont pour toi quelque chose de facile pour une raison que tu ne sais peut-être pas expliquer toi-même. Là, on va te donner les clés pour chaque thématique, chaque semaine, on va vous expliquer ce qu’est chaque type de photo, je présume, quels en sont les codes. Et on va te donner des clés que tu n’avais peut-être pas quand tu as essayé seule d’aborder ces thèmes-là.

Lucie ne sait pas quoi répondre à ça, Eric arrive à la rassurer et à lui remonter le moral sans la prendre pour une enfant. Si elle s’était confiée à son père, il lui aurait répondu que sa petite fille chérie d’amour fera de son mieux et que quoi qu’elle fasse, il sera fière d’elle car c’est la meilleure de toutes, sauf que Lucie n’a plus dix ans.

— Tu sais, il y a deux options pour les classes… Il y a dix thèmes et vous êtes répartis en dix groupes. Quand vous vous êtes inscrits, ils vous ont très certainement catalogués comme ayant une affinité avec l’une de ces catégories. Quand on voit tes photos dans ton book ou sur instagram, même moi, je devine cette affinité. Soit dans ta classe, vous êtes tous passionnés par la même thématique et ainsi vous allez être mis en compétition directement afin de vous évaluer dans les autres thématiques, soit vous êtes mélangés afin que chaque semaine, les rôles changent entre ceux qui seront à l’aise et ceux qui ne le sont pas dans la thématique du moment.
— Ça serait trop bizarre qu’on soit tous pareil dans la même classe.
— Je penche en effet sur le fait qu’ils vous aient mélangés afin de voir celui qui arrive à se démarquer quel que soit le sujet et les affinités des autres. Ça va vous permettre d’échanger vos différences de points de vue et stimuler votre créativité.
— C’est ce que je pense aussi. J’image que l’idéal serait de me rapprocher de personnes qui n’ont pas la même manière ou la même affinité pour que j’en profite.

Eric lève son verre de vin pour saluer la bonne idée de la jeune femme.

Les jours suivant furent justement l’occasion pour Lucie d’en apprendre plus le déroulement des cycles et sur son groupe. L’un des intervenants leur explique donc que chaque semaine, ils vont apprendre les techniques et les caractéristiques du thème et lors de la semaine d’examen, ils devront présenter une dizaine de photos à un jury pour illustrer les thèmes. Lucie regarde attentivement son programme et clairement il va falloir qu’elle anticipe chaque thème car celui précédant la semaine d’examen va devoir être réalisé dans l’urgence. Son premier cycle contient les thèmes : Sport, Macro et Urbain. Aucun des thèmes ne semble retenir l’affection de la jeune fille, dès le début, elle va devoir travailler sa créativité. Une fois toutes les modalités et questions posées sur le déroulement des modules et des examens, chaque étudiant dispose de trente minutes pour se présenter, parlé de son parcours, de son lien à la photographie. Dès les premières présentations, Lucie est rassurée sur le fait que le groupe n’est pas uniquement dédié aux personnes aimant les photos de paysages. Sur les vingt personnes constituant le groupe, une douzaine a environ la trentaine, trois ont plus de quarante ans et seulement cinq ont entre dix-huit et vingt ans. Certains ont donc une très bonne expérience et semble avoir une plus grande assurance pour se présenter et semble être bien plus légitime et talentueux que Lucie. Aussitôt que ces pensées lui arrivent en tête, elle tente de les chasser en se rappelant les précieux conseils d’Eric.

Soudainement toute l’attention de Lucie est détournée par celui qui vient de se lever pour se présenter. Dès les premiers instants où ils ont été répartis en groupe, elle a repéré ce garçon plutôt beau gosse qui dénote pas mal car il n’a pas vraiment le profil « artiste ». Il correspondrait plus au stéréotype du héros d’un film pour teenager, ses cheveux coupés très court sur les côtés et assez long sur le dessus pour les coiffer avec de la cire, ses vêtements ont dû être choisi avec soin car ils mettent en valeur sa silhouette musclée, son sourire au coin des lèvres et son regard déterminé finissent par attiser la curiosité de Lucie. Andrew a dix-neuf ans, il vient de sortir de son lycée à Boston où il a découvert la photographie en travaillant pour le journal de son établissement scolaire. Il était le photographe des évènements sportifs, il partage plusieurs de ses photos et elles sont évidemment toutes en lien avec le thème sportif. Immédiatement dans l’esprit de Lucie, elle ne peut s’empêcher de penser qu’elle a une excuse toute trouvée pour aborder ce garçon fort intéressant.

Les présentations s’enchainent et s’étalent sur deux journées complètes. A son tour, Lucie dût également se présenter à ses camarades, elle voulut dire qu’elle venait d’un petit village mais stoppa net en repensant au fait qu’elle devait cacher son statut de boursière. Elle menti en disant que sa famille vivait à Paris et qu’elle voyageait souvent les week-ends ce qui explique pourquoi elle aime tant prendre en photo les paysages et pas la ville qui lui rappelle trop son quotidien parisien.

La jeune femme est rassurée sur son groupe, dans l’ensemble tout le monde semble bienveillant même si elle se méfie. Il est clair que certains ne sont pas là pour se faire des amis mais pour réussir. Rien qu’à leur façon de se présenter, ils veulent réussir et faire partie des élus qui seront choisis pour rester.

Celle qui lui fit la meilleure impression est une fille de son âge du nom de Zoé. Une jeune britannique d’origine indienne de dix-huit, sa peau couleur chocolat au lait ainsi que ses cheveux noirs font ressortir le blanc de ses grands yeux lui donnant ainsi un regard captivant. La simplicité qu’elle dégage en s’exprimant de sa passion pour les portraits attire également la curiosité de Lucie, qui se dit également qu’elles pourraient être facilement amies.

Au fil des pauses et des déjeuners, les relations commencent à se tisser et naturellement les groupes se font plus par tranche d’âge, ainsi Lucie commencent à faire connaissance avec ceux de son âge. Comme elle l’avait pressenti, le feeling fut immédiat avec Zoé et les deux jeunes femmes prirent l’habitude de s’assoir l’une à côté de l’autre en cours et à discuter naturellement entre elles lors des pauses.

Jeudi 6 Septembre.

Georges et Eric sont assis dans les fauteuils face à face dans leur bar haut de gamme habituel. Georges est assis sur le bord de son fauteuil, la tête penchée en avant, la main crispée sur le bas de son visage. Eric vient de lui raconter tout ce qu’il vient de se passer la semaine dernière.

— Puis-je résumer pour voir si j’ai bien compris tout le déroulé ? Demande-t-il à Eric sur un air très moqueur.
— Il n’y a rien de compliquer mais si tu en ressens la nécessité. Lui répond son ami.
— Oh oui, je crois que c’est nécessaire. Conclut-il avant de boire une gorgée de whisky. Donc… Dès que tu l’as revu et rapidement, tu as ressenti à nouveau une attirance pour Karine… Cette femme à laquelle tu n’as jamais cessé de penser, même une fois mariée.
— Dans le fond, je pense que…
— Tu devrais te taire…
— Tu as raison. Faisons comme ça.
— Et donc dès que tu as revu cette femme, tu n’as pas pu t’empêchera d’imaginer tout un tas de possibilités. Et quand elle a, elle-même évoqué, le fait qu’elle aussi pensait à toi et se posait plein de questions à ton sujet, notamment celle de ce qu’il se passerait si elle restait, tu as commencé à te dire : « et pourquoi pas ? ». Eric pose son verre refroidi par les glaçons sur sa tempe en écoutant la tirade de son ami. C’est à ce moment que tu lui as dit, et elle partageait cet avis que vous ne pouviez faire ça notamment par rapport à la jeune fille que tu vas héberger pour ses études. Cependant, c’était trop tard… le désir et l’interdit étaient déjà trop présent et tu avais donc deux choix… Soit resté ferme et lui montrer qu’à présent, tu ne craques face à elle et tu fais ce qui doit être fait… Soit la défoncer une dernière fois et attendre qu’elle te demande de rester pour que tu puisses lui dire d’aller se faire foutre et qu’elle peut retourner auprès de son mari dans sa vie de merde ou ne rien dire pour qu’elle y rentre toute seule… C’est bien ça qu’on avait dit, non ?
— C’est ce qu’on avait dit oui.
— Et du coup parmi ces deux options, tu as choisi… De la baiser puis de lui demander de rester en lui avouant que tu étais toujours amoureux d’elle.
— Je venais de jouir, je n’avais plus toute ma tête.
— Justement, monsieur Je-garde-le-contrôle-en-toutes-circonstance. Là tu as baissé ta garde car tu es trop sentimentale. Baiser ne veut pas dire aimer !
— Je n’arrive pas à croire que tu me donnes des conseils sur les sentiments.
— Mais si justement ! Moi j’aime plus ou moins ma femme et ça ne m’empêche pas d’avoir beaucoup de plaisir avec d’autres femmes.
— Que tu payes…
— C’est qu’un petit détail ça, ne détournes pas le sujet. On parle de toi, là ! Et va falloir que tu résolves ton problème.
— Je n’ai pas de problèmes…
— Mais même toi, en disant cette phrase, tu sais que tu n’es pas crédible.
— Et du coup, c’est quoi la solution ? Me payer des putes pour ne plus penser à elle ?
— Monsieur a des principes donc malheureusement va falloir trouver autre chose. C’est quand même toi, l’expert en développement personnelle, c’est quoi tes conseils à la con pour surmonter un échec dans lequel tu t’es humilié.

Eric se frotte le sourcil quelques instants, il tente de prendre du recul sur la situation et de se détacher de ses sentiments.

— Je dirais qu’il faut tenter autre chose, quelque chose de différent afin de ne pas s’enfermer dans un cycle d’échec perpétuel, qu’il ne faut surtout pas essayer de recommencer ce qui a conduit à l’échec de la même manière car le résultat sera dans ce cas évidemment toujours le même.
— Depuis ton divorce, tu as fait quoi ?
— Rien…
— Je dirais même que tu as refusé de m’écouter… Moi ! Ton meilleur ami ! Et ça t’a conduit où ?
— A un échec
— Et donc ?
— Donc pour éviter un échec, je devrais t’écouter ?
— Tu vas m’appeler miss gros lolos en robe rose.
— Mais comment ça se fait que ça remonte au mois de juillet et tu ne l’as pas oublié ?
— Excuse-moi mais une telle poitrine, ça ne s’oublie pas ! J’ai complétement oublié sa tête en revanche sa poitrine, il va me falloir Alzheimer pour l’oublier !
— Ok… je vais l’appeler et suivre tes conseils stupides.
— Ca sera toujours moins stupide que ce que tu as fait avec Karine.

Eric et Georges finissent leurs verres en trinquant amicalement.

Vivement la suite !!!

Par exemple, j’ai pris la décision d’étoffer un peu le personnage d’Amber, pour celles et ceux qui se souviennent du récit originel, ce chapitre est tout nouveau et va beaucoup changer la suite du récit. Je me suis vraiment détacher de la première version.

Chapitre 10 - Partie 1

Samedi 8 Septembre

Eric est parti en fin de matinée dans le club-house qu’il fréquente afin d’y retrouver des amis et de se détendre lors de plusieurs partie de tennis, laissant ainsi Lucie toute seule dans l’appartement. Elle n’a donc pas pris la peine de fermer la porte de la salle de bain derrière elle, se retrouvant simplement nue après avoir ôter son pyjama. Doucement, elle se positionne sous les jets d’eau tombant du pommeau zénithal. La jeune femme bascule sa tête en arrière et se cambre exagérément afin de décoller ses cheveux de son dos et former une natte avec, pour venir ensuite les plaquer par devant, épousant la forme de son sein gauche. Après une première semaine intense, elle n’a pas pris un seul instant pour penser à autre chose que ses cours. Les gouttes d’eau ruissellent sur son corps, ses mains viennent se poser sur ses épaules puis descendent sur sa poitrine qu’elle empoigne tendrement. Elle n’a jamais été véritablement complexée par sa poitrine malgré le fait qu’ils ne soient pas gros fermes. Ses tétons rosés pointent à l’horizontale preuve qu’ils sont bien fermes et assez rond pour être pris dans le creux de ses petites mains. Peut-être paresseront-ils petits dans les mains d’Andrew ? A la simple évocation de cette idée, la jeune fille ressent cette douce chaleur en elle, ce garçon lui plait, cela ne fait aucun doute. L’une de ses mains agrippe plus fermement sa poitrine tandis que l’autre descend se glisser entre ses cuisses. Aucun doute, Andrew l’excite… Il imagine que ses doigts sont les siens, caressant ses lèvres avant de les ouvrir pour venir caresser son petit bouton, délicatement pour commencer puis de plus en plus vite. La jeune femme se met dans un coin, dos contre le marbre de la douche, orientant le jet sur son corps, soulevant sa jambe pour poser son pied contre la vitre. Ainsi en équilibre, son intimité est plus accessible comme si un homme se trouvait entre ses cuisses, elle ferme les yeux pour se concentrer sur son imagination… Ses doigts entrent en sortent comme si le sexe d’un homme la prenait dans cette position, sous cette douche brûlante. Elle ne compte plus le nombre de mois la séparant de son dernier rapport mais cela fait bien trop longtemps !

Au bout d’un moment, la jeune femme ralentit ses caresses, ses jambes commencent à souffrir de cette position quelque peu inhabituelle, elle retire sa main de son sexe tout en reposant sa jambe. Juste un instant avant d’ouvrir les yeux, l’esprit de Lucie, égaré par ce doux moment de plaisir, se laisse à imaginer qu’Eric est rentré plus tôt que prévu et qu’il se tienne devant la vitre de la douche. Lucie ouvre les yeux brutalement comme terrifié par cette simple pensée. Heureusement, elle est toujours seule. Que penserait-il s’il la voyait ainsi ? Mais non, cela ne sert à rien d’y penser tout simplement.

La nuit est déjà tombée depuis plusieurs heures sur les rues branchées du quartier Tribeca au sud-ouest de Manhattan. Eric a toujours apprécié l’ambiance que dégagent les vieux bâtiments industriels caractérisant ce quartier, dont beaucoup ont été transformés maintenant en lofts résidentiels. Les rues pavées sont bordées de restaurants tendance très agréable pour des repas professionnels. Ce soir en revanche, c’est pour une toute autre occasion qu’il s’y est rendu. Depuis son divorce, il y a trois ans, c’est véritablement la première fois qu’il invite une femme à déjeuner. Il a eu deux relations bien distinctes avec des amies de longues dates, d’ailleurs en y repensant avec du recul, ces relations lui ont apporté plus d’emmerdement que de plaisir. Il n’a donc jamais eu à refaire toute l’expérience de la séduction auprès d’une inconnue. Cette jeune femme rencontré lors d’un gala d’un magazine féminin pour lequel Eric avait répondu à une interview pour la sortie de son dernier livre de développement personnel. Eric fut surpris qu’elle ait répondu aussi vite à son message et que ce soit elle qui proposa d’aller boire un verre le soir-même. Du coup, il attend devant le restaurant, la petite boule de l’attente du rencard dans le ventre. Lorsque le taxi s’arrêta à son hauteur, Eric dut se ressaisir pour ordonner à sa mâchoire de rester fermer et de ne pas être bouche bée… Il a beau essayer de se dire qu’il n’accorde que peu d’importance au physique, cette femme sait comment attirer et retenir l’attention.

Amber réunit tellement de clichés qu’il est très difficile de la décrire tout en restant crédible. Perchée sur des talons rouges de 12 cm, il dépasse le mètre quatre-vingt. Ses pointes de ses longs cheveux blonds platines lui arrivent presque au niveau des hanches en ondulant très légèrement. Son nez est assez fin, surement refais tellement la symétrie est parfaite. Son maquille est conséquent car il n’y a aucune imperfection, un teint uniforme et bronzé. Ses yeux mis en valeur par un fard à paupière assez prononcé, de longs faux cils fait d’autant plus ressortir ce regard de braise qui fait esquisser un sourire à l’homme qui l’attend. Une fois totalement sortie du taxi, cette dernière s’avance tel un mannequin sur un podium, maîtrisant une démarche et un regard très séducteur. Eric ne peut s’empêcher de remarquer la robe, comment en faire autrement ? Une robe dont le décolleté n’est pas particulièrement prononcée mais le tissu est assez moulant pour apprécier la généreuse poitrine qui se cache dessous. La robe continue de mettre en lumière la fine silhouette malgré ses hanches marquées, la robe devient moins moulante au niveau du bassin et devient plus légère pour se terminer juste au-dessus des genoux. Cependant, elle donne l’illusion de pouvoir se soulever au moindre coup de vent se faufilant entre ces longues jambes.

Juste avant d’entamer la conversation, Eric remarque ce petit teint rosé plus prononcé au niveau des joues, des battements de cils rapides comme si il lui était difficile de soutenir le regard d’Eric. Pourtant la jeune femme doit avoir l’habitude des jeux de séduction, à moins que tout ceci ne cache quelque chose.

— Bonsoir, dit Eric d’une voix posé accompagné d’un large sourie.

— Bonsoir. La voix d’Amber est également posée et dégage une assurance.

Eric d’un signe de la main en ouvrant la porte invite Amber à entrer dans le bar à l’ambiance tamisée et raffinée. Une fois derrière elle, Eric peut constater que cette robe ne cherche pas à mettre uniquement en valeur la poitrine mais également le dos… Dénuée de tout tissu, tel un félin, les muscles du dos se dessinent à chaque pas. Il indique également que si cette poitrine défie la gravité sans soutien-gorge, c’est bel et bien par une intervention et non divine. Positionné ainsi, Eric a tout le loisir de constater tous les regards se dirigeant vers sa partenaire et il n’a pas vraiment envie d’entendre ce qu’ils se disent tous : « On le sait que c’est une pute, connard ! »… Et merde, ils pensent tellement fort qu’il entend tout.

Après avoir traversé tout le restaurant pour s’asseoir à une table dans l’une des alcôves du fond, Amber entame la conversation.

— Je ne m’attendais plus à un message de votre part, je pensais même que vous aviez perdu mes coordonnées. Dit-elle en posant son coude sensuellement sur la table pour venir saisir son menton comme un inspecteur dans un vieux film policier. Elle maîtrise le moindre mouvement de son visage, ne laissant rien paraître involontairement. Ce qui est sûr, c’est qu’elle a envie de jouer.

— Ces deux derniers mois ont été très chargés, j’ai eu pas mal de priorités à gérer. Une fausse expression de surprise se dessine exagérément sur le visage d’Amber.

— Oh… Vraiment ? D’habitude quand je montre un certain intérêt pour un homme, il en oublie leurs priorités.

— Et je ne doute pas un instant que certains le font également sans que vous leur signaler votre intérêt pour eux.

— C’est pour cela que, pour être honnête, j’ai été très surprise.

— Agréablement, j’espère…

Là ! Le sourire qui s’étire légèrement plus, les yeux qui se ferment plus longtemps qu’un battement de cil. Elle vient d’acquiescer sans le dire verbalement. Eric ne laisse pas le temps à Amber de répondre autrement.

— Vu que vous êtes honnête, je me dois de l’être. Je vous ai contacté suite à l’insistance d’un très bon ami, qui m’a convaincu de ne pas toujours me méfier.

Elle commence à perdre le contrôle et à laisser échapper des messages non verbaux. Amber est vraisemblablement surprise qu’Eric puisse se méfier d’elle, comme si cela la déstabiliser. Mais il y a autre chose et cela échappe encore à Eric. Comment une femme aussi belle pourrait-elle défaillir devant lui. Clairement ou plutôt physiquement, le fait qu’Eric se méfie d’elle ne lui plait pas.

— Vous méfiez de moi ?

— Exactement, quand on atteint un certain niveau de richesse et de renommé, on se doit d’être méfiant car on ne connait vraiment jamais les vrais intentions de ceux et celles qui nous abordent. Et il n’est pas dans mes habitudes d’être abordé par une jeune femme telle que vous.

Amber baisse les yeux, se pinçant les lèvres et oscillant légèrement la tête de bas en haut puis commence sa phrase en se penchant légèrement en avant, tout en resserrant discrètement sa poitrine à l’aide de ses bras…

— Je comprends mieux… Vous savez, quand une femme atteint un certain niveau de beauté, on se doit d’être très méfiante car on ne connait que trop bien les véritables intentions de ceux qui nous abordent. Et il n’est pas dans mes habitudes que ça soit moi qui aborde quelqu’un en premier.

Eric a son tour laisse échapper une expression de surprise, une telle répartie est signe d’intelligence. Amber serait-elle plus qu’une simple bimbo écervelé ?

— Autant le niveau de richesse et de renommé sont faciles à évaluer, autant j’ai du mal à savoir comment vous pouvez évaluer un niveau de beauté.

— Il peut se mesurer facilement aux nombres de regards qui se tournent vers vous lorsque vous entrez dans une pièce remplie d’inconnus.

— Hmmm… Eric réfléchit quelques instants. Il est vrai que vous avez attirez pas mal de regards en entrant ici. Amber sourit par ce compliment détourné. Cependant je suis persuadé que si une femme, que vous qualifieriez de banal, entrait dans ce restaurant avec un chapeau de clown à grelot, je pense que plus de regards se tourneraient vers elle… Cela voudrait-il dire qu’elle a atteint un niveau de beauté supérieur au vôtre ?

Le regard figé sur celui d’Eric, le visage d’Amber s’oriente vers le bas, sa bouche s’ouvrant pour laisser échapper un petit souffle mélangeant vexation et excitation. Elle a parfaitement compris qu’avec cette provocation, Eric cherche à la titiller intellectuellement, et cela l’excite au plus haut point. Pour la première fois, un homme lui résiste.

— C’est exactement pour cela que je voulais absolument vous rencontrer.

— Éclairez-moi car c’est toujours un mystère pour moi.

— C’est assez ridicule à vrai dire…

La carapace se fendille un peu plus et en un fragment de seconde, Eric commence à envisager toutes les possibilités.

— Je ne vais pas mentir, j’ai fait quelques recherches pour répondre à trois questions avant notre rendez-vous. La première a été de comprendre pourquoi vous étiez à ce gala, puis pourquoi vous êtes venus écouter une discussion que j’avais avec plusieurs personnes du magazine et pour finir pourquoi vous m’avez donné votre carte à la fin en me disant que vous désiriez me rencontrer pour approfondir cette conversation que j’ai oublié depuis.

Un coude toujours posé sur la table, jouant avec l’une de ses mèches de cheveux et fixant Eric avec un regard provocateur, Amber écoute attentivement Eric.

— J’ai ainsi découvert que vous étiez invité car vous posez régulièrement pour ce magasine en tant que mannequin principalement pour la partie lingerie.

— J’espère que vous avez apprécié cette découverte.

— Apprécié quoi ? Avoir trouvé la réponse à ma question ou le fait de vous découvrir en lingerie ?

Encore une fois, le corps d’Amber trahit ses émotions. Sa longue inspiration nasale en fermant les yeux et en se mordant la lèvre inférieure confirme l’impression d’Eric. Il plait à cette sublime femme, mais comment c’est possible ?

— Ce soir-là, au moment où vous vous êtes venus vous planter juste devant moi alors que j’étais en pleine conversation avec plusieurs personnes du magazine et personne ne vous a salué donc vous ne connaissiez personne… Vous veniez pour moi. J’en conclue que d’une manière ou d’une autre, vous me connaissiez et que vous étiez ravis de me rencontrer… Mais quelque chose ne s’est pas passé comme prévu, j’ai bien remarqué que vous tentiez d’attirer mon attention, et moins j’y répondais et plus cela vous énerviez. Eric fixe avec attention les moindres petites contractions faciales indiquant qu’il puisse se tromper mais pour l’instant, tout semble correct. Pour une raison qui m’échappe, vous aviez vraiment envie que je vous manifeste mon intérêt ou au mieux ma curiosité. C’était trop évident que vous souhaitiez obtenir quelque chose de moi alors quand vous êtes venus me donner votre carte pour continuer la conversation sans intérêt que j’avais, je me suis méfié de vous.

— Je vous propose que ça soit moi qui vous invite ce soir afin de vous prouver que vous n’avez pas de raison de vous méfier à ce point de moi. Répond Amber en levant le bras vers un serveur qui se précipite d’accourir avec un grand sourire vers elle.

Pour illustration, voici mon inspiration pour le personnage d’Amber

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